Le retour au Parc des Princes risque de rappeler de mauvais souvenirs à Carlo Ancelotti. L’entraîneur italien, parti du PSG en 2013 après avoir perdu la confiance des dirigeants, se retrouve aujourd’hui au Bayern dans une situation également délicate, critiqué et plombé par des résultats insuffisants.
Certes le duo Karl-Heinz Rummenigge/Uli Hoeness, qui préside aux destinées du champion d’Allemagne, ne l’a pas encore lâché publiquement. Mais la question le plus souvent posée par la presse allemande est désormais: « Combien de temps Ancelotti va-t-il encore tenir? »
« J’ai un contrat jusqu’en 2019 », s’est-il énervé récemment en conférence de presse, alors qu’on lui prête des projets de partir entraîner en Chine à la fin de la saison.
Le « Mister » d’ordinaire si mesuré aurait-il les nerfs à vif? Arrivé en Allemagne à l’été 2016, il paye en tous cas une première saison où il n’a pas répondu aux attentes.
Pour les dirigeants, le recrutement d’un entraîneur vainqueur de trois Ligues des champions devait évidemment permettre au club de franchir une marche en Europe, après trois demi-finales perdues consécutivement sous Pep Guardiola.
Le Bayern a bien franchi une marche… mais vers le bas! Eliminé en quarts de finale de C1 par le Real Madrid, il n’a pas non plus été capable de réaliser le doublé coupe-championnat, réussi en 2016.
– ‘La critique dépasse les bornes’ –
Et son titre de champion, le cinquième consécutif, n’a finalement convaincu personne, tant il est évident pour les patrons du club que gagner la Bundesliga est le minimum qu’ils attendent d’un entraîneur.
Cette saison a également mal commencé. Après une série de lourdes défaites en phase de préparation, le « Rekordmeister » alterne les bons matches et les sorties ratées, et pointe actuellement à la 3e place du championnat, à trois points du grand rival Dortmund.
Les stars du club n’hésitent plus à envoyer des piques à leur entraîneur. Arjen Robben, selon la presse, s’est plaint d’entraînements pas assez intensifs, et a surtout ouvertement défendu Thomas Müller, frustré d’être souvent relégué sur le banc. Müller lui-même, idole nationale en Allemagne, a reproché à son coach de ne pas voir ses qualités.
Le match nul vendredi soir à domicile contre le modeste Wolfsburg (2-2 après avoir mené 2-0), a rajouté à l’atmosphère de crise latente.
Du coup, Ancelotti voit ses qualités soudainement transformées en défauts par ses détracteurs. Sa proximité avec les joueurs devient du laxisme et un manque d’autorité. Son flegme est interprété comme un manque de passion et explique son incapacité à motiver ses joueurs.
« La critique dépasse les bornes », s’est-il plaint dans une interview à Sky avant le match de Paris: « Je suis habitué à être critiqué, mais pour être franc, là c’est trop! »
– ‘Tourner la page’ –
Une interview de son compatriote et mentor Arrigo Sacchi, entraîneur culte en Italie, a fait beaucoup de bruit la semaine dernière: « Des changements feraient du bien au Bayern (…) J’ai l’impression que l’équipe a perdu son enthousiasme. On vieillit, on perd la passion et la volonté absolue, c’est la vie », a-t-il lâché à propos d’Ancelotti.
Quoi qu’il lui arrive, « Carlo » ne sera probablement pas surpris. Il connaît les moeurs sans pitié du football, pour avoir été évincé sans ménagement de la Juventus, de Chelsea et du Real Madrid.
Dans son livre « Le Leader tranquille », il décrit ce qu’il appelle « le cycle de l’entraîneur », et note qu’une fois la relation détériorée avec les dirigeants, il est impossible de revenir en arrière: « Parfois, écrit-il, une relation s’essouffle et il n’y a pas d’autre moyen que de tourner la page ».
Un bon résultat à Paris donnerait un peu d’air au coach de 58 ans. A l’inverse, une mauvaise prestation pourrait inciter ses dirigeants à « tourner la page » un peu plus tôt que prévu.