Joueurs et dirigeants en colère, entraîneur contesté et début de saison poussif : un parfum de crise flotte déjà autour du Bayern Munich à la veille de son entrée en Ligue des Champions.
Lundi, le patron du club le plus titré d’Allemagne, Karl-Heinz Rummenigge, a recadré deux de ses stars, l’avant-centre polonais Robert Lewandowski et l’international allemand Thomas Müller pour avoir critiqué, dans le premier cas, la direction du Bayern et, dans le deuxième, l’entraîneur Carlo Ancelotti.
La saison vient à peine de débuter et déjà le club paraît renouer avec ses vieilles habitudes qui lui ont valu le surnom de « FC Hollywood » pour ses batailles d’egos récurrentes en interne depuis les années 90.
« Dorénavant, ceux qui critiquent publiquement l’entraîneur, le club ou les autres joueurs vont avoir affaire à moi personnellement », a tonné Rummenigge dans le quotidien Bild.
« Pas faire les malins »
« Je suis un partisan de la démocratie et de la liberté d’expression, mais les gens cherchent en ce moment à trop faire les malins au lieu de se concentrer sur le football », a-t-il ajouté.
La raison de son courroux? En premier lieu une sortie très inhabituelle de l’attaquant polonais dans l’hebdomadaire Der Spiegel publié ce week-end.
Robert Lewandowski a ouvertement critiqué le recrutement selon lui trop économe du Bayern cet été en comparaison des sommes astronomiques dépensées notamment par le PSG en France (Neymar pour 222 M EUR, Mbappé pour un montage à 180 M EUR) ou Barcelone (Dembélé pour jusqu’à près de 150 M EUR au total).
« Le Bayern n’a jamais payé plus de 40 millions pour un joueur. Dans le football international, c’est depuis longtemps une somme moyenne, et non plus une grosse somme », a déploré l’attaquant polonais.
Le Bayern dénonce, lui, l’inflation des transferts et a réalisé sa plus grosse opération de l’été avec « seulement » 41,5 M EUR pour le Français Corentin Tolisso.
Outre Rummenigge, le président du conseil de surveillance du Bayern Uli Hoeness est sorti de ses gonds, estimant que Lewandowski ferait mieux de s’occuper « de sa performance ». « Si elle s’améliore on atteindra nos objectifs », a-t-il taclé lundi.
Fin août, Thomas Müller, mécontent d’être trop laissé sur le banc des remplaçants, avait déjà créé des remous en regrettant que ses qualités ne soient « manifestement pas appréciées à 100% » par l’entraîneur.
Réponse de Rummenigge lundi: « Même les joueurs emblématiques n’ont pas de garantie de jouer ».
Les règlements de comptes sur la place publique sont l’illustration d’un malaise croissant au Bayern, qui fait mardi son entrée en Ligue des Champions à domicile contre Anderlecht.
« Grain de folie »
Après avoir été épargné durant sa première saison 2016/17, malgré une élimination sèche par le Real Madrid en quart de finale de la Ligue des Champions, Carlo Ancelotti, au style contesté, fait désormais l’objet de critiques publiques.
Sous la houlette de l’Italien, « le club a fait au moins un pas en arrière », a asséné ce week-end Paul Breitner, légende du football allemand et qui fut il y a encore peu représentant à l’international du Bayern.
« Le club est à nouveau trop statique. Le grain de folie que le club avait sous Pep Guardiola me manque », a lancé le vainqueur de la Coupe du Monde 1974.
Une autre légende du club munichois, Lothar Matthäus, s’en est aussi pris aux choix d’Ancelotti après la défaite à Hoffenheim et le plus mauvais début de saison du Bayern depuis 2010-11.
L’entraîneur « n’a pas été bien inspiré dans sa composition d’équipe », a déploré l’ancien milieu de terrain, en s’étonnant que les deux ailiers vedettes du club, Franck Ribéry et Arjen Robben, aient été laissés sur le banc au départ. Ce sont des « joueurs clés du Bayern », a-t-il déploré.