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Bedoui reprend les ministres d’Ouyahia : le plan de transition de Bouteflika a du plomb dans l’aile

Bedoui reprend les ministres d’Ouyahia : le plan de transition de Bouteflika a du plomb dans l’aile

Noureddine Bedoui, contraint de rappeler les ministres d’Ahmed Ouyahia démissionnaire, c’est un signe supplémentaire que le plan de transition présenté par le président Bouteflika a du plomb dans l’aile.

Après dix jours d’attente et de consultations, le nouveau Premier ministre a dû se rendre à l’évidence : il ne pourra pas constituer ce gouvernement de « technocrates compétents » appelé de ses vœux par le chef de l’Etat.

Ce gouvernement est censé être le premier jalon de son programme avant la conférence nationale inclusive qui sera couronnée par une nouvelle constitution et une élection présidentielle à laquelle Bouteflika s’est engagé à ne pas être candidat. Mais la rue persiste à lui dire que ce « saut qualificatif » vers la deuxième République ne se fera pas avec lui. Il est invité à « dégager », à « s’arracher » comme d’ailleurs l’ensemble du système dont il est une vitrine couverte par la poussière de l’âge et brisée par les effets de la maladie. Une vitrine qui n’a plus rien à présenter. Qui ne peut plus captiver les yeux des millions d’Algériens de tout âge qui descendent massivement dans la rue presque tous les jours depuis maintenant un mois.

En dix jours, Noureddine Bedoui a consulté et fait des offres à tout va. Il a entrepris tout cela dans le secret. Il a même sollicité des binationaux, même si la loi ne les autorise pas à occuper le poste de ministre. Mais selon des informations filtrées de ci et de là, de très nombreuses personnalités ont refusé le poste de ministre qui faisait tant rêver il n’y a pas si longtemps. Les causes de l’échec annoncé sont nombreuses.

Déjà le choix de Noureddine Bedoui. Il a manqué de pertinence. Les cortèges de manifestants exhibent à sa face les images des médecins résidents impitoyablement matraqués par sa police pour avoir tenté de manifester pacifiquement pour demander un statut digne de leurs 12 années d’études universitaires. Les retraités de l’armée bloqués sur les autoroutes pour les empêcher d’exhiber les blessures de la décennie noire font aussi partie de ses victimes. Tout comme l’ensemble des réseaux sociaux qui ont la voix étouffée. En tant que ministre de l’Intérieur, Bedoui était aussi vu comme le maître d’œuvre de la fraude envisagée à l’élection présidentielle si le scrutin avait pu avoir lieu.

Pour rédhibitoires que soient ces failles, le rejet ne porte pas sur la personne du nouveau Premier ministre mais sur le projet présidentiel dont il est un des vecteurs avec Ramtane Lamamra. Revenu à la tête de la diplomatie avec en prime un poste de vice-premier ministre, M. Lamamra a vu s’effondrer le capital sympathie dont il jouissait jusque-là au sein d’une partie de la société.

En allant quémander le soutien des grandes capitales pour le projet de Bouteflika, il restera pour toujours le visage de la demande d’ingérence dans les affaires intérieures de l’Algérie. Sous le règne de Bouteflika, les étrangers ont obtenu beaucoup de choses en Algérie sans contrepartie. En montant qu’il est aussi un « enfant du système » au secours duquel il est revenu après avoir été débarqué sans ménagement, Lamamra aura quand même le mérite d’avoir rendu caduc cet argument de l’ingérence qui expose chaque citoyen contestataire au risque de se voir qualifié de « traître ». Difficile de brandir encore cette arme après le périple européen du vice-premier ministre.

Face à l’échec, Noureddine Bedoui a donc été contraint de rappeler les ministres limogés pour en guise de bonne foi de Bouteflika qui voulait montrer que son projet de réformes était sérieux. Les juristes diront si ce rappel est légitime du point de vue de la loi. Il est déjà clair que les ministres vont poursuivre leur tâche dans la discrétion. Au 28 avril, le président dont ils appliquent le programme verra ses fonctions s’éteindre. Et leurs fonctions aussi.

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