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Belgique : lueur d’espoir pour les sans-papiers

Ce n’est pas qu’en France que la question migratoire fait couler beaucoup d’encre. En Belgique aussi, ou la problématique des sans-papiers rencontre celle de la pénurie de main-d’œuvre.

Le mois dernier, c’est Avocats.be, l’ordre des barreaux francophones et germanophone de Belgique qui a appelé à la création d’un « ruling migratoire », fait savoir le média belge L’Echo. Cette démarche vise à régulariser les sans-papiers par le travail.

Sans-papiers en Belgique : vers une régularisation par le travail ?

Concrètement, cette proposition faite par l’ordre des avocats belges consiste à permettre aux étrangers en situation irrégulière d’accéder à des permis de travail en cas de promesse d’embauche dans des secteurs en pénurie, ce qui va leur offrir la possibilité de décrocher un titre de séjour sur le sol belge.

Selon le président d’Avocat.be, Stéphane Gothot, cette démarche « rencontrerait les besoins de main-d’œuvre et réduirait l’immigration illégale ». L’avocat ajoute que ce « ruling migratoire » va également permettre à l’Etat de collecter les taxes et les cotisations qui seront générées par les emplois occupés par les travailleurs étrangers.

Bien qu’il y ait plus de 38.000 postes vacants rien qu’en Wallonie, la proposition n’est pas du goût de tout le monde en Belgique. En effet, si l’idée arrange les employeurs et les organisations patronales, elles laissent visiblement certains politiciens dubitatifs.

La Chambre de commerce de Bruxelles, BECI a soutient le projet, tandis que AKT for Wallonia indique que le ruling migratoire proposé par Avocat.be « rejoint ses attentes », bien qu’elle préfère garder une cohérence « avec la politique globale de l’asile et de la migration ».

La régularisation des sans-papiers divise la Belgique

Alors que le président de Avocats.be estime que « l’angle pro-business (de son projet) pourrait intéresser certains partis », les politiques ne semblent pas tous emballés, laisse entendre le journal belge.

La secrétaire d’État à l’asile et la migration Nicole de Moor estime d’ailleurs, et sans détour, que « ce n’est pas une bonne idée », expliquant que régulariser des sans-papiers par le travail peut pousser plus de personnes dans les bras de l’immigration illégale.

En Belgique pourtant, les métiers en tension sont une sérieuse problématique. Plusieurs secteurs d’activité vivent une véritable pénurie de main d’œuvre, notamment le bâtiment, le bois, l’électricité ainsi que la Tech, indique le journal belge qui dévoile l’existence de 162 métiers en tension en Wallonie au second trimestre de l’année 2024.

Selon Jean-Luc Collin, propriétaire de trois enseignes de restaurant à Woluwe-Saint-Lambert, Uccle et Hoeilaart, le ruling migratoire proposé par Avocat.be ne peut être qu’un marché gagnant-gagnant, pour les employeurs et pour les sans-papiers. « Ce serait un win-win pour eux comme pour nous », a-t-il estimé.

En Belgique, 20.000 permis de travail et de séjour combinés ont été approuvés ou renouvelés en 2023, a dévoilé la secrétaire de l’Etat, rappelant au passage que les étrangers dont la demande d’asile est en cours de traitement peuvent commencer à travailler dans le pays quatre mois mois après le dépôt de leur dossier de régularisation.

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