L’État soutient “puissamment” la liberté de la presse”, a affirmé ce jeudi le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer dans un communiqué.
“Nulle part au monde, la liberté de la presse n’existe dans une forme absolue. Partout dans le monde, elle est corrélée, à des degrés divers, à la notion de responsabilité”, a dit d’emblée M. Belhimer, ajoutant que “le niveau de cette liberté dépend aussi des facilitations qui sont accordées pour favoriser son épanouissement”.
Partout dans le monde, a assuré le ministre de la Communication dans le communiqué publié via l’agence officielle, sous les divers “régimes politiques”, le débat entre la morale de la conviction du journaliste et la morale de sa responsabilité est “inépuisable”, relevant que dans tous les pays du monde, la liberté de la presse “n’est pas un alibi pour l’irresponsabilité individuelle”.
Pourtant, pour “certaines ONG rarement désintéressées et ayant pour profession de foi et pour métier la défense de la liberté de la presse, l’Algérie est curieusement le baromètre privilégié de leur surveillance du niveau de respect de cette liberté dans le monde”, a assuré le ministre.
Pour lui, certains pays manquent “curieusement et souvent” à l’appel alors qu’ils ne comptabilisent qu’un nombre “insignifiant” de titres au demeurant “sous influence directe des services secrets”.
“On n’y voit, et toujours avec l’effet de loupe et l’effet d’optique, que les insuffisances et les entraves objectives ou subjectives. Rarement, pour ne pas dire jamais, les facteurs favorables à son développement et son épanouissement”, a-t-il observé.
“Comme, par exemple, les aides multiformes, directes ou indirectes, fournies par les pouvoirs publics depuis l’avènement de la presse privée en 1990 à la presse écrite dont le nombre s’élève à ce jour à 162 quotidiens généralistes et spécialisés, 60 hebdomadaires généralistes et spécialisés et 96 mensuels en langues arabe et française”, a-t-il appuyé, ajoutant que “sans compter les 116 titres institutionnels. Avec un total de 530 titres toute périodicité, tout type et toutes langues confondues”.
Cette aide, a-t-il poursuivi, est mobilisée depuis cette date sous forme d’assistance “très avantageuse” en matière d’impression, relevant que le prix du papier journal importé est “soutenu par l’État à hauteur de 40% alors que le prix de base d’impression des journaux est toujours fixé à 5,50 DA, prix qui fluctue légèrement et à la hausse en fonction de la surface consacrée à la couleur”.
À noter aussi que beaucoup de journaux “ne payent pas leurs factures d’impression, certains ayant à ce jour des arriérés d’impayés faramineux !”, s’est-il étonné.
Et pourtant, l’État, au delà des lois du marché, a fait le choix de “ne pas étouffer” les journaux “lourdement” endettés et a même continué à les soutenir, au même titre que les autres journaux, en leur accordant le bénéfice de la publicité publique, dans “le seul but de laisser vivre ou survivre” la presse nationale et “de ne lui faire subir que la seule sanction” de l’audience et du lectorat, a-t-il expliqué.
Pour lui, l’aide “généreuse” de l’État s’exprime aussi à travers la publicité publique qui représente environ 70% du marché publicitaire national en raison de la “part prééminente” de la commande publique dans l’offre de services de communication”, a-t-il relevé.
Cette aide a, certes, fait l’objet de “véritables” entreprises de captation et d’actions “systématiques de détournement par des réseaux affairistes transversaux et complexes qui n’échapperont pas à l’assainissement engagé dans le cadre des chantiers de réforme globale du secteur”, a-t-il promis.
En dépit de cet état de fait déplorable, l’État, via l’agence nationale Anep, qui est actuellement en cours de “reprise en mains, d’assainissement et de relance économique”, a continué à maintenir la presse publique et privée “sous perfusion” financière dans l’unique objectif de ne pas “compromettre” leur existence et leur permettre de jouer leur rôle d’espaces de service public et de contribution au pluralisme et à la culture démocratiques, a-t-il ajouté.
Pour M. Belhimer, le soutien de l’État est décliné par ailleurs sous la forme de locaux loués “généreusement à l’écrasante” majorité des titres dans plusieurs villes du pays à raison de “la modique” somme de 200 DA le mètre carré, sans compter les frais de consommation d’eau, de gaz et d’électricité que les occupants des lieux n’ont pas payés durant plus d’une vingtaine d’années.
De 1990 à 2010, a-t-il ajouté, le prix du mètre carré était de “seulement” 80 dinars et alors même que beaucoup de journaux, y compris certains titres qui avaient alors une santé financière “florissante”, ne s’acquittaient pas du prix de la location ou attendaient de longs mois pour être à jour.
Cette aide polymorphe de l’État, a-t-il relevé, certaines ONG comme l’organisation RSF française, “ne la voient pas ou feignent de l’ignorer”.
Sur les 8000 journalistes que compte la profession qui “ne souffrent” pas d’ailleurs de conditions de travail et de liberté “rédhibitoires” par rapport à bien d’autres pays dans le monde, “on ne met en avant que trois ou quatre journalistes en vue”, déplore M. Belhimer.
“Toujours les mêmes d’ailleurs, pour mieux en faire des martyrs de la liberté de l’information. Alors même que ces journalistes, en réalités des activistes et des professionnels de la subversion, sont distingués en raison de leurs attaques acharnées contre les symboles de l’État algérien”, a-t-il dénoncé.
Pour lui, “ce sont ces mêmes journalistes sous protection permanente de puissances étrangères que RSF défend inlassablement, certains étant des correspondants attitrés”.
“Son intervention va jusqu’à simuler des atteintes à la liberté d’expression, comme ce fut récemment le cas de l’affaire du site Interlignes. Intervention paradoxalement synchronisée avec le quotidien sioniste Jérusalem Post et d’autre relais, a-t-il révélé.
Ce dernier n’a pas été censuré ou bloqué d’accès
“Nous supposons qu’il a été stoppé volontairement par ses propriétaires, un acte présenté comme une censure afin de bénéficier de plus d’exposition médiatique et ce, à quelques jours de la date du 3 mai, +journée mondiale de la liberté de la presse+”, a-t-il dit
Il a ajouté que cette stratégie d’association avait pour “seul but” de faire profiter la marque “Interlignes” d’une “grande” exposition médiatique dans les parutions de presse et sur les réseaux sociaux.
Cette technique marketing connue, a-t-il affirmé, dans la profession se base sur “l’incrémentation et l’indexation” des moteurs de recherche, permettant un renforcement de l’audience jusqu’à quatre fois plus, ajoutant que “ce qui permet à la marque d’être plus demandée par les moteurs de recherche et donc, au final, être mieux classée sur Internet”.
Pour lui, ce classement “supérieur est valorisé en fréquentation plus forte et, donc, en revenus publicitaires plus élevés à la fin de la crise supposée”.
“Revenons à RSF dont nombre d’adhérents forcent le respect pour leur engagement sincère et désintéressé pour la défense de la liberté de la presse. Cette même organisation de Reporters sans frontières qui ne défend pas avec la même énergie et avec la même constance d’autres journalistes respectables dans d’autres pays, notamment arabes ou africains, alors même qu’ils sont bâillonnés et réellement harcelés”, a-t-il déploré.
“On sait que RSF, bien que ce soit une ONG, est un élément de la chaîne d’expression du soft power français à travers le monde”, a-t-il soutenu.
Elle (RSF) “bénéficie”, d’ailleurs, du soutien, sous une forme ou sous une autre de l’AFD, l’Agence française de développement, de TV5 et de TV5 Monde, chaines de l’Audiovisuel extérieur français, de Radio France, de la Fondation de France, de l’entreprise publique EDF, du ministère de la Culture, du Conseil de l’Europe, de l’Instrument européen pour la démocratie et des droits de l’Homme (IEDDH) et, aux États Unis, de la Fondation Ford, de l’American Express et, surtout, de la NED, la fameuse National endowment for democracy, “le cheval de Troie par excellence des révolutions colorées dans le monde, Maghreb et monde arabe en première ligne”, a-t-il dit.
“Sont autant d’attaches qui ont permis à un fils et petit-fils de colon qui ont fait couler le sang des Algériens dans la Mitidja d’accéder à sa présidence, avant de terminer comme maire d’extrême-droite d’une commune française et agent d’influence d’une petite pétromonarchie”, a-t-il conclu.
L’Algérie a reculé de cinq places dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par l’ONG Reporters sans frontières (RSF) et publié mardi dernier, pour s’établir à la 146e position sur un total de 180 pays.
Citant l’Algérie, RSF a écrit : “la récente incarcération” de Khaled Drareni, leur correspondant local, “a montré comment les autorités de certains pays profitaient de l’épidémie de Covid-19 pour régler leurs comptes avec le journalisme indépendant”.