La nouvelle saison des charlatans politiques est lancée. Et l’approche de la présidentielle aiguise bien des appétits. Perspicace et soucieux de ses intérêts, Mohamed Benhamou, un ‘’politique’’ sans le moindre parcours et chef d’un parti microscopique du nom d’El Karama, pense déjà à l’après présidentielle et aux dividendes, matérielles plus que politiques certainement, qu’il puisse tirer de son soutien à l’actuel chef de l’État s’il venait à se représenter et à être réélu.
« On est avec le président, on est avec la sécurité et la stabilité de l’Algérie. Mais après les présidentielles, quelle sera notre place ? Même du temps du prophète (QSSSL) quand la guerre est terminée, et on n’est pas dans une guerre fratricide mais contre le terrorisme, les interventions étrangères et tous ceux qui veulent déstabiliser l’Algérie, il a distribué le butin. Mais après la fin de la présidentielle que gagnerons-nous ? Nous aussi, on veut être des partenaires dans tous les sens du terme », a-t-il soutenu récemment.
Clair, net et précis : le président d’El Karama revendique sa part du gâteau contre son soutien au président Bouteflika lors des élections d’avril 2019.
Certes, il n’a pas clairement exprimé et énuméré ses attentes, mais on imagine aisément qu’il lorgne un poste de ministre ou pourquoi pas de wali et escompte des avantages matériels, sonnants et trébuchants. Du marchandage sans vergogne, en somme, et assumé publiquement de surcroît.
Les ‘’khobzsites’’ et autres laudateurs, ce n’est pas quelque chose de nouveau en Algérie. Soucieux de garder le trône et de se donner une base sociale même factice et fantoche, les pouvoirs successifs, en mal de légitimité, en ont produit toute une faune tout le long des 50 années d’indépendances du pays et qui, à chaque élection, se rapplique pour monnayer soutien ou participation, même pour de la simple figuration.
Des mœurs politiques qui ont la vie dure et qui ne vont pas disparaître de sitôt. Mais avec son style direct et son incroyable cran qui fera pâlir de gêne le plus grand des culottés, le président d’El Karama s’est offert et haut la main le champion toutes catégories de l’effronterie politique.
Petite question : M.Benhamou, c’est, au fait, combien de divisions ? Que pèse-t-il vraiment sur la scène politique pour oser faire du marchandage ? Très peu, pour ne pas dire insignifiant. Ce qui ne l’empêche pas de s’estimer en droit de faire monter les enchères tout en sachant que son apport dans la réélection sera quasiment nul.
C’est là aussi une tare bien algérienne mais que M.Benhamou a porté à son paroxysme : accepter et souvent quémander des postes de responsabilité pour jouir des seuls privilèges qu’ils procurent. Et gageons qu’on ne l’entendra pas ergoter sur le moindre passage du programme électoral que se donnerai son champion ni demander à participer à sa rédaction. L’intérêt, tout l’intérêt est ailleurs.
Mais, à bien y regarder, l’émergence de cette nouvelle race d’hommes politiques est le fruit pourri du dévoiement de l’action politique et de l’obsession maladive des tenants du pouvoir à régenter, à leur seule convenance, la carte politique du pays.
Et à force de réprimer et d’empêcher l’émergence de toute alternative crédible à même de prétendre à une participation à la gestion de la cité, l’on a fini par laisser place nette à des brassées de petits marchands, sans foi ni loi, qui ne voient dans la politique qu’un moyen comme un autre pour se remplir les poches.
Le débat d’idées, la militance, les propositions de solutions, etc. çà ne connait pas. Et ce désert politique créé ne sera certainement pas sans conséquences. Comme la nature a horreur du vide, d’autres charlatans ne manqueront pas d’occuper le terrain et peuvent bien entraîner, comme c’était le cas des années 90, le pays dans des aventures dangereuses.