On reprend les mêmes et on recommence : tel semble être la devise du chef de l’État Adelkader Bensalah qui a entamé ce jeudi une série de consultations avec des responsables politiques en vue d’explorer des pistes de sortie de crise.
Après Abdelaziz Ziari, ex-président de l’APN, Abdelkader Bensalah a reçu ce jeudi le président du Front El Moustaqbal, Abdelaziz Belaid. Il s’agit de deux personnalités proches du pouvoir, sans poids réel sur la scène politique.
Dans l’agenda du chef de l’État intérimaire figurent également de nombreux acteurs politiques et du mouvement associatif mais il est très peu probable qu’une personnalité de l’opposition participe à ces discussions.
Ces rencontres semblent s’inscrire dans le cadre de l’engagement pris par Abdlkader Bensalah le jour de son investiture en tant que chef d’État intérimaire de créer une instance de gestion des élections. « C’est en concertation avec la classe politique et civile citoyenne que je me propose, en priorité et en urgence, de créer une institution nationale collégiale, souveraine dans ses décisions, à laquelle sera dévolue la mission de réunir les conditions nécessaires de préparation et d’organisation d’élections nationales honnêtes et transparentes. Le gouvernement et les services administratifs concernés seront chargés de la soutenir et de l’accompagner dans l’accomplissement de ses missions en toute liberté », avait-il promis dans son discours à la Nation.
Si le dialogue demeure une vertu dans toute quête d’une solution à la crise, il reste que la démarche du chef de l’État est handicapée, voire plombée pour au moins trois obstacles majeurs.
D’abord, la personne du chef de l’État. Contesté par la rue, Abdelkader Bensalah qui a eu à appuyer toutes les politiques adoptées sous le règne de Bouteflika figure parmi les fameux « 3B » dont le départ est réclamé. Dès lors, il ne dispose plus de la légitimité nécessaire que commande ce genre d’entreprise.
Ensuite : le choix des interlocuteurs. À voir les noms des premières personnalités rencontrées par Bensalah, on imagine sans peine qu’il aura à puiser de nouveau dans le même personnel, lié d’une façon ou d’une autre au système ou l’ayant servi, sachant que l’opposition et ceux qui se réclament du mouvement populaire déclineront à coup sûr une éventuelle invitation.
Enfin : Bensalah a déjà eu à mener des consultations en 2011 avec des personnalités politiques dans le cadre des réformes politiques annoncées alors par Bouteflika avec les résultats que l’on connaît : aucune réforme engagée, des lois liberticides et une Constitution – imposée en 2016- qui a consacré un régime présidentialiste que Ziari lui-même n’hésite pas à qualifier aujourd’hui de « dangereuse ».
Et si l’on ajoute la détermination de la population à faire aboutir leurs revendications, l’inconstitutionnalité d’une instance chargée d’organiser l’élection et la décision de nombreux maires et magistrats de refuser d’encadrer le scrutin envisagé le 4 juillet prochain, autant dire que la mission de Bensalah est déjà vouée à l’échec. À moins que les consultations ne s’inscrivent dans une autre démarche dont les contours ne sont pas clairs pour l’heure.