Même si on n’attendait rien de Bensalah, son premier discours à la nation, qu’il a prononcé hier mardi à 20 heures, a montré encore une fois que l’homme à la carrière politique linéaire est complètement déconnecté de la réalité algérienne.
Depuis le 22 février, les Algériens manifestent pacifiquement en suscitant l’admiration du monde entier, pour réclamer le départ système, dont Bensalah est l’un des symboles.
Mais le président par intérim, qui a été intronisé mardi à la tête de l’État par un Parlement sans aucune crédibilité, fait mine de ne pas comprendre le sens de l’appel massif du peuple algérien pour le changement.
Dans son premier discours à la nation, Bensalah a résumé les demandes des Algériens, pourtant claires, à des « aspirations au changement, aux réformes et à la participation effective dans la prise des décisions afférentes à son avenir ».
Une interprétation bien sûr erronée, où plutôt un déni de réalité, et dans la continuité de la carrière politique, sans reliefs, de cet apparatchik qui a été au service des hommes forts du système. D’ailleurs, c’est pour ces « qualités » que Bouteflika l’avait choisi pour diriger le Sénat, et prendre son intérim en cas de besoin.
Abdelkader Bensalah fait partie d’un personnel politique obsolète, qui a servi, des années durant, un système corrompu, prédateur et injuste. Il est l’homme des fausses transitions. Son passage à la tête du Conseil national de transition (1992-1994) en témoigne.
Installé à la tête de l’APN en 1997, puis du Sénat en 2002, il n’a jamais élevé la voix, pour dénoncer la moindre injustice ou les nombreuses dérives autoritaires du pouvoir. Il n’a jamais pris position sur aucune question d’actualité nationale, préférant reste confortablement dans sa bulle d’apparatchik.
L’été dernier, il avait même soutenu un 5e mandat pour Bouteflika, alors qu’il savait que l’état de santé du président ne lui permettait pas d’exercer les fonctions présidentielles et encore moins de rester au pouvoir.
Déconnecté de la réalité algérienne, M. Bensalah, demeure sourd à l’appel du peuple algérien, qui lui demande de « dégager », avec les autres symboles d’un système qui a mené l’Algérie à l’impasse. Dans ce contexte, il ne peut pas invoquer le devoir constitutionnel pour gérer la transition au profit du clan Bouteflika dont il fait partie. Son engagement d’organiser des élections présidentielles libres et transparentes ressemble à une blague de mauvais goût qui ne fait rire personne.