Il y a une année, le 17 octobre 2022, Karim Benzema remportait haut la main le Ballon d’or, la plus prestigieuse distinction individuelle du monde du football. Aujourd’hui, il est au centre d’une polémique qu’il n’a pas cherchée.

Une semaine après les accusations proférées à son encontre par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et la polémique qui a suivi, l’affaire n’est toujours pas close.

Suite à un message posté sur le réseau social X dans lequel il a rendu hommage aux victimes palestiniennes des bombardements israéliens, Karim Benzema a été accusé par Gérald Darmanin d’être lié aux Frères musulmans. L’ancienne star du Real Madrid a décidé de porter plainte, mais d’autres personnages continuent à s’exprimer sur l’affaire. Le dernier en date à le faire est un ancien président de la République.

Sur France 2, François Hollande (président de 2012 à 2017) a lui aussi exprimé sa désapprobation de la prise de position du footballeur. « Le tweet de Benzema n’était pas du tout acceptable », a jugé l’ancien chef de l’État.

Néanmoins, François Hollande a exprimé son désaccord aussi avec le ministre de l’Intérieur qui l’a accusé sans preuve d’appartenir à une mouvance politico-religieuse.

« Cela ne sert absolument à rien que le ministre de l’Intérieur polémique avec Benzema », a-t-il indiqué, ajoutant, plus explicite : « (Darmanin) n’avait pas besoin de dire qu’il avait des liens avec les Frères musulmans. Surtout que ce n’est pas avéré ».

Karim Benzema est quelqu’un qui « joue l’ambassadeur de l’Islam »

Cela dit, François Hollande se range lui aussi du côté de ceux qui estiment que Karim Benzema a fauté en apportant son soutien aux Palestiniens sans évoquer les victimes israéliennes des attaques du Hamas. « Cela ne veut pas dire que Benzema a eu une réaction qui était justifiée », a-t-il nuancé son propos.

« Quelqu’un qui joue l’ambassadeur de l’Islam », c’est le nouveau grief retenu à l’égard du footballeur dans le sillage de la même polémique qui, décidément, n’est pas près de s’apaiser. L’accusation est formulée par l’anthropologue Florence Bergeaud-Blacker, spécialiste de la mouvance des Frères musulmans à laquelle elle a d’ailleurs consacré un ouvrage.

L’anthropologue a longuement disserté dans une émission de CNews et Europe 1 sur le projet des Frères musulmans d’établir une société islamique en Europe et les méthodes qu’ils utilisent pour y parvenir.

« En Europe les Frères musulmans passent par les élites, des prédicateurs TikTok, ils passent par le haut en réalité d’où la mobilisation de personnages comme Benzema ou Médine qui sont les nouveaux missionnaires de ces Frères », dit-elle. Selon elle, cette mouvance veut faire de Karim Benzema un de ses « influenceurs ».

Si elle affirme ne pas croire que le footballeur franco-algérien soit un frère musulman, elle soutient en revanche que « c’est quelqu’un qui apprécie la flatterie sans doute, qui est un peu déconnecté du réel, qui joue en fait l’ambassadeur de l’Islam ». Et ça, ajoute Florence Bergeaud-Blacker, « évidemment les Frères l’ont repéré ».

En France, Karim Benzema n’a pas que des détracteurs. Le débat sur cette affaire a atterri à l’Assemblée nationale française, et Mathilde Panot a pris la défense du joueur franco-algérien.

“La France de Darmanin est devenue le pays où le seul crime de Benzema est de s’appeler Karim”, a dénoncé la présidente du groupe parlementaire de La France insoumise, le parti de Jean-Luc Mélenchon qui a lui-même dénoncé les propos hostiles à l’égard du Ballon d’or 2022.

Si la droite et l’extrême-droite et une partie de la gauche ont attaqué parfois violemment Benzema, l’extrême gauche, des personnalités sportives, d’anciens footballeurs et des journalistes ont dénoncé les attaques contre l’un des meilleurs attaquants de l’histoire du football français.

Cela fait plusieurs années que Karim Benzema n’échappe pas aux polémiques en France, quoi qu’il fasse. Le message qu’il a posté sur la Palestine ne comporte ni insultes ni appel à la violence et encore moins des propos antisémites.

Mais cela ne lui a pas évité de se retrouver au centre d’une grosse polémique et de faire l’objet de toutes sortes d’attaques de la part surtout de ceux qui pratiquent la politique de deux poids, deux mesures quand il s’agit de la guerre en Palestine. Ceux là même qui ignorent les victimes palestiniennes de cette guerre.

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