La Rassemblement national (RN, extrême-droite), très proche d’accéder au pouvoir en France, a suscité un tollé en annonçant son intention d’interdire certaines fonctions « stratégiques » aux porteurs de la double nationalité.
Les réactions continuent à fuser, de plus en plus cinglantes. Indirectement, il est signifié au parti de Jordan Bardella qu’il vise en réalité les Français qui portent la nationalité d’un pays africain, arabe ou musulman, lui qui ne s’est pas gêné pour investir le Franco-Israélien Meyer Habib pour les législatives du 30 juin et du 7 juillet.
Dans un article consacré au sujet, le journal Le Monde a fait état dans son édition de ce samedi 29 juin d’un "tollé dans la haute fonction publique" après les propos tenus par Jordan Bardella en conférence de presse lundi dernier.
Le Monde a partagé les témoignages de fonctionnaires "blessés" par cette remise en cause de leur loyauté. C’est le cas de Sid Rouis, un Franco-Algérien exerçant comme attaché de coopération à l’ambassade de France en Libye.
« Mettre en doute notre loyauté vis-à-vis de la France me heurte et me blesse. Je ne vis pas cette double appartenance comme un handicap, mais comme une richesse », dit-il, qualifiant la mesure envisagée par le parti d’extrême-droite de « terrifiante ».
L’onde de choc
« Le RN a beau minimiser la portée de cette démarche, l’onde de choc qu’elle suscite est réelle au sein de la haute administration française », écrit Le Monde.
Au vu des arguments avancés par tous ceux qui sont opposés à la mesure, il sera difficile pour le RN de continuer à la défendre et encore moins à la mettre en œuvre.
Après la montée au créneau d’Olivier Mas, ancien espion français qui a jugé la mesure dangereuse et souligné que la DGSE a recruté des Franco-Maghrébins pour lutter contre Al-Qaida, c’est le sénateur Akli Mellouli, lui-même franco-algérien, qui est allé droit au but au micro de la chaîne Public Sénat : le RN vise en vérité les Français qui portent la nationalité d’un pays d’Afrique. Or, souligne-t-il, l’influence néfaste peut être exercée par ceux qui « ont le poids de leur État sur le dos », comme la Russie et la Chine, et pas par ceux auxquels pense le RN.
Binationalité : le RN est incohérent car il a investi le Franco-Israélien Meyer Habib
« Vous n’avez pas besoin d’être un binational pour être un traître à la nation. Tous ceux qui ont été condamnés dernièrement pour des faits un peu similaires n’étaient pas des binationaux », assène le parlementaire qui estime que l’annonce de Jordan Bardella a pour but de « jouer sur la fibre et les peurs des Français ».
La réplique de Gérald Darmanin est aussi infaillible. Le ministre de l’Intérieur est lui aussi allé dans le même sens que le sénateur Akli Mellouli, insinuant que seules certaines binationalités incommodent au RN.
Sur le plateau de CNews, il a simplement demandé à Jordan Bardella, puisqu’il se méfie tant des binationaux, pourquoi il a investi le Franco-Israélien Meyer Habib pour les législatives de ce dimanche 30 juin.
« Il n’est pas cohérent, M. Bardella. Il a investi lui-même des binationaux. M. Meyer Habib est Franco-Israélien et il est investi par M. Bardella. On peut donc être député binational, ça ne pose pas de problème ? », s’est interrogé le ministre de l’Intérieur.
« Il ne faut pas trier les Français comme ça. En revanche, si jamais il pense que la binationalité est dangereuse, qu’il la supprime ou qu’il n’investisse pas par exemple des Franco-Israéliens », a-t-il insisté.
Pour Gérald Darmanin, le chef du RN est comme le coq qui croit que c’est lui qui fait lever le soleil en chantant, puisque pour les postes sensibles, il y a déjà des entretiens d’habilitation.
"On jette l’opprobre sur 3 millions de Franco-Américains, Franco-Algériens…« , a dénoncé Gérald Darmanin, estimant qu’en fait, Jordan Bardella »n’est pas prêt pour le pouvoir" et "raconte n’importe quoi, à n’importe quel moment".
Gérald Darmanin à propos de Jordan Bardella : «Il n'est pas prêt pour le pouvoir. Il raconte n'importe quoi, à n'importe quel moment» dans #LaGrandeInterview pic.twitter.com/EvbErCTVWb
— CNEWS (@CNEWS) June 25, 2024