L’exploit du Maroc en Coupe du monde 2022 relance le débat sur l’apport des binationaux aux sélections de leur pays d’origine comme l’Algérie.
Après l’Algérie, qui a atteint les 1/8es de finale du mondial en 2014 puis remporté la coupe d’Afrique des nations en 2019 grâce à ses joueurs nés et formés en France, les Lions de l’Atlas font encore mieux avec un contingent de joueurs venus des meilleurs championnats d’Europe.
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Le Maroc est devenu, samedi 10 décembre, la première nation africaine à atteindre le dernier carré du mondial de football. A ce stade et au vu de tout ce qu’a montré l’équipe entraînée par Walid Regragui depuis le début de la compétition, tout devient possible.
Avec la France, l’Argentine et la Croatie, le Maroc a ses chances d’aller jusqu’au bout. Ce qui était impensable il y a deux semaines est aujourd’hui une éventualité plausible.
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La recette pour en arriver là n’a pas de secret. Il s’agit d’un dosage judicieux de joueurs formés localement ou dans les meilleures écoles européennes en la matière.
Dans le groupe marocain qui a fait le voyage au Qatar, on trouve une dizaine d’éléments issus des centres de formation des clubs marocains ou de l’académie Mohamed VI, comme le gardien Bounou, Hamdallah Aguerd, Ounahi, En-Nesiry, Benoun, Attiattallah, Yamiq…
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Le reste des joueurs est formé en Europe, principalement aux Pays-Bas (4), en Belgique (4), en Espagne (3) et en France (2).
Les éléments les plus en vue viennent des Pays-Bas : Ziyech, Mazraoui, Amrabat et Aboukhlal. Les deux premiers nommés évoluent dans deux des plus prestigieux clubs d’Europe, Chelsea et le Bayern de Munich respectivement.
Les Marocains ont aussi puisé dans le vivier belge, l’autre grande école européenne du moment (Amallah, El Khannouss, Chair et Zaroury). Sofiane Boufal et Romain Saïss viennent de France tandis que le pilier de la défense Achraf Hakimi est maroco-espagnol. Il est notamment passé par la célèbre Castilla du Real Madrid.
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Quoique nés au Maroc, El Khajoui et Abde ont également été formés en Espagne et sont binationaux.
Chedira et Sabri, natifs aussi du royaume, ont fait leurs classes respectivement en Italie et en Allemagne dont ils détiennent la nationalité.
L’Algérie a donné l’exemple en 2014
Avec le niveau montré jusque-là par l’équipe du Maroc et les résultats obtenus, on comprend mieux pourquoi la fédération marocaine a limogé, à quelques semaines du Mondial 2022, le coach Vahid Halilhodzic qui voulait se passer des services de Ziyech et Mazraoui pour des considérations extra-techniques.
Si les Marocains se réjouissent de l’apport des binationaux, en Europe, on commence à se mordre les doigts d’avoir laissé filer des pépites qui sont aujourd’hui aux portes de la finale de la coupe du monde.
Ziyech et Amrabat ont par exemple joué avec les Pays-Bas jusqu’aux espoirs. En Belgique, qui abrite une forte communauté marocaine, des critiques sont déjà émises par rapport au système de sélection dans le championnat local et au niveau des sélections de jeunes. Si les Diables Rouges ont quitté tôt le Mondial 2022, c’est par la faute du Maroc qui les a battus en poule (0-2).
Peut-être qu’on assistera après cette Coupe du monde à un débat similaire à celui qui a eu lieu en France il y a quelques années sur les « quotas » dans les centres de formation.
La certitude, c’est que le parcours du Maroc aura une grande incidence sur l’attractivité des sélections maghrébines et africaines pour les joueurs binationaux.
Une attractivité qui s’est nettement améliorée ces dix dernières années grâce en grande partie aux bons parcours de l’Algérie, notamment au Mondial 2014, après que l’ancien président de la fédération algérienne, Mohamed Raouraoua, ait fait adopter en 2008 la loi Bahamas qui donne aux jeunes footballeurs la possibilité de changer de nationalité sportive.
Le Maroc est aujourd’hui en train de parachever la « révolution » en levant les derniers blocages qui font réfléchir les binationaux. Les Lions de l’Atlas sont en train de démontrer qu’opter pour une sélection maghrébine ne donne pas seulement l’opportunité de participer au Mondial mais aussi la possibilité d’aller jusqu’au bout.