Économie

Blé dur : le projet de l’Italien BF en Algérie franchit une nouvelle étape

Les séances de travail et les visites de terrain s’enchaînent à Timimoun pour le lancement effectif du projet algéro-italien de production de blé dur. Un projet dont la première tranche doit démarrer dès la prochaine campagne céréalière 2024-2025. Objectif annoncé, la mise en valeur, dans un premier temps, de 3.000 hectares.

Une première étape qui, selon Souad Assous, la directrice de l’investissement agricole et du foncier au ministère de l’Agriculture, devrait permettre  que « le pic de la production soit atteint en 2028 ».

Lors d’un entretien à la Radio algérienne, le wali de Timimoun a indiqué qu’une rencontre a récemment eu lieu le 7 août entre la société Bonifiche Ferraresi (BF) et les différents opérateurs algériens concernés par le projet.

 

La rencontre a débouché sur des sorties de terrain qui ont permis de localiser les emplacements des futurs forages. Le wali de Timimoum a indiqué que le groupe italien a « obtenu l’autorisation de forage de 160 puits ».  Le projet qui s’étend sur près de 36.000 hectares a franchi ainsi une nouvelle étape, un mois après la signature de l’accord-cadre entre l’Algérie et le groupe italien BF.

Ceux-ci devraient permettre d’approvisionner les premières parcelles qui, dès cet automne, seront ensemencées en blé.

Le partenariat algéro-italien vise en effet, la production de blé dur dont une partie devrait être exportée vers l’Italie et l’autre permettre à l’Algérie d’arriver à une autosuffisance en blé dur. À la culture du blé devraient s’ajouter différentes cultures stratégiques comme les légumes secs.

L’Italie connaît un fort déficit en blé dur. Un produit indispensable à la confection des pâtes alimentaires que les Italiens consomment à raison de 23 kg/an/ personne, ce qui fait d’eux les plus grands consommateurs au monde. Pour réduire ce déficit, la société BF multiplie les partenariats à travers le monde comme cela est déjà le cas au Kazakhstan.

Vers une autosuffisance en blé dur

Produire du blé dur dans un contexte aride comme Timimoun reste un défi. La culture nécessite une irrigation continue et un emploi accru d’engrais dans la mesure où les sols désertiques sont pauvres et ne retiennent ni l’eau, ni les engrais.

À ce titre, l’expertise capitalisée par cette entreprise italienne en milieu méditerranéen pourrait permettre des progrès quantitatifs et qualitatifs à Timimoun et indirectement à l’ensemble de la filière blé dur d’Algérie.

Fin juin 2024, un communiqué de la Présidence de la République, rendu public à l’issue de la réunion du Conseil des ministres, indiquait que le président de la République a « ordonné au ministre de l’Agriculture d’impliquer les paysans dans la sensibilisation afin d’améliorer la productivité, qui au Sud ne doit pas être inférieure à 55 quintaux par hectare, car ces zones ont un potentiel énorme, en particulier l’eau et l’électricité ».

Le président Abdelmadjid Tebboune avait souligné que « l’autosuffisance totale » était à portée de main dans la mesure où la production locale couvre déjà 80 % des besoins en blé dur.

Pour sa part, Souad Assous indique que le projet vise une « production de 128.000 tonnes de blé, sur la base d’un rendement de 60 quintaux à l’hectare ».

Vers des blés durs de qualité

À la nécessité de rendements permettant un retour sur investissement s’ajoute l’impératif de la qualité. Partout dans le monde, le cahier des charges concernant les blés durs implique de fournir aux minoteries un blé permettant l’extraction d’un taux important de semoule. En outre le blé doit permettre d’obtenir des pâtes qui tiennent à la cuisson et donc des grains particulièrement riches en protéines.

Une richesse qui implique un apport adéquat d’engrais azotés. Cet impératif implique des analyses de sol en cours de culture et une analyse du taux de protéines des lots récoltés. Une démarche de traçabilité permet de suivre les lots répondant aux critères de qualité.

À Timimoun, le projet comprend la construction d’un complexe agroalimentaire comprenant une minoterie, une unité de stockage et une unité de production de pâtes alimentaires. Cette démarche implique que le blé dur produit à Timimoun réponde entièrement aux critères de qualité définis par les industries des pâtes alimentaires.

Une qualité qui reste encore insuffisante selon des enquêtes de terrain réalisées dans l’est du pays. En 2021, une étude de l’université de Guelma a comparé la qualité des blés durs locaux et celle du blé canadien importé utilisé par les minoteries locales.

Il est apparu que : « les résultats obtenus des deux échantillons étudiés ont montré que le blé canadien (importé) a plus de qualité comparé au blé local qui a montré moins de qualité ».

Les résultats présentés par l’équipe qui a mené l’étude sont en effet sans appel. Alors que le taux de mitadinage est seulement de 7 % pour le blé canadien, il est de 20 % pour le blé algérien provenant de la Coopérative de Céréales et de Légumes Secs de Belkhir.

Ce qui signifie une perte de 20 % de semoule sur chaque quintal de blé dur moulu par la minoterie. Le taux de protéines est de 14 % contre seulement 12 % pour le blé local.

Autre point fort du blé originaire du Canada, il ne contient que 0,4 % de grains mouchetés contre 0,7 % pour le blé local. Seul un faible taux de grains mouchetés donne à la semoule cette belle couleur jaune si appréciée des consommateurs.

Nul doute que cette exigence de qualité qu’exige le secteur de la transformation et à laquelle seront formés les techniciens algériens associés au projet de Timimoun constituera un progrès pour la filière locale des blés durs.

Cet ambitieux projet nécessitera que les équipes techniques assurent la disponibilité en quantité et qualité des eaux d’irrigation, l’électrification et la logistique permettant le transport de matériel et d’engrais sur des distances de plusieurs centaines de kilomètres.

Le wali de Timimoun a assuré que ces premières séances de travail devraient être suivies par d’autres afin de réunir toutes les conditions de réussite du projet.

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