La crise diplomatique entre l’Algérie et la France n’a pas eu d’impact, du moins pendant ses premiers mois, sur les échanges commerciaux entre les deux pays.
Alors que la brouille a débuté fin juillet 2024, les chiffres de la même année indiquent une hausse des exportations françaises vers l’Algérie et un regain des ventes de blé.
Bien qu’un recul des échanges commerciaux soit enregistré, il est seulement dû à la baisse des cours mondiaux des hydrocarbures qui constituent l’essentiel des exportations de l’Algérie vers la France, est-il expliqué dans un rapport de la direction générale du trésor relevant du ministère français de l’Économie.
Il en ressort que l’Algérie reste le deuxième marché africain pour les produits français avec 4,8 milliards d’euros, derrière le Maroc (7,4 milliards) et devant la Tunisie (3,4 milliards).
Les échanges commerciaux entre l’Algérie et la France ont baissé en 2024 après trois années consécutives de hausse. Ils se sont établis à 11,1 milliards d’euros, contre 11,6 milliards en 2023.
Il s’agit d’une conséquence du recul des prix des hydrocarbures qui représentent près de 80 % des exportations algériennes vers la France.
En 2024, la France a importé d’Algérie pour 6,3 milliards d’euros de marchandises, soit 11,2 % de moins par rapport au montant de 2023 (7,1 milliards).
Les ventes algériennes d’hydrocarbures à la France ont fortement baissé (-14 %) par rapport à 2023, passant de 5,8 à 5 milliards d’euros en 2024. Dans le détail, les ventes de pétrole, qui constituent 46,7 % des hydrocarbures vendus à la France, se sont élevées à 2,7 milliards d’euros (-2,7 %), et celles du gaz ont connu une forte chute (-19,1 %), s’établissant à 2,4 milliards d’euros.
Les exportations algériennes de produits pétroliers raffinés et de coke vers la France ont en revanche enregistré une hausse de 3,7 %, s’établissant à 789 millions d’euros.
Hors hydrocarbures, les importations françaises de produits industriels algériens ont diminué de 2,6 % (414 millions d’euros).
Exportations françaises vers l’Algérie en 2024 : retour en force du blé
En revanche, les exportations françaises vers l’Algérie ont fortement progressé en 2024. Elles ont atteint 4,8 milliards d’euros, soit une hausse de 6,6 % par rapport à 2023, année pendant laquelle elles s’étaient repliées de 0,5 %. Un produit phare, les céréales, a même enregistré une progression de plus de 100 %.
Le premier poste des exportations françaises vers l’Algérie, c’est les produits industriels (près de 40 %). En 2024, l’Algérie en a importé de France pour 1,9 milliard d’euros, soit une hausse de 1,8 %.
Les ventes de matériels de transport (incluant les véhicules automobiles) ont fortement augmenté (+28,2 %), à 1,1 milliard d’euros. Ce segment constitue désormais 23,2 % des ventes françaises de marchandises à l’Algérie.
Les équipements mécaniques, matériels électriques et électroniques, troisième poste des exportations françaises vers l’Algérie, étaient aussi en forte hausse (+22,8 %), atteignant 1,1 milliard d’euros.
À noter aussi cette forte progression des produits agricoles, quatrième poste des exportations françaises vers l’Algérie.
Les ventes de produits agricoles ont atteint 322 millions d’euros, soit 16,5 % de plus qu’en 2023, année où une chute brutale de 73,1 % avait été enregistrée.
Selon le document du ministère français de l’Économie, la hausse des exportations des produits agricoles vers l’Algérie en 2024 est portée par le retour en force des ventes de céréales qui ont bondi de 105,6 % pour atteindre 329 millions d’euros, après un recul de 80,7 % en 2023.
Les exportations vers l’Algérie de produits agroalimentaires sont en revanche passés de 408 millions d’euros en 2023 à 319 millions en 2024, soit une baisse de 21,9 %.
Cette hausse des exportations françaises combinée à la baisse des importations a ramené à la baisse le déficit du solde commercial de la France avec l’Algérie. Le déficit français s’est résorbé de 1,1 milliard d’euros, mais le solde de la balance commerciale demeure toujours en faveur de l’Algérie (+1,5 milliard d’euros).
S’agissant de l’investissement, les chiffres livrés sont ceux de 2023. Cette année-là, le stock d’investissements directs étrangers (IDE) français en Algérie s’élevait à 2,8 milliards d’euros, faisant de la France le troisième investisseur en Algérie derrière les États-Unis et l’Italie et « probablement » le premier investisseur hors hydrocarbures.
Les investissements français en Algérie se concentrent dans les secteurs des services financiers, de l’industrie manufacturière et des industries extractives.
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