Mercredi 26 septembre
Au siège du FLN à Hydra, c’est l’effervescence. Djamel Ould Abbès convoque en urgence les députés du parti pour une réunion à huis clos. Le chef du parti majoritaire a décidé de sceller le sort du Président de l’APN, Saïd Bouhadja, également membre du FLN. « Les députés vont discuter avec Ould Abbes du sort du président de l’APN », lâche une source à TSA.
Officiellement, une série de griefs sont reprochés au Président de l’APN, dont le limogeage du SG de l’APN, Bachir Slimani, une prise en charge de son chef du protocole lors de son déplacement à Paris, mais également son manque de loyauté envers le président Bouteflika…A l’issue de la réunion, le chef du FLN décide de créer une « veille au sein du Parlement », pour « contrôler les erreurs et examiner toute situation d’urgence ». Ambiance.
Jeudi 27 Septembre
La pression monte d’un cran. Les groupes parlementaires proches du pouvoir, à savoir le FLN, le RND, TAJ, le MPA et les indépendants, décident d’arrêter toute collaboration avec Saïd Bouhadja. Au même moment, face aux députés réunis en séance plénière, le président de l’APN ne fait aucune allusion à la crise qui secoue l’institution de Zighout Youcef. Il rappelle aux députés le rôle de l’APN qui permet « aux représentants du peuple et le staff gouvernemental d’échanger les idées et les avis dans la perspective de trouver des solutions aux problèmes des citoyens ».
Vendredi 28 Septembre
Les premières informations sur l’éventualité du départ de Saïd Bouhadja commencent à fuser dans les médias. Le président de l’APN décide de contre-attaquer et de lancer sa riposte médiatique. Dans une déclaration à TSA Arabi, il rappelle que s’il n’est pas opposé à la demande de ses adversaires, mais encore faut-il que cela se fasse dans le respect de la procédure qui prévoit un tel cas de figure.
« La démission obéit à des procédures légales, pas à des procédures illégales, sans aucun rapport avec les lois de la République.» Et de désigner « la partie qui m’a désigné à ce poste », comme seule à même de lui demander de partir, a-t-il dit, en désignant à demi-mot le président Bouteflika comme seul habilité à lui demander de partir. Le président de l’APN implique de fait la Présidence dans le conflit et complique la tâche de ceux qui veulent le voir partir.
Samedi 29 Septembre
Djamel Ould Abbès continue à réclamer la tête du président de l’APN. S’exprimant lors d’une rencontre avec les militants de son parti à Médéa, le secrétaire général du FLN demande le départ de Saïd Bouahadja pour dépasser la crise actuelle. « Si M. Bouhadja refuse de démissionner, cela induira un blocage des activités du Parlement », a déclaré le chef du parti. En réponse à cette nouvelle salve contre lui, le président de l’APN s’est refusé à tout commentaire, sauf pour assurer qu’il se porter à merveille. « Je suis en bonne santé, c’est tout ce que j’ai à vous dire », a-t-il répondu à notre journaliste.
Dimanche 30 Septembre
Les présidents de cinq groupes parlementaires à l’APN annoncent, dans une motion, le gel de « toutes les activités des structures de l’APN jusqu’à satisfaction de leur revendication». La motion énumère les griefs retenus contre Saïd Bouhadja : « dépassements et violations » enregistrées au sein de l’institution législative, à savoir « marginalisation éhontée, report intentionnel de l’adoption du règlement intérieur de l’APN, marginalisation des membres de la Commission des affaires juridiques, mauvaise gestion des affaires de l’APN, frais exagérés déboursés illicitement, recrutement douteux… ».
Lundi 1er Octobre
Amara Benyounes met les pieds dans le plat et évoque pour la première fois officiellement l’option de la dissolution de l’APN, au cas où la situation de blocage perdurait. «Maintenant, si on arrive à une situation de blocage, l’Assemblée nationale ne fonctionnera pas et on ne peut pas se permettre d’avoir une Assemblée nationale bloquée. La seule solution qui restera, c’est la dissolution. Il n’y a pas d’autre solution.», explique le patron du MPA dans un entretien à TSA. Au siège du FLN à Hydra, Djamel Ould Abbès réunit les membres du BP et maintient la pression sur le président de l’APN. Il demande à ses élus de maintenir leur positions jusqu’au départ de Bouhadja.
Mardi 2 Octobre
Conséquences de la grande cacophonie qui règne à l’APN, le ministère des Affaires étrangères annule une rencontre prévue entre le président de l’association d’amitié algéro-japonaise et l’ambassadeur du Japon à Alger.
Pour sa part, Saïd Bouhadja décide de suspendre plusieurs activités programmées dans le cadre de la diplomatie parlementaire.
Dans ce contexte, le RCD qualifie le mouvement des députés de l’Alliance présidentielle de « simulacre de fronde » qui « obéit à d’autres desseins ».
Mercredi 3 Octobre
D’autres partis de l’opposition décident de sortir de leur mutisme. C’est le cas du MSP qui se dit « outré par la situation dans laquelle se trouve les institutions algériennes », tout en tirant à boulets rouges sur « la majorité factice » qui est, à ses yeux, « un danger pour la stabilité du pays ».
Quant à Lakhdar Benkhellaf, ex-président du groupe parlementaire Ennahada-El Adala- El Bina, il affirme dans une déclaration à TSA que derrière la crise de l’APN , se cache un deal entre le FLN et le RND. «Le RND vise la présidence de l’APN et le FLN veut installer Djamel Ould Abbes à la tête du Conseil de la nation », affirme le député qui venait de rencontrer Said Bouhadja.
Jeudi 4 Octobre
Nouveau rebondissement : l’Organisation nationale des Moujahidine (ONM) décide d’apporter son soutien au Moudjahid Saïd Bouhadja. Dans un communiqué, la puissante organisation annonce qu’elle suit avec intérêts les derniers développements survenus à l’APN et que « la tentative de certains de nuire à l’histoire de nos Moudjahidine et d’attenter à leur passé honorable constitue un dangereux précédent qui impose à tous de s’y opposer fermement et de refaire leur examen de conscience à l’égard de ceux qui se sont sacrifiés par le passé, pour que l’Algérie reste debout devant les Nations.»