La polémique provoquée par un athlète algérien qui a décidé de se retirer des Jeux Olympiques de Tokyo pour ne pas affronter un adversaire israélien, ne cesse d’enfler.
Avant même le début de la compétition prévue dans la capitale japonaise entre le 23 juillet et le 8 août 2021, le judoka algérien Fethi Nourine a annoncé qu’il n’affrontera pas son adversaire soudanais que le tirage au sort a mis sur la route dans la catégorie des -73 Kg, pour ne pas avoir à se mesurer, en cas de qualification au tour suivant, à l’Israélien Tohar Butbul.
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Le judoka algérien entend ainsi exprimer son soutien à la cause palestinienne, même s’il est conscient des sanctions que son geste est susceptible de lui attirer. Il a été suspendu par la Fédération internationale de judo.
Son entraîneur Amar Benyekhlef qui a dénoncé avant le départ de la délégation algérienne pour Tokyo, les conditions de préparation des athlètes, a démenti dans une vidéo mise en ligne son exclusion ainsi que le poulain du village olympique et le retrait de leurs badges.
Mais la sanction de la Fédération internationale de judo (FIJ) est bien réelle : l’athlète est suspendu jusqu’à nouvel ordre.
Ce n’est pas la première fois que Nourine agit de la sorte. En 2019, lors des championnats du monde, toujours à Tokyo, il avait évité d’affronter le même Israélien en finale.
Le jeune athlète assume pleinement son geste. Même après sa sanction, il n’a pas cherché à se justifier ou à imputer son retrait à une autre raison.
Il est allé au bout de ses convictions et sa déclaration est sans équivoque : « Nous avons travaillé dur pour nous qualifier pour les Jeux, mais la cause palestinienne est plus grande que tout cela ». « Nous refusons la normalisation. Nous avons pris la bonne décision », a estimé de son côté l’entraîneur Benyekhlef.
Une « bonne décision », mais tout le monde n’est pas de cet avis. À commencer par la FIJ, qui a expliqué les sanctions prononcées par le fait que la décision du judoka algérien est en porte à faux avec « la philosophie » de la fédération et sa politique de « non-discrimination ». La presse internationale s’est aussi saisie de l’affaire, lui donnant un retentissement mondial.
Si l’objectif de Nourine est d’attirer les regards sur la cause palestinienne, c’est gagné. Mais en Algérie, où ce genre de sujets donne souvent lieu à des débats passionnés, certains ne voient pas les choses sous cet angle.
Sur les réseaux sociaux, une partie des internautes estime que le judoka aurait dû au moins disputer son match face au Soudanais et attendre la confirmation qu’il aura bien l’Israélien sur son chemin pour déclarer forfait.
D’autres suggèrent que la meilleure chose à faire est d’affronter l’Israélien et de lui administrer une raclée. Une frange dénonce carrément son geste, estimant qu’il amoindrit les chances de médailles de l’Algérie, représentée seulement par 44 athlètes à ces jeux, et que, de toute façon, cela ne fera en rien avancer la cause palestinienne.
« Les JO, ce n’est qu’un jeu »
Mais des commentaires sur les réseaux sociaux et des déclarations de personnalités publiques, il ressort que la décision de Fethi Nourine est partagée par une large frange en Algérie.
Le jeune athlète est salué pour son courage et son « sens du sacrifice ». « Les JO, ce n’est qu’un jeu, la cause palestinienne c’est sérieux », lit-on dans un commentaire.
À ceux qui ont estimé que le judoka n’a rien gagné en agissant de la sorte, l’ancien athlète et entraîneur Ahmed Mahour-Bacha a répondu sur Facebook : « Qu’est-ce qu’il a gagné ? Il pourra se regarder dans le miroir, chaque matin, sans avoir honte et aura la satisfaction d’avoir été jusqu’au bout de ses convictions. Cela n’a pas de prix. Il rejoint les nombreux héros du sport mondial qui ont sacrifié leurs carrières et parfois leurs vies pour des convictions et des principes. Il est l’égal de John Carlos, Bob Beamon, Lee Evans, Mohamed Ali et j’en passe ».
En décembre dernier, la participation du footballeur algérien de l’OGC Nice (Ligue 1 française) à un match de coupe d’Europe en Israël, avait donné lieu à une vive polémique.
Bien que certains aient compris la position du joueur de 20 ans, tenu de respecter les termes de son contrat avec son club, beaucoup ne lui ont pas pardonné son déplacement en Israël, assimilant cela à une « normalisation ».