Société

Bras de fer autour d’un projet de foyer pour enfants au cœur de la forêt de Bouchaoui

Depuis quelques semaines, un bras de fer s’est engagé entre des habitants de quartiers limitrophes à la forêt de Bouchaoui et le réseau de protection de l’enfance (Nada) autour du projet de création d’un foyer de cœur censé accueillir jusqu’à 200 enfants en situation difficile.

La raison ? L’endroit choisi pour la réalisation dudit foyer est loin de faire l’unanimité.

Dans une vidéo, largement partagée sur les réseaux sociaux ces derniers jours, les riverains dénoncent la fermeture de l’un des quatre accès de la forêt de Boucahoui et la « destruction » d’une partie de la forêt Baroudi.

Sur place, c’est une population inquiète et en colère que nous avons rencontrée. Soucieux de sauver ce qu’ils considèrent comme l’unique espace de détente auquel ils ont accès, les protestataires assurent poursuivre la lutte jusqu’à ce que le projet soit délocalisé. « Nous, habitants de Bouzad Ali, El-Qaria, Sidi Hassen, Bouchaoui 3, Bouchaoui-Centre… exigeons que ce projet s’arrête », lance Bakhti Ahmed, président de l’association patience et espoir.

Les riverains assurent ne pas être contre le projet qu’ils jugent néanmoins d’utilité publique, mais juste « contre l’endroit choisi ». « Il n’est pas question que ce foyer soit planté à cet endroit », lancent en chœur une dizaine de personnes décidées à empêcher les travaux. « S’il le faut, on ramènera nos femmes et nos enfants pour occuper les lieux à chaque fois que ça sera nécessaire », assurent-ils.

Des arbres abattus

Les protestataires disent également avoir lancé une pétition pour empêcher le projet de voir le jour dans l’enceinte de la forêt, l’un des derniers espaces verts de la capitale. « Nos femmes viennent ici toutes seules tellement c’est calme. Nous priver de cet endroit, c’est nous priver de la vie », déclare un homme visiblement en colère.

Selon eux, les promoteurs du projet envisagent de fermer le seul accès que les habitants des quartiers déjà cités ont à la forêt de Bouchaoui. Autre objet de colère : l’abattage des arbres. « 11 arbres ont déjà été abattus », s’indigne l’un des protestataires. Et à un autre d’ajouter : « En tout, il y en aura douze. On commence par couper les racines et laisser les arbres mourir ».

Conscients de l’importance du projet et de son utilité, les riverains insistent sur le fait que tout ce qu’ils veulent est que « leur » forêt soit préservée. « À quelques centaines de mètres d’ici, on a construit un centre de désintoxication. Nous n’avons rien dit, puisque l’endroit qu’on lui a choisi est loin de nos espaces de détente et de repos », lance un autre citoyen remonté.

Mal-information

Contacté, Arar Abderrahmane, président du réseau NADA, qui regroupe 150 associations activant dans les droits de l’enfant et initiateur du projet, s’est montré outré par le comportement des protestataires qu’il dit ne pas comprendre.

« Ils sont mal informés. Le projet est en totale harmonie avec l’environnement. Et ça restera aussi un espace ouvert pour toutes les familles ainsi que pour leurs enfants », affirme M. Arar qui assure avoir essayé d’amorcer le dialogue. « Personne n’est venu au rendez-vous qu’on s’est fixé hier pour en parler », s’est-il indigné.

Quant à l’accès de ce côté de la forêt, M. Arar, mettant l’accent sur la difficulté de trouver un terrain, assure qu’il n’a jamais été question de le fermer. Encore mieux, il a affirmé que « tous les accès resteront ouverts et tout le monde sera le bienvenu pour assister aux activités du foyer ».

Quant au non-respect de l’environnement, M. Arar insiste sur le contraire.  « Les espaces qu’on va aménager sont de l’ordre de deux (2) hectares, mais les chalets n’occuperont que 300 M2 », dit-il, avant de rappeler que le foyer de cœur accueillera, à terme, jusqu’à 200 enfants la journée avec une capacité d’hébergement de 20 enfants.

Notre interlocuteur n’a pas omis de rappeler le long chemin parcouru jusque-là pour mener à terme le projet en question. « Cela fait dix ans qu’on le prépare », dit-il en rappelant notamment la difficulté de dégager les ressources et l’assiette foncière nécessaires  ». Et à M. Arar de conclure : « Combien d’enfants dorment-ils dehors ? Combien d’enfants qui ne sont pas protégés ? Si on ne leur apporte pas un soutien, c’est la délinquance qui va primer sur la société ».

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