La société française est décidément tout sauf apaisée sur toutes les questions liées à sa composante musulmane.
Les polémiques ne s’estompent que pour mieux repartir. Depuis quelques jours, le port du burkini et la position envers les LGBT occupent le débat public en France.
A peine l’élection présidentielle passée, avec la réélection du président Emmanuel Macron et la montée sans précédent de l’extrême-droite, que se profile une autre échéance électorale, les législatives de juin, avec leur lot de débats sur la place de l’islam et des musulmans dans ce pays.
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Cette fois, la classe politique se déchire sur une question qui, en principe, relève de la liberté individuelle des gens : autoriser ou non le port du burkini dans les piscines publiques.
Le burkini (contraction de burqa et bikini) est une tenue de nage qui couvre presque tout le corps, et de nombreuses femmes musulmanes le portent pour nager tout en restant dans la conformité avec les préceptes de leur religion. Inventé il y a une quinzaine d’années, ce maillot est utilisé aussi par des non musulmanes comme moyen de protection contre le soleil.
Si partout on y a vu une tenue ou une mode qu’il appartient à chacun d’adopter ou non, en France elle est considérée comme un signe religieux ostentatoire, donc à combattre au nom de la laïcité.
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Le débat est relancé dans cette période pré-électorale suite à la décision du maire écologiste de Grenoble, Éric Piolle, d’autoriser le port du burkini dans les piscines de la municipalité. A dessein ou malgré lui, il a offert à une partie de la classe politique, la droite et l’extrême-droite, du pain béni pour la campagne.
Les mêmes voix qui fustigent la communauté musulmane sont montées au créneau.
« En autorisant le burkini à la piscine municipale de Grenoble, Eric Piolle veut soumettre la République aux pressions islamistes », a réagi Marine Le Pen, candidate malheureuse du Rassemblement national (extrême droite) aux présidentielles 2022. « Les députés RN défendront l’interdiction du burkini dans les piscines et plages publiques », a-t-elle promis.
Hypocrisie
« Au nom de la liberté, on accroît l’islamisation du pays », a réagi pour sa part Éric Zemmour, dénonçant une « extension de l’islamisation visuelle du pays ».
Sans surprise aussi, Valérie Pécresse (autre candidate malheureuse à la présidentielle 2022) qui fait partie des précurseurs de l’interdiction du burkini lorsqu’elle était présidente de la région Île-de-France, est vent debout contre la décision du maire de Grenoble.
Simultanément à cette croisade anti-burkini, une autre polémique a éclaté autour du soutien à la communauté dite LGBT englobant notamment les homosexuels et les transgenres.
Comme elle le fait chaque année à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre l’homophobie, la Ligue française de football a consacré une journée du championnat pour exprimer la solidarité du monde du football avec cette communauté, en floquant un message explicite sur les maillots des joueurs.
Idrissa Gueye, joueur sénégalais du Paris Saint-Germain, a fait l’impasse sur le match de son équipe, comme il l’avait fait la saison passée à la même occasion.
Même s’il n’a exprimé aucune position, le joueur de confession musulmane est pris à partie dans toute la France, particulièrement par les mêmes voix qui prétendent que l’islam n’est pas compatible avec la République.
Car Idrissa Gueye a en plus le « tort » d’être musulman. La solidarité avec cette communauté LGBT se fait pourtant au nom du respect de la liberté individuelle, mais on dénie au joueur le droit de disposer de sa propre liberté, celle de choisir ses opinions.
Car c’est de cela qu’il s’agit. Toute la France n’est pas acquise à la cause de cette communauté et les marches grandioses appelées « manif pour tous » en opposition au « mariage pour tous », n’ont jamais choqué.
Signe de l’hypocrisie d’une partie de la classe politique française, parmi ceux qui s’en sont pris au joueur sénégalais, jusqu’à réclamer des sanctions, se trouve une certaine Valérie Pécresse, connue en France comme une fervente adepte des « manif pour tous ».