Société

« Cagnotte de la honte » en France : Jean Messiha risque gros

Le lancement d’une cagnotte dite de la honte, en soutien à la famille du policier qui a tué le jeune Nahel à Nanterre, près de Paris le 27 juin dernier, risque de ne pas passer sans lourdes conséquences pour ses initiateurs, notamment le polémiste d’extrême-droite Jean Messiha.

Ce qui est désormais qualifié en France de « cagnotte de la honte » a été lancée après la mise en examen et l’incarcération du policier Florian M. pour « homicide volontaire ».

L’agent de l’ordre avait tiré à bout portant sur le jeune d’origine algérienne, Nahel, 17 ans, au cours d’un contrôle routier, mardi 27 juin à Nanterre, près de Paris. Ce meurtre a donné lieu à de violentes émeutes qui ont embrasé toute la France pendant plusieurs jours.

Deux cagnottes ont été lancées quasi simultanément : une en soutien à la famille du policier, une autre en faveur de la famille du jeune tué. La première a récolté, entre le 29 juin et le 4 juillet, date de sa clôture, plus de 1,6 million d’euros. Plus de 90.000 donateurs y ont contribué.

Celle destinée à aider la mère de la victime a récolté un peu plus de 500.000 euros.

Le lancement même d’une cagnotte en faveur d’un homme inculpé d’homicide volontaire a choqué en France et au-delà.

La « cagnotte de la honte », signe de l’extrême droitisation de la société française

Les sommes colossales récoltées en quelques jours seulement sont également perçues comme un signe de l’extrême droitisation de la société française.

« La cagnotte de la honte qui a été initiée pour un policier mis en examen et écroué pour homicide volontaire dénote de la facture démocratique et du triomphe idéologique de l’extrême-droite qui touche de larges pans de la société française », estime, dans un entretien à paraître sur TSA, l’islamologue Ghaleb Bencheikh.

La famille de la victime a fini par déposer plainte contre l’initiateur de la cagnotte, Jean Messiha, et la justice a décidé d’ouvrir une enquête. Pour rappel, le ministère de l’Intérieur français a décidé exceptionnellement de ne pas suspendre le salaire du policier que sa famille continuera donc à percevoir.

La plainte de la famille de Nahel vise nommément Jean Messiha auquel divers faits sont reprochés : « Escroquerie en bande organisée », « recel de détournement », « manœuvres frauduleuses », « violation du secret de l’instruction », « mensonges »…

Les « mensonges » du polémiste sont d’avoir présenté Nahel comme un « multirécidiviste » alors que son casier judiciaire est vierge et le policier comme un « héros du Bataclan » alors qu’il n’était pas intervenu lors des attentats de 2015.

Messiha avait accompagné la « cagnotte de la honte » lancée sur la plateforme GoFundMe par ce message : « Soutien pour la famille du policier de Nanterre, Florian M. qui a fait son travail et qui paie aujourd’hui le prix fort. »

Mais les avocats de la famille de la victime soupçonnent une volonté de détournement de l’objet initial de la cagnotte et se demandent quel est l’objectif final de l’initiative.

Ils expliquent que même si l’argent est effectivement remis à la famille du policier, il pourrait être utilisé à payer des amendes, des dommages et intérêts ou des frais d’avocat, alors que la loi interdit le paiement de telles charges avec une cagnotte.

L’ensemble des faits reprochés à Jean Messiha peuvent lui valoir jusqu’à 10 ans d’emprisonnement, a indiqué le site internet du journal Indépendant.

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