Ce qui se passe depuis près d’un mois sur l’autoroute reliant Alger à Tizi-Ouzou est l’exemple parfait de ce qu’il ne faut pas faire dans la conduite des grands travaux publics en Algérie.
Un axe routier d’une importance névralgique pour une région entière du pays est presque fermé complètement sur une dizaine de kilomètres pour cause de réfection de la chaussée.
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Les citoyens vivent le calvaire chaque week-end, et quotidiennement pour les nombreux habitants de la région qui travaillent à Alger et Boumerdès.
Les travaux concernent la restauration du tronçon entre Draa Ben Khedda et Tadmait, sur une dizaine de kilomètres. La chaussée est complètement abîmée et il était temps en effet qu’elle soit refaite.
Sauf que son état nécessite le remplacement de toutes les couches de la chaussée et pas seulement la mise en place d’une nouvelle couche de bitume.
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Pour de tels travaux, il fallait une entreprise aux moyens solides et un planning minutieux pour exécuter le chantier avec le minimum de désagréments aux usagers de l’autoroute, encore une fois très nombreux.
Or, à voir ce qui se passe sur place, il est difficile de croire qu’on s’est soucié des automobilistes.
Les travaux ont commencé il y a plus de trois semaines et l’entreprise ne semble pas pressée de les achever. A moins qu’elle n’ait pas les moyens humains et matériels nécessaires.
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Surtout, elle semble avoir opté pour la facilité. Au lieu de procéder par tronçons d’un ou deux kilomètres, elle a entrepris de refaire d’un coup l’ensemble d’une voie, pour ensuite attaquer l’autre sens.
Les travaux de creusement ont été effectués sur dix kilomètres et la voie est tout simplement fermée. La circulation se fait en double sens sur l’autre voie, ce qui donne lieu quotidiennement à d’énormes embouteillages, aggravés par les entrées et sorties de la ville de Draa Ben Khedda.
Une cadence lente
Un automobiliste de retour de Tizi-Ouzou le week-end dernier, jure qu’il a mis deux heures et demi pour faire les dix kilomètres entre Draa Ben Khedda et Tadmait. Ce samedi, un autre automobiliste affirme avoir passé près d’une heure sur le même tronçon.
En dehors des week-ends, il faut compter au minimum une heure de plus pour faire le trajet Tizi-Ouzou – Alger qui se fait habituellement en une heure et demie. Aux heures de pointe, le matin, le soir et le week-end, c’est un véritable calvaire que vivent les automobilistes.
Tout cela devant le regard indifférent des autorités qui ont aussi grandement failli en matière de communication. Elles n’ont pas fait l’effort de s’exprimer sur les travaux, leur durée prévisionnelle et les alternatives pour les usagers de la route.
Sur place, il n’y a presque pas de signalisation pour orienter les automobilistes hormis des panneaux annonçant les travaux à l’entrée du chantier. Des futs aux couleurs rouge et blanc sont parfois alignés pour délimiter le sens de la circulation. De nuit, la circulation automobile devient dangereuse et les risques d’accidents sont nombreux, faute de signalisation adéquate.
Le plus condamnable dans cette situation c’est la cadence à laquelle sont menés les travaux et la décision de réaliser tout le tronçon d’un coup au lieu de procéder par tranches.
Sur place, l’entreprise en charge des travaux n’a visiblement pas mobilisé les grands moyens. Par exemple, ce samedi, les travaux semblent à l’arrêt, hormis la présence de quelques camions et engins de travaux publics.
Les désagréments sont inévitables dans ce genre d’intervention, mais les autorités ont le devoir de les réduire autant que faire se peut. Laisser des dizaines de milliers de citoyens galérer sur la route en plein été et pendant un mois (et ce n’est que le début), signifie qu’aucun effort n’a été fait pour trouver des solutions.
En attendant la fin des travaux, que personne ne sait combien ils dureront encore, les automobilistes, ceux qui sont obligés d’emprunter quotidiennement cet axe, se débrouillent comme ils peuvent.
Beaucoup font le détour par la région de Sidi Naamane. Les autres, ceux dont le déplacement n’est pas nécessaire, ajournent leur voyage pour après la fin des travaux qui risquent, à ce rythme, de durer encore plusieurs semaines. Dans tous les cas, les usagers de l’autoroute Tizi-Ouzou – Alger vont souffrir le calvaire cet été, avec le début des grandes vacances.
Une autre question se pose : pourquoi la chaussée s’est dégradée à un point où d’importants travaux de réfection, nécessitant la réparation de l’ensemble du corps de chaussée sont nécessaires ? De tels travaux nécessitent d’importants coûts comparativement au simple remplacement de la couche superficielle de bitume.