Comme il fallait s’y attendre, le premier jour de la campagne électorale n’a pas été de tout repos pour les cinq candidats à l’élection présidentielle du 12 décembre.
Première illustration d’une campagne qui commence dans des conditions particulières : à Alger et dans plusieurs autres wilayas, les panneaux prévus pour accueillir les affiches électorales des cinq candidats demeurent vierges.
Benflis hué à Tlemcen
Certains panneaux ont été saccagés et d’autres ont accueilli au lieu des affiches des sacs-poubelles ou encore des photos des détenus du Hirak.
Côté candidats, Ali Benflis a choisi la ville de Tlemcen pour entamer sa campagne. Il a animé, ce matin, un meeting au niveau de la Maison de la culture du chef-lieu devant quelques dizaines de partisans.
À l’extérieur, plusieurs dizaines de manifestants, dont des étudiants, entourés par dispositif policier, se sont rassemblés pour dénoncer la venue du candidat aux cris de « Benflis dégage ! » et « il n’y aura pas de votre à Tlemcen ! ».
« H’na Ouled Amirouche, marche-arrière ma nwelouch (Nous sommes les enfants du (martyr) Amirouche, on ne va pas faire machine arrière) », ont encore scandé les manifestants.
À la suite de cette manifestation contre la venue de Benflis et contre les élections du 12 décembre, plusieurs arrestations auraient été opérées. On parle de 37 interpellations.
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Bengrina conspué à Alger
Abdelkader Bengrina a voulu marquer cette première journée en optant pour une sortie sur le parvis de la Grande Poste, haut lieu du Hirak.
Même si son programme a été tenu secret jusqu’à ce dimanche matin, sa sortie dans la capitale a tourné court. Le siège de sa permanence a fait l’objet de jets d’œufs de la part de citoyens opposés à l’élection présidentielle.
Entouré d’un nombre restreint de partisans, Bengrina a dû écourter un mini-meeting improvisé sur l’un des parvis de la Grande- Poste avant de prendre la fuite dans son véhicule sous les huées de manifestants, escortés par un important dispositif de sécurité.
Plus tard, lors d’une rencontre avec « les élites », retransmise par les chaînes de télévision, Bengrina a revendiqué son appartenance au « premier Hirak », « celui des 10 premières semaines ».
Débuts difficiles pour Tebboune
La campagne commence également mal pour Abdelmadjid Tebboune. L’ancien premier ministre a perdu son directeur de campagne, Abdallah Baali, qui a démissionné pour des raisons inconnues.
Le candidat n’a fait aucune apparition publique. Officiellement, Abdelmadjid Tebboune était attendu à Adrar, mais jusqu’en fin de journée, aucune activité du candidat n’a été signalée.
À Alger, Tebboune a désigné le responsable de la commission jeunesse de sa campagne électorale, Hassan Mermouri – ancien ministre du Tourisme sous Bouteflika- pour s’adresser au peuple et notamment les jeunes, à partir de Sidi-Fredj dans la banlieue ouest d’Alger.
Les deux autres candidats, Azzeddine Mihoubi et Abdelaziz Belaid, ont tous deux choisis Adrar pour entamer leur campagne électorale. Ils ont notamment effectué une visite à la zaouia locale. Quelques manifestants se sont rassemblés dans le centre-ville pour dénoncer la venue des deux candidats. La police aurait procédé à des arrestations.
« Ulac l’vot »
Par ailleurs, à Béjaia, des dizaines de personnes ont tenu un rassemblement devant le siège de l’antenne locale l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) pour dire « non » aux élections. « Ulac l’vot » (pas de vote) a scandé la foule.
Dans la commune d’Ath Laaziz dans la wilaya de Bouira, des citoyens ont fermé l’entrée du siège de la mairie en érigeant un mur en brique, une manière de rappeler leur rejet de ces élections.