C’était déjà dans l’air. L’équipe nationale de handball a complètement raté sa participation à la Coupe d’Afrique des nations CAN-2018 qui se clôture ce samedi soir au Gabon, terminant le tournoi à la 6e place après sa défaite face au Gabon (23-24), soit sa pire participation dans l’histoire de cette compétition.
Pire. Pour la deuxième fois de rang, le Sept national a échoué à se qualifier au Championnat du monde de handball, n’atteignant même pas le dernier carré, une première depuis 2006 résultant de l’absence d’une stratégie fiable et efficace de quoi permettre à cette sélection d’amorcer son envol après plusieurs années de disette.
Désillusion, déception, débâcle, toutes les adjectifs sont valables pour qualifier la sortie ratée du Sept national au Gabon. Retour sur un échec prémédité.
« Préparation insuffisante »
Le premier responsable de cette débâcle, pour une discipline qui représentait par le passé la fierté du sport national, est incontestablement le président de la Fédération algérienne de handball (FAHB) Habib Labane, élu en avril 2017 avec l’objectif de relancer un sport aux abois, mais en vain.
Selon les observateurs, Habib Labane aurait pu donner plus de moyens, et surtout de temps, à cette équipe pour pouvoir amorcer son départ, alors qu’elle a été longtemps en hibernation, soit depuis la CAN-2016 disputée en Égypte. Un constat soulevé par l’ancien coach national Mohamed Aziz Derouaz, qui avait offert cinq titres continentaux de rang à l’Algérie entre 1981 et 1989.
« La préparation n’a pas été la hauteur. Il aurait été préférable de donner plus de temps à cette équipe pour se préparer convenablement en vue de ce rendez-vous africain (..).. La mauvaise gestion continue toujours de sévir, et c’est le handball national qui en est victime », a affirmé récemment à TSA l’inventeur de la défense avancée.
Interrogé peu après son élection à la tête de l’instance fédérale sur la nécessité de désigner un nouveau sélectionneur pour préparer la CAN-2018, Labane avait estimé que l’« urgence » restait les championnats du monde des moins de 21 ans (U-21) disputé à Alger l’été dernier, reléguant la sélection nationale en seconde position de ses priorités, alors que l’idéal était de nommer un coach tout en préparant en parallèle le rendez-vous mondial abrité par la capitale. Pourquoi Labane a attendu sept longs mois pour nommer un entraîneur pour les Verts? Une question restée en suspens, alors que son argument évoqué était loin de convaincre les puristes.
À la veille du départ de la délégation algérienne pour Libreville, l’entraîneur national Sofiane Haiouani a relevé « le manque de préparation », lors d’un point de presse tenu à Alger.
« Nous avons entamé notre mission avec cette équipe le 27 novembre dernier. Au total, nous avons eu 32 jours de préparation ce qui reste à mon avis insuffisant pour préparer un tournoi majeur comme la CAN. Cette sélection est restée pratiquement en hibernation depuis le Mondial 2015 au Qatar avec un volume de quatre mois de travail en trois ans », a regretté Haiouani, une manière de dégager d’emblée toute responsabilité en cas d’échec.
Hasanafendic avait senti le roussi
Avant l’arrivée de Sofiane Haiouani et Mohamed Seghir Zinédine à la barre technique du Sept national en novembre dernier, la FAHB devait conclure avec l’ancien driver de la Tunisie le Croate Saed Hasanafendic, mais ce dernier a fini par se rétracter.
Attendu comme un messie lors du tournoi des Quatre nations disputé en octobre dernier en Tunisie qui s’est déroulé en sa présence sur le banc algérien avec, à la clé, trois défaites de suite, face au Bahreïn, à l’Arabie Saoudite et au pays organisateur, Hasanafendic est reparti sans jamais revenir en sélection algérienne. La faute à des responsables « qui ont envenimé les relations entre Labane et Hasanafendic », selon des échos parvenus de la maison de l’instance fédérale.
Le faux bond du Croate a poussé Habib Labane a jeté son dévolu sur les services de l’ancien entraîneur du CR Bordj Bou Arréridj, Sofiane Haiouani, qui venait de faire chuter l’ogre GS Pétroliers en Supercoupe d’Algérie.
S’en est suivie une période de préparation loin de convaincre les spécialistes de la discipline mais également les joueurs, les véritables acteurs, qui se sont sentis « livrés à eux-mêmes », comme l’a si bien résumé le capitaine de l’équipe nationale le gardien de but Abdallah Benmenni (GS Pétroliers) à la veille de cette 23e édition de la CAN.
« Nous n’avons pas bénéficié d’une préparation à la hauteur pour ce tournoi. Nous avons touché le fond en matière de prise en charge, nous avons été lésés, livrés à nous-mêmes et abandonnés. L’Équipe nationale est restée inactive depuis plusieurs mois, ce que je qualifie d’inadmissible », a-t-il regretté.
Outre la triste réalité du terrain, le président de la FAHB a fait l’objet d’une tentative de renversement en décembre dernier de la part de certains membres de son bureau fédéral, alors que le demi-centre Abdelkader Rahim a décidé, sur un coup de tête, de quitter de son plein gré le stage de l’équipe nationale effectué à Doha (Qatar) à la veille de la CAN, deux tâches noires qui ont fini par porter atteinte à la sérénité du groupe.
Un avenir incertain
Les résultats réalisés par l’équipe nationale lors de son expédition gabonaise étaient prévisibles, eu égard au « mépris » et au « manque de considération » affichés par les responsables, appelés à assumer leurs responsabilités suite à cet échec.
« Après la compétition, un bilan se fera avec la fédération. Je crois au travail, j’ai peur encore de l’hibernation. J’ai peur que nos résultats démotivent les responsables. C’est une phase de transition, il faut remettre cette équipe en place. Dans quelques mois nous disputerons les jeux Méditerranées qui font partie de notre programme de travail, puis il y aura la Coupe d’Afrique 2020 en Tunisie qui sera qualificative aux jeux Olympiques », a indiqué Haiouani, peu après l’élimination de l’Algérie en quarts de finale du tournoi face à l’Angola (29-27).
Mohamed Aziz Derouaz est allé plus loin en appelant carrément à la « révolte » dans l’objectif de destituer le président de la FAHB, tenu premier responsable de la débâcle.
« J’interpelle notamment les membres de l’Assemblée générale de la FAHB pour réagir devant cette mascarade, et cesser de cautionner ce genre de gestion. J’appelle au retrait de confiance. Le mal est que nous avons touché le fond et on continue toujours à creuser », a-t-il souligné.
En attendant que le handball national, en général, et l’équipe nationale, en particulier, puissent sortir du fond du trou, tous les acteurs sont appelés et faire preuve de sagesse et de responsabilité, alors que le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) est sommé de mettre le holà pour stopper l’hémorragie.