Du stage précompétitif effectué à Doha jusqu’à la consécration vendredi 19 juillet au stade international du Caire, des faits marquants se sont produits pour l’EN de football sur son chemin vers sa 2e étoile continentale, 29 ans après un premier sacre remporté à domicile.
Avant la finale remportée face au Sénégal (1-0), les joueurs algériens ont vécu une expérience unique dans les annales du football algérien, et une expérience humaine forte en émotions, sous la conduite du sélectionneur Djamel Belmadi, considéré comme le principal artisan du sacre. Retour par ordre chronologique dans ce qui a été l’épopée de l’Algérie en Égypte.
Belmadi annonce la couleur
Djamel Belmadi est un gagneur et il ne le cache pas. Le 1er juin dernier au Centre technique de Sidi Moussa (Alger), le sélectionneur national annonce la couleur. « Je ne suis pas de l’avis de ceux qui disent que cette CAN est une transition. J’avais dit qu’il fallait dans un premier temps se qualifier, avant de se fixer un objectif. Personne ne nous interdit d’être ambitieux. Nous avons l’ambition d’aller gagner cette CAN. Changer de discours est une stratégie, c’est ma manière de fonctionner, mais je ne garantis rien. Nous allons tout faire pour y parvenir. Nous avons le droit de viser le plus haut possible », lance Belmadi lors d’un point de presse tenu au Centre technique national de Sidi Moussa (Alger). Cinquante jours après, il revient en Algérie, avec le trophée.
Affaire Belkebla – démission de Dellal : Belmadi désamorce la « bombe »
Tout a mal commencé pour l’équipe nationale durant son stage effectué à Doha du 8 au 18 juin. Rendu coupable pour un comportement inapproprié en plein regroupement, le milieu défensif du Stade Brestois (France) Haris Belkebla est aussitôt renvoyé pour indiscipline, pour être remplacé par Andy Delort (Montpellier).
Le joueur de 25 ans qui honorait pourtant sa première convocation en équipe (A) a été accusé de salir la réputation de la sélection à moins de deux semaines du coup d’envoi de la CAN-2019.
Quelques jours plus tard, l’équipe nationale est secouée par une autre affaire, celle relative à la démission du préparateur physique français Alexandre Dellal, suite à une altercation avec un membre du staff technique.
Tout laissait présager une préparation loin d’être sereine pour une équipe nationale qui espérait se relancer sur le plan continental, mais c’est plutôt le contraire qui s’est produit. Le mérite revient sans doute au sélectionneur Djamel Belmadi, qui a su protéger ses joueurs et les « enfermer » dans leur bull pour leur éviter d’être perturbés.
Test amical face au Mali : les Verts annoncent la couleur
Ayant réussi à tourner la page de ces deux mauvais épisodes qui auraient pu porter un coup à la sérénité du groupe, les coéquipiers de Youcef Atal, sont entrés en plein fouet dans la préparation effective de la CAN avec deux tests amicaux disputés au Qatar.
Le premier match amical s’est disputé le 11 juin contre le Burundi, qui s’apprêtait à participer à la première CAN de son histoire. A la surprise générale, les Algériens ont été tenus en échec par une modeste équipe burundaise (1-1).
Cinq jours plus tard face au Mali, la sélection nationale est parvenue à réaliser une belle prestation face à une bonne équipe malienne. Menée au score à deux reprises, l’Algérie a réussi à revenir à hauteur des « Aigles » pour l’emporter au final (3-2), grâce au premier but en sélection d’Andy Delort.
Un match référence qui a permis aux Verts de se mettre au rythme de la CAN, à deux jours de son départ pour Le Caire pour prendre part à la 32e édition du tournoi continental.
Victoire face au Sénégal : l’Algérie impose le respect
Après avoir bouclé une phase préparatoire réussie, et surtout riche en enseignements pour Belmadi, les Verts rejoignent la capitale égyptienne le 18 juin pour s’attaquer à la compétition.
Comme il fallait s’y attendre, l’Algérie a entamé le tournoi tambour battant en dominant avec autorité et aisance le Kenya (2-0) grâce à Bounedjah (34e, s.p) et Mahrez (43e). Un succès qui a mis l’équipe nationale sur de bons rails en prévision du reste du parcours.
Le 27 juin au stade du 30 juin du Caire, l’Algérie a affiché d’emblée ses ambitions d’aller jusqu’au bout de son objectif, en s’imposant face au Sénégal (1-0), considéré comme l’un des favoris en puissance pour succéder dans le palmarès de l’épreuve au Cameroun, éliminé par la suite en 1/8es de finale.
Désormais qualifiée et surtout assurée de terminer leader de son groupe C au bout de la deuxième journée, la sélection nationale a défié le 1er juillet la Tanzanie, pour le dernier match du premier tour, avec un onze largement remanié, en présence de 9 joueurs « remplaçants ». La richesse du banc a constitué l’un des atouts des Verts en Égypte dans ce tournoi.
Grâce à un doublé et une passe décisive d’Adam Ounas, lancé dans l’arène par Belmadi, l’Algérie a enchaîné un troisième succès en autant de matchs, ce qui n’était plus arrivé depuis la CAN-1990 disputé à domicile.
L’Algérie s’offre la Côte d’Ivoire au bout du suspense
Après avoir passé le cap des 1/8es de finale en s’imposant facilement face à la Guinée (3-0) le 7 juillet, l’Algérie doit désormais affronter les grosses cylindrées africaines pour pouvoir poursuivre sa belle aventure. Le premier écueil n’est autre que la Côte d’Ivoire en quarts de finale.
Quatre ans après l’élimination des Verts à ce même stade de la compétition face au même adversaire à la CAN-2015 en Guinée-équatoriale (3-1), l’Algérie parvient à prendre sa revanche en venant à bout des « Éléphants » au stade de Suez, au terme d’un match à suspense, qui s’est terminé à l’issue de la séance fatidique des tirs aux buts (1-1, aux t.a.b : 4-3).
Déterminés à redorer le blason de la sélection face à une redoutable équipe ivoirienne, les coéquipiers du défenseur Djamel Eddine Benlameri, filent dans le dernier carré et égalent la performance réalisée neuf ans plus tôt à la CAN-2010 en Angola. Désormais, le trophée est à portée de mains.
Mahrez : le buteur providentiel
Maintenant, l’équipe algérienne n’est qu’à 90 minutes de la grande finale. Le Nigeria est venu se dresser sur le chemin de la bande à Belmadi, où rien ne semble l’arrêter dans la quête d’une deuxième étoile continentale.
Le 14 juillet au stade international du Caire, les joueurs algériens sont allés puiser dans leurs ressources pour arracher une belle qualification pour la finale.
Tout a bien commencé pour l’Algérie qui a pris l’avantage peu avant la pause grâce à un but contre son camp du défenseur nigérian Troost-Ekong (40e). Mais en seconde période, les Verts, à court physiquement, ont fini par concéder le but d’égalisation inscrit par Odion Ighalo (72e), qui allait terminer meilleur buteur de la compétition avec 5 réalisations. Tout est à refaire pour l’Algérie.
Alors qu’on jouait le temps additionnel, le capitaine Riyad Mahrez délivre les siens et propulse l’équipe nationale en finale, grâce à un coup franc magistral (90e+5). Un peu plus tôt dans la journée, le Sénégal élimine la Tunisie (1-0, a.p) et atteint la finale, 17 ans après une première perdue à la CAN-2002 face au Cameroun (0-0, aux t.a.b : 2-3) au Mali.
Bounedjah sur les traces d’Ouedjani
Toute l’Algérie retient son souffle en ce vendredi 19 juillet, coïncidant avec le 22e vendredi consécutif des manifestations populaires à travers le pays.
C’est le jour J tant attendu par tous les Algériens, qui priaient en ce jour saint pour voir leur équipe nationale sur toit de l’Afrique, après trois décennies de disette.
Face à une équipe sénégalaise qui a fait l’essentiel du jeu, l’Algérie s’est contentée de gérer le match et préserver l’avantage du but inscrit dès la 2e minute par Baghdad Bounedjah.
Le buteur d’Al-Sadd (Qatar) a réussi à trouver la faille d’un tir détourné par le défenseur Salif Sané, qui trompé la vigilance du portier Gomis.
29 ans plus tard, Bounedjah marche sur les traces de l’ancien attaquant de l’EN Chérif Ouedjani, auteur de l’unique but en finale de la CAN-1990 au stade du 5-juillet face au Nigeria (1-0).
Avec cette belle consécration, l’Algérie, sacrée meilleure attaque du tournoi avec 13 buts et meilleure défense avec 2 buts encaissés, signe son grand retour sur le plan continental, et rejoint de nouveau le gotha africain après plusieurs années de vaches maigres. Prochain défi : préserver cette dynamique et surtout confirmer son nouveau statut du nouveau Roi d’Afrique.