La CAN de football 2025 n’aura pas lieu en Algérie, ni l’édition suivante d’ailleurs. Non pas que le pays ne dispose pas des infrastructures et du savoir-faire nécessaires pour abriter la compétition la plus prestigieuse du continent, mais parce que les coulisses de l’instance qui gère le football africain, la CAF, en ont décidé ainsi.
Le jeu de coulisses, c’est ce que l’Algérie ne maîtrise pas et il se trouve que, chez la CAF du moment, c’est l’élément le plus déterminant pour peser sur les décisions, des plus insignifiantes, comme la récusation d’un arbitre ou le report d’un match, aux plus lourdes, comme donc l’obtention ou non de l’organisation d’une compétition d’envergure.
Grand pays du continent sur le plan politique, économique et même sportif, l’Algérie a légitimement postulé pour l’organisation de l’une des deux prochaines éditions de la CAN, une compétition qu’elle n’a pas accueillie depuis 1990.
D’autant plus qu’elle a considérablement renforcé ses infrastructures par la construction de nouveaux stades aux normes internationales.
Très peu de pays, et pas que du continent africain, peuvent se targuer d’avoir autant investi en un aussi court laps de temps dans les infrastructures sportives, les stades de football particulièrement.
Quatre stades de 40 à 50 000 places nouvellement construits, trois autres refaits à neuf, un aéroport dans presque chaque ville, des hôtels étoilés partout, il ne faut pas plus pour organiser la CAN, et même des tournois plus prestigieux.
L’Algérie vient d’ailleurs d’organiser les Jeux méditerranéens et la CHAN avec brio, montrant toute la compétence de ses cadres en la matière.
La CAF prise en otage, l’Algérie doit mettre tout son poids politique
À la candidature de l’Algérie pour la CAN 2025, la CAF a préféré celle du Maroc qui, non seulement n’a rien de plus en termes d’infrastructures ou d’expérience, mais traîne un motif qui ne devait lui laisser aucune chance si les choses devaient se passer normalement : la dernière fois qu’il a obtenu l’organisation de la CAN, le royaume s’est désisté à la dernière minute pour le prétexte farfelu du virus Ebola.
À l’époque, en 2015, les observateurs avaient compris que le souci du Makhzen était d’éviter le scénario cauchemardesque de voir les Algériens, alors au sommet de leur forme et sortant d’un mondial 2014 euphorique, triompher au Maroc même.
L’obtention de l’organisation de la CAN 2025, le Maroc la doit uniquement à l’influence au sein du comité exécutif de la CAF du président de sa fédération, Faouzi Lekjaa. C’est de bonne guerre, mais seulement si celui-ci s’était limité à défendre et imposer la candidature de son pays.
Mais l’Algérie est inexplicablement privée de la CAN 2027 au profit du Sénégal et de celle de 2029 qui, selon plusieurs sources informées, dont le journaliste algérien de BeIn Sport Hafid Derradji, est attribuée au tandem Bénin – Nigeria.
Hafid Derradji a été le premier à appeler les autorités du pays à retirer ses candidatures, seule réponse valable à ce stade à cette tentative d’humilier un grand pays.
Lundi soir, le tout nouveau président de la FAF, Walid Sadi, élu jeudi dernier, a été reçu par le président de la République. Une audience exceptionnelle qui présageait une décision exceptionnelle.
Ce mardi matin, la fédération a annoncé officiellement le retrait de la candidature de l’Algérie pour les deux prochaines CAN. Dans son communiqué laconique, elle n’a pas évoqué la véritable raison du retrait, car ne disposant pas de preuve matérielle de ce qui s’est passé dans les coulisses de la CAF. C’est à ce niveau que tout a été réglé et le président de la fédération marocaine a joué un rôle déterminant.
La FAF s’est contenté de dire que sa décision est « motivée par la nouvelle approche de la FAF relative à la stratégie de développement du football en Algérie. » Elle a ajouté qu’elle « concentrera désormais ses efforts dans la réorganisation et la redynamisation » du football en Algérie, de même qu’elle « réitère son engagement indéfectible » au profit du développement du football africain.
L’instance fédérale s’est contentée d’une formule passe partout pour éviter sans doute de porter des accusations sans preuves contre la CAF.
On comprend mieux maintenant pourquoi l’ancien président de la FAF, Djahid Zefizef, a été poussé à la démission en juillet dernier après son échec à se faire élire au comité exécutif de la CAF. L’ex-patron de la FAF a bien expliqué sa défaite par le jeu de coulisses qu’il ne maîtrise pas.
Avec d’autres pays régulièrement lésés, l’Algérie doit mettre tout son poids politique pour libérer cette instance africaine prise en otage. Le retrait de sa candidature est un premier grand pas vers cette œuvre salvatrice, même s’il intervient en retard.
La FAF aurait dû aller jusqu’au bout et dénoncer ensuite le système malsain de la CAF ou il fallait retirer la candidature bien avant pour attirer l’attention sur les jeux de coulisses au sein de l’instance africaine de football.