En plein entre-deux-tours des élections législatives, la communauté maghrébine de France a fait parler d’elle de fort belle manière, lors de la finale de la CAN des quartiers, remportée par l’Algérie face au Maroc.
C’était à l’occasion d’un tournoi de football inter-quartiers organisé à Mantes-la-Jolie dans la région Ile de France. La particularité du tournoi est que chaque équipe participante représente en même temps un quartier de la ville et une nation.
D’où son appellation atypique : « la Coupe d’Afrique des nations des quartiers », ou encore « la Coupe des nations mantaises », car il y a aussi des nations européennes représentées.
La pression est montée crescendo jusqu’à atteindre son paroxysme lorsque sont connus les deux finalistes : l’Algérie et le Maroc. Les équipes nationales des deux pays se sont évités lors de la dernière vraie CAN au Cameroun et en barrages de la Coupe du monde 2022, mais ce sont rencontrées en quart de finale de la coupe arabe en décembre dernier au Qatar. La victoire est revenue aux Algériens, futurs vainqueurs de l’épreuve.
Les deux équipes nationales comptent parmi les meilleures du continent avec leurs pléiades de stars évoluant en Europe. Aussi, les communautés algérienne et marocaine sont les plus importantes en France.
Et quand on ajoute le contexte politique qu’on connait, l’envie de gagner et la pression ne peuvent être que plus fortes à l’approche de la finale, jouée samedi 17 juin au stade Jean-Paul-David de Mantes-la-Jolie.
La presse française, qui s’intéresse à l’événement, parle d’un engouement et d’une incroyable émulation autour de la compétition, à priori de gala et sans enjeu.
« Ça montre qu’il y a une bonne ambiance dans les quartiers »
« À moins d’habiter une cité de 20 000 habitants densément peuplée, nul ne peut imaginer ce que Sofiane et Oualid ressentent à quelques heures de la finale », écrivait le Parisien dans son édition de mercredi dernier. Sofiane est le capitaine de l’équipe du Maroc, Oualid de celle de l’Algérie. Drapeaux de leurs pays respectifs brandis, ils posent ensemble pour le journal parisien.
« Dès que je sors, il y a toujours quelqu’un pour me dire : il faut gagner samedi, il faut les battre. Même si c’est de l’amateur, la pression est dingue », témoigne le Marocain. L’Algérien aussi est sous pression : « Tu ne peux pas mettre un pied dehors sans qu’on t’en parle ».
Les deux jeunes hommes de 23 et 26 ans affirment que leurs équipes se sont sérieusement préparées pour le tournoi, et particulièrement pour cette finale qu’il est interdit de perdre. Toute la passion qu’ont les Algériens et les Marocains pour le football s’est exprimée pendant les jours qui ont précédé la finale. Samedi à 18 h, c’est le grand rendez-vous.
Les tribunes sont pleines, ornées de vert et de rouge, mais tout s’est passé dans une ambiance bon enfant. Sur le terrain, le match est serré et il a fallu attendre les dix dernières minutes pour voir l’attaquant Tomy Bouseksou inscrire l’unique but de la partie au profit de l’Algérie.
Les « Verts » remportent haut la main la compétition après avoir échoué l’année passée en finale devant le Mali et l’année d’avant en demi-finale. Les deux finalistes, ainsi que toutes les équipes participantes tenaient à gagner, mais tous avaient une autre idée en tête : refléter le vrai visage de la jeunesse d’origine émigrée, une image différente de celle que véhicule une certaine presse et une partie de la classe politique.
Et c’est ce qui a été fait. En finale, les supporters des deux équipes ont chanté ensemble : « Trois, deux, un, vive les Marocains, one, two, three, viva l’Algérie ». « Ça montre qu’il y a une bonne ambiance dans les quartiers, contrairement à la mauvaise image qui peut être véhiculée dans les médias », estime un jeune supporteur.