Société

Canada : l’histoire d’une famille algérienne sous le coup d’une expulsion

Les Algériens sont nombreux à s’installer au Canada, notamment au Québec, ces trois dernières décennies. Certains se font néanmoins expulser au bout de quelques années, pour diverses raisons.

C’est le cas de cette famille algérienne de 4 personnes, au Canada depuis 4 ans, et qui a reçu l’ordre de quitter le pays en quelques semaines.

La famille est prête à tout pour ne pas revenir en Algérie où, déclare-t-elle, elle vivait dans la peur constante. Des propos que beaucoup d’Algériens ne partagent pas, trouvant que la situation décrite est quelque peu exagérée.

Melissa, 25 ans, a rapporté le calvaire de sa famille dans une émission de la radio canadienne 985fm. La famille a épuisé les voies de recours et devra quitter le territoire canadien en juin.

Melissa, son jumeau et leurs parents sont arrivés au Canada en 2019, non pas dans le cadre de la procédure d’immigration, mais avec de simples visas touristiques.

Sur place, ils ont introduit une demande d’asile. Quatre ans après, leurs démarches n’ont pas abouti. La demande a été rejetée par la section des réfugiés du Québec, puis par la section d’appel et enfin par la cour fédérale. Le 9 mai, la famille a reçu l’ordre de quitter le territoire.

Entre-temps, les quatre membres de la famille ont travaillé dur pour réussir leur installation, raconte la jeune fille. Le père, homme d’affaires à Alger, travaille comme aide-soignant au Québec, la mère, diplômée universitaire en France, exerce comme aide-éducatrice et le frère comme caissier.

Melissa, diplômée en finances et comptabilité en Algérie, a pu décrocher un emploi conforme à ses compétences dans une entreprise québécoise. La jeune femme assure aussi qu’ils n’ont jamais eu le moindre problème depuis leur arrivée au Québec et n’ont jamais vécu des aides sociales, mais seulement à la sueur de leur front.

« On devait vivre cachées car on ne portait pas le voile »

Tout cela aurait dû intercéder en leur faveur et leur permettre d’avoir leurs papiers. Mais l’administration a eu un autre avis. Elle n’a pas pris en compte aussi le fait que Melissa soit mariée à un Québécois, ou encore l’intervention de son employeur qui tient à la garder pour ses compétences. Dans l’entreprise où elle travaille, elle a vite gravi les échelons. C’est justement l’employeur qui a saisi l’émission de radio pour médiatiser l’affaire.

Selon le témoignage de la jeune femme, elle ne peut pas entamer une autre procédure en mettant en avant son mariage, dès lors qu’elle a reçu l’avis d’expulsion. La loi c’est la loi, mais pour cette famille, devoir refaire de nouveau sa vie en Algérie est une éventualité très dure à envisager. « Nous ne dormons plus », assure Melissa dans l’émission radiophonique.

Des Algériens du Canada ou d’Algérie ont exprimé leur solidarité avec Melissa, son frère et leurs parents, mais beaucoup ne partagent pas la description qu’elle fait de son pays d’origine.

Mélissa raconte d’abord que son père, homme d’affaires, était constamment menacé et a subi des injustices de la part de ses concurrents. Jusque-là, rien d’anormal. Là où certains trouvent qu’il y a de l’exagération, c’est lorsqu’elle assure que, elle et sa mère devaient se « cacher » à Alger, car elles ne portaient pas le voile islamique. « On ne remplissait pas les critères d’une bonne musulmane, on n’avait pas le droit de vivre. On était tout le temps soumises », assure-t-elle.

Le juge qui a jugé l’affaire lui a suggéré d’aller vivre dans une autre ville d’Algérie, ce à quoi elle a répondu que « c’est encore pire ailleurs que dans la capitale ».

Il est sans doute vrai qu’elles trouvent plus de liberté au Canada, mais la description faite de l’Algérie est exagérée. Les femmes qui ne portent pas le voile en Algérie sont nombreuses et ne sont pas obligées de vivre « cachées ».

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