L’Algérie enregistre annuellement plus de 14 000 nouveaux cas de cancer du sein et 3 500 décès dus à cette maladie, mais la pandémie de coronavirus affecte les malades, affirme Hamida Kettab, secrétaire générale de l’association El-Amel, dans un entretien à TSA.
Cette association aide les personnes atteintes de cancer, à l’occasion du lancement de la campagne « Octobre rose » dédiée à la sensibilisation contre le cancer du sein.
Une pathologie lourde mais qui n’est pas une fatalité, souligne Mme Kettab. « Aujourd’hui, le cancer du sein n’est plus une fatalité. Il y a le dépistage et un diagnostic précoce qui peuvent sauver des milliers de femmes », a-t-elle précisé, ajoutant que l’Association El Amel « est justement là pour rappeler l’importance du diagnostic précoce et aussi du dépistage ».
Cette recommandation bute néanmoins sur un problème de taille : l’inexistence de centres de dépistage dans le secteur public de la santé. « Il est vrai qu’actuellement en Algérie il n’y a malheureusement pas encore de centres de dépistage dans le secteur public mais ce n’est pas une raison pour ne pas se faire dépister », a indiqué Mme Kettab, exhortant les femmes à se faire dépister chez le privé.
« Il faut d’abord voir un médecin pour un examen clinique. Il ne faut jamais aller directement faire la mammographie », recommande-t-elle, tout en insistant sur le fait que le dépistage « reste le seul moyen pour prévenir cette pathologie ».
Pour elle, le mois d’octobre est l’occasion pour toutes les parties prenantes (associations, médias, professionnels de la santé…) de s’impliquer dans la lutte contre le cancer du sein.
La pandémie de Covid-19 a compliqué les choses
Cette année, contrairement aux années précédentes, la campagne de sensibilisation contre cette maladie intervient dans un contexte sanitaire exceptionnel marqué par l’épidémie du coronavirus.
À cet effet, l’association « El Amel » a prévu d’aborder les deux thématiques « cancer du sein et coronavirus » pour « répondre aux inquiétudes et aux questions des femmes atteintes de cancer du sein ».
En effet, la pandémie a affecté notablement les patientes atteintes du cancer du sein, « surtout durant les 3 premiers mois ». « Ce n’était pas très clair et il n’y avait pas une stratégie bien arrêtée pour prendre en charge les malades atteints de Covid-19 », souligne Mme Kettab qui parle de « grande panique ».
La prise en charge des malades atteints de Covid s’est alors faite « au détriment des patients atteints de maladies chroniques et surtout les personnes atteintes de cancer du sein et d’autres pathologies cancéreuses », déplore la présidente de l’association El Amel qui explique que des rendez-vous de chimiothérapie ont été reportés pour raison de Covid, de même pour les traitements et les rendez-vous pour la chirurgie.
« Ça a été très compliqué pour les cancéreux en général et les personnes atteintes de cancer du sein en particulier, car tout le monde sait que le facteur temps est très important dans les cas de cancer », regrette Mme Kettab qui ajoute que la question qui revient souvent chez les patients est relative aux conséquences négatives éventuelles de ces reports, tant en ce qui concerne le traitement que les chances de guérison.
Selon elle, la campagne « Octobre rose » sera l’occasion de répondre à l’ensemble des questionnements et inquiétudes et d’expliquer aux patientes la manière de gérer le stress et la façon de poursuivre le traitement pendant cette pandémie de Covid-19.