L’Algérie n’a pas les moyens d’acquérir des médicaments de dernière génération pour soigner ses cancéreux. L’aveu est du ministre de la Santé Abderrahmane Benbouzid. Une déclaration qui fait bondir l’éminent professeur en oncologie, Kamel Bouzid.
Le Professeur Bouzid recommande d’annuler les conventions contractées avec les hôpitaux français et belges. Sur les cinq dernières années, ces accords ont coûtés 150 millions d’euros, payés aux hôpitaux de ces deux pays, soit 30 millions d’euros par an.
Sur la déclaration du ministre de la Santé Abderrahmane Benbouzid, il fait observer : « Peut-être qu’on ne l’a pas tenu au courant de toutes les données, notamment le fait que la CNAS donne 150 millions d’euros aux hôpitaux français et belges, alors qu’ils n’ont qu’à nous les donner ».
Et d’ajouter : « On annonce fièrement qu’on fait des conventions avec la France et la Belgique. Pourquoi on ne fait pas de conventions ici ? Donc il y a 150 millions d’euros qu’on donne à la sécurité sociale de ces pays (depuis 5 ans à raison de 30 millions par an) pour faire fonctionner leurs hôpitaux. On n’a qu’à récupérer ces 150 millions d’euros et cela n’est pas des prérogatives du ministre de la Santé mais du Premier ministre voire du Président de la République ».
Le Professeur en oncologue qualifie de « mascarade » les allégations selon lesquelles l’Algérie n’aurait pas les moyens d’acquérir les thérapies innovantes. « Arrêtons cette mascarade, le Maroc a les moyens, pas l’Algérie ? Demain, on aura toutes les thérapies innovantes en dénonçant les conventions avec la France et la Belgique. Qu’on donne les moyens aux médecins algériens pour exercer correctement dans les Hauts-Plateaux, le Sud, etc. ».
Kamel Bouzid revient sur les déclarations du professeur Messaoud Zitouni coordinateur du plan national cancer qui a fait un état des lieux de la prise en charge en Algérie ainsi que les bons et les mauvais points du Plan cancer 2015-2019.
« Ce qu’a déclaré le Pr Zitouni me parait le plus objectif possible. Des points positifs ont été enregistrés et des points négatifs aussi. Tâchons d’arranger tout cela pour que ce soit meilleur en 2024 », préconise Pr Bouzid.
« La prise en charge (des cancéreux) a été meilleure en 2019 qu’en 2015. Il y a des choses qui ne sont pas parfaites qu’on peut arranger d’ici mai 2020 pour préparer le deuxième plan cancer », signale-t-il. Parmi les priorités, Pr Bouzid préconise d’adopter une meilleure organisation et l’implication des gestionnaires dans le plan cancer « ce qui n’a pas été le cas jusqu’à maintenant ».
Pr Bouzid cite le Centre anti cancer d’El Oued inauguré l’an dernier. « Pendant un an, le personnel, médecins et infirmiers, n’a pas été payé, et on trouve cela normal », s’insurge Kamel Bouzid.