Curieuse attitude des partis de l’Alliance présidentielle. Pas un seul mot de plus du FLN, du RND, de TAJ et du MPA depuis que leurs chefs respectifs ont annoncé il y a cinq jours avoir désigné Abdelaziz Bouteflika comme leur candidat à la prochaine présidentielle.
Pour les jours à venir, seul le vieux parti a programmé une activité en lien avec l’événement : un meeting à la Coupole du complexe olympique d’Alger qui devrait se tenir ce 9 février.
Au moment où les candidats déclarés multiplient les sorties médiatiques et investissent les réseaux sociaux, la pré-campagne ne s’emballe pas du côté des soutiens du « candidat de la continuité », ou candidat « par défaut » comme l’a qualifié le président du RCD lors de son dernier passage sur TSA.
Depuis la mi-décembre, lorsque les premiers bruits d’un possible report du scrutin ont commencé à se faire entendre, les quatre partis de la majorité ont multiplié les longues périodes de mutisme entrecoupées de sorties laconiques et synchronisées.
Le cinquième mandat, auquel certains avaient commencé à appeler depuis le printemps, était mis en veilleuse et les analystes ont vite conclu à une indécision au sommet de l’Etat, laquelle conclusion s’avérera fondée lorsqu’un parti fut mandaté pour vendre à l’opposition l’idée d’une conférence nationale, synonyme de report de la présidentielle et du prolongement du mandat actuel.
Le refus de l’opposition de marcher dans le plan l’a fait échouer et il ne restait plus que l’option de la reconduction de celui dont l’état de santé n’est plus ce qu’il était il y a cinq ans, de l’aveu même de ses plus fervents soutiens.
Avec la même synchronisation qui cache mal l’injonction, les partis de l’Alliance ont enfin appelé le président à se représenter. C’était juste après la convocation du corps électoral, le 18 janvier. C’est la décantation après plusieurs semaines de doute et de supputations et même le MPA de Amara Beyounès, qui s’était abstenu pendant tout l’été de prendre position par rapport à la présidentielle, est enfin rentré dans les rangs. Réuni le premier jour du mois en cours, son conseil national a solennellement appelé Bouteflika à briguer un autre mandat. Le lendemain, samedi 2 février, c’est la grand-messe au siège du FLN pour annoncer de concert le « choix » et la « volonté » des quatre partis de la majorité, même si les mines n’étaient franchement pas rayonnantes.
La campagne peut commencer ? On l’a cru un moment d’autant plus que juste après, le nom de celui qui va la diriger est fuité. Mais curieusement, c’est de nouveau le silence radio. Abdelmalek Sellal n’a même pas confirmé sa nomination à la direction de campagne par une action ou une déclaration publique.
On a assisté à des appels à la continuité, suivis de piques à l’égard d’Ali Ghediri, le candidat sorti de nulle part mais qui semble pris au sérieux chaque jour davantage. Puis plus rien.
Les supputations ont repris, cette fois sur la date de l’annonce de la candidature officielle du président et surtout la forme qu’elle prendra. On parle d’une lettre-message au peuple dans laquelle il promettra plein de choses allant dans le sens d’une réforme profonde de l’Etat… On n’en sait rien et il est à parier que ni le coordinateur du FLN ni les autres n’en savent davantage.
Mais en quoi est importante la voie par laquelle Abdelaziz Bouteflika annoncera sa candidature du moment que la probabilité qu’il se représente est maintenant quantifiée par le Premier ministre en personne : 99%. Pourquoi ceux qui ont acté la candidature du président tardent à occuper le terrain, ne serait-ce qu’en communiquant sur leurs activités au programme ou sur le déroulement de l’opération de collecte de signatures ? Encore une irrésolution au sommet ? Mais par rapport à quoi, maintenant que la grande question semble définitivement tranchée ?
Quoi qu’il en soit, le silence des quatre grands soutiens de Bouteflika en cette période de pré-campagne peut bien être le signe d’une énième injonction d’attendre. Ou bien d’un manque de conviction difficile à dissimuler…