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Candidature de Bouteflika : une « mauvaise nouvelle », écrit Le Monde dans son éditorial

Candidature de Bouteflika : une « mauvaise nouvelle », écrit Le Monde dans son éditorial

Le grand quotidien français Le Monde a consacré son éditorial de ce lundi 11 février à l’annonce de la candidature de Bouteflika qu’il a longuement commentée. « En Algérie, une fossilisation du pouvoir », titre le journal très critique quant à cette candidature qu’il qualifie de « mauvaise nouvelle ».

La candidature de Bouteflika à un cinquième mandat « n’est pas à proprement parler une surprise », pour Le Monde qui pense toutefois qu’il était possible d’« espérer » que le désormais candidat à sa propre succession, « renonce, à 81 ans, à briguer un cinquième mandat à la tête de l’Algérie », dans un « éclair de lucidité, de courage politique, voire de respect pour ses compatriotes ».

« Cette fossilisation du pouvoir scelle la rupture entre le sommet de l’Etat et la société, qui vivent deux histoires différentes », écrit l’éditorialiste qui voit « au sommet », le président Bouteflika « entouré d’un clan dont l’opacité est telle que les observateurs les plus avisés se disent aujourd’hui incapables d’en déchiffrer l’évolution ». A la « base », le journal voit « une société jeune, qui voudrait vivre dans le XXIe siècle mais étouffe dans le carcan qui lui est imposé ».

Le pacte consistant à ce que le peuple, « traumatisé par la terrible guerre civile des années 1990 », accepte « cette confiscation du pouvoir en échange d’un minimum de garanties sociales », est rompu, est-il expliqué dans l’éditorial. « Le fossé entre une jeunesse qui aspire à bouger et un pouvoir anachronique qui ne voit d’autre ligne que l’immobilisme ne peut que s’élargir », poursuit le journal français de référence.

Décrivant une société où les Algériens sont « morts d’ennui », où ils ont « pour tout refuge les réseaux sociaux » et où ils sont « incapables de se projeter dans l’avenir », l’éditorial rappelle l’aspiration de très nombreux Algériens à « partir à l’étranger », ce qui prive leur pays de « l’indispensable renouvellement des élites » et ôte « tout dynamisme aux classes moyennes ».

Une situation inquiétante aussi bien pour l’Algérie que pour la France, selon l’éditorialiste. La relation franco-algérienne, malgré son importance, « se porte mal, du moins au sommet », alors qu’elle « devrait être aussi étroite que la relation franco-allemande ».

« D’autres pays, comme la Chine, moins soucieuse des états d’âme de la population algérienne, profitent de cette paralysie pour renforcer leur implantation économique. Mais, lorsque les tensions s’aggravent en Algérie, c’est en France que commence le chemin de l’exode », écrit Le Monde qui regrette que la « main tendue par Macron » à Alger n’ait « pas été saisie ». « C’était une occasion de commencer à tourner la page du douloureux passé commun. Mais, de toute évidence, tourner la page ne fait pas partie des projets d’Abdelaziz Bouteflika », conclut l’éditorial.


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