Le président Français Emmanuel Macron tente un exercice d’explication après le tollé suscité dans le monde musulman par ses propos sur les caricatures controversées du prophète.
Dans un entretien de 55 minutes, accordé à Al Jazzera et qui devrait être diffusé ce samedi en fin d’après-midi, Macron a indiqué que les réactions à son discours du 21 octobre sont dues à des mensonges et une déformation de ses propos, selon un compte rendu de la chaîne qatarie sur son site internet.
« Je crois que les réactions sont dues à des mensonges et une déformation de mes propos qui ont fait que les gens ont cru comprendre que je soutenais ces caricatures », a-t-il expliqué.
Le président français ajoute que les caricatures en question « ne constituent pas un projet gouvernemental » et qu’elles ont été « diffusées par des journaux libres qui ne dépendent pas du gouvernement ».
Emmanuel Macron a dit comprendre « les sentiments des musulmans par rapport à ces caricatures », tout en dénonçant ceux qui en « déformant l’Islam » « font du mal d’abord aux musulmans ».
Lors d’un hommage rendu au professeur Samuel Paty, assassiné pour avoir montré des caricatures du Prophète à ses élèves, Emmanuel Macron avait indiqué mercredi 21 octobre qu’il ne renoncera pas à la publication des caricatures.
Il avait insisté le 25 octobre en indiquant dans un tweet rédigé en langue arabe : « Rien ne nous fera reculer, jamais ». Des appels à manifester et à boycotter les produits français ont été lancés dans de nombreux pays musulmans. Certains ont estimé que ces réactions ont suscitées par la position du président français plus que par les caricatures elles-mêmes.
Dans un entretien à TSA le 27 octobre, l’islamologue franco-algérien Ghaleb Bencheikh avait plaidé pour une meilleure explication des propos du président français afin de désamorcer la crise.
« Je ne suis pas le porte-parole de l’Élysée ni de M. Macron. Quand il a dit « nous ne renoncerons pas aux caricatures », moi j’ai compris qu’il s’agissait des caricatures d’une manière indéfinie. N’oublions pas qu’il y a une tradition de caricature. À mon avis, il appartient au président Macron et à ses conseillers de déminer en expliquant que ce n’est pas le Prophète de l’Islam qui est visé dans son discours », a indiqué le président de la Fondation de l’Islam de France.
L’intervention de M. Macron survient après celle de son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, qui a lancé jeudi un « message de paix au monde musulman ». Il a assuré que la France était le « pays de la tolérance », pas du «mépris ou du rejet ». « N’écoutez pas les voix qui cherchent à attiser la défiance. Ne nous laissons pas enfermer dans les outrances d’une minorité de manipulateurs », a-t-il dit lors de l’examen du budget de son ministère à l’Assemblée nationale.
« La religion et la culture musulmanes font partie de notre histoire française et européenne, nous la respectons », a dit M. Le Drian.