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Carnet de campagne française : Philippe Poutou, ce héros national

Indécis. 66% des Français, soit plus de six Français sur dix, ne savent pas encore à quel candidat ils accorderont leur vote lors du premier tour de l’élection présidentielle le 23 avril. C’est ce que révélait il y a quelques jours une enquête du Cevipof (centre de recherche de Sciences Po) pour le journal Le Monde.

Il n’est pas certain que le débat télévisé de mardi soir sur BFM TV et C News -un marathon de quatre heures- avec les onze prétendants à l’Élysée ait toutefois réussi à convaincre les plus indécis des 44 millions d’électeurs attendus aux urnes. Jugé « long », « chaotique », « décousu ». France 2 a, d’ailleurs dans la foulée, renoncé à l’organisation d’un tel événement le 20 avril.

Lutte des classes 

De ce show télé interminable, on ne retiendra pas grand-chose, hormis la verve de Philippe Poutou, « petit  candidat » (crédité de 1% d’intentions de votes) du Nouveau parti anticapitaliste (NPA). Ainsi, cet ouvrier dans une usine Ford, âgé de 50 ans, candidat pour la seconde fois, n’a pas hésité à rappeler quelques vérités aux candidats.

« François Fillon il se dit préoccupé par la dette mais il y pense moins quand il se sert dans les caisses publiques, quand il paye sa famille… », balance le candidat vêtu d’un tee-shirt face à ses adversaires en costume-cravate. Face à Marine Le Pen, également visée par une enquête pour emplois fictifs au Parlement européen, il lui rappelle : « Nous, quand on est convoqués par la police, on n’a pas « d’immunité ouvrière ! ».

Si certains commentateurs hexagonaux sont outrés (son attitude et sa tenue vestimentaire sont jugées « irrespectueuses », ce qui laisse au passage deviner un certain mépris de classe), la presse internationale salue un candidat capable de remettre à sa place cette classe politique déconnectée. « Le candidat ouvrier explose la bulle de l’élite politique française », écrit le New York Times.

« M. Poutou, poursuit le journal, est devenu instantanément un héros du peuple, exprimant sans pincettes ce que pensent les Français : la classe politique, encastrée dans ses privilèges, est manifestement corrompue ».

La veille du débat, le 3 avril, François Fillon avait expliqué au micro de RMC BFM TV qu’il n’arrivait pas à « mettre de l’argent de côté » avec plus de 20.000 euros par mois.

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