Le référendum en Catalogne tourne au chaos. Le pouvoir espagnol, débordé, a choisit de mater les indépendantistes faisant au moins 500 blessés parmi les votants. Près de 100 bureaux de vote ont été fermés de force dans un climat de crispation extrême
Balles en caoutchouc, coups de matraques, personnes violentées, descentes dans des écoles, urnes saisies jusque dans les bureaux de vote : les images des violences perpétrées par la police espagnole, qui tente d’empêcher le déroulement du référendum d’autodétermination de la Catalogne, interdit par la justice, montrent à quel point la situation ce dimanche 1er octobre est tendue.
« Déjà plus de 460 blessés en Catalogne », a tweeté la maire de Barcelone Ada Colau en fin d’après-midi. « J’exige la fin immédiate des charges policières contre les civils sans défense. »
Ya hay más de 460 heridos en Catalunya. Como alcaldesa de BCN exijo el fin inmediato de las cargas policiales contra población indefensa https://t.co/412z6Jacap
— Ada Colau (@AdaColau) 1 octobre 2017
Les services de santé de la région annoncent de leur côté avoir « accueilli 337 personnes dans les hôpitaux et centres de santé », la majorité pour des malaises ou des maux légers. Un blessé grave a été touché à l’œil.
Alors qu’elles affirmaient jusqu’à samedi soir ne pas avoir reçu de consignes de recours à la force, les forces de l’ordre ont commencé à charger les manifestants massés devant les bureaux de vote, vers 10h du matin, effectuant des tirs de sommation avant de tirer des balles en caoutchouc, selon des témoins.
Así trata la Policía Nacional a las ancianas que defienden su derecho a votar libremente #catalanreferendum pic.twitter.com/ihPYx4a7d6
— Undebateenmicabeza (@AltoyClaro1) 1 octobre 2017
Face à la passivité de la police catalane, les Mossos d’Esquadra, déchirée entre l’obéissance à l’Etat central et ses liens avec la population, la police nationale et la Garde civile sont passées à l’action. Le ministère de l’Intérieur, qui annonce 11 blessés parmi les forces de l’ordre, a de son côté diffusé plusieurs vidéos de manifestants lançant des pierres.
Sur les réseaux sociaux, des images montrent des policiers cagoulés rentrant dans un bureau de vote barcelonais pour saisir les urnes pleines de bulletins.
La Policia Nacional requisant les urnes a l’Escola Ramon Llull @btvnoticies pic.twitter.com/p14RzxlGOR
— Clara Vera (@ClaraVera14) 1 octobre 2017
« Ils ont emporté six ou sept urnes… Ils sont entrés en défonçant la porte… Nous étions à l’intérieur en chantant l’hymne catalan et nous entendions des coups très violents sur la porte » raconte Marc, en charge de ce bureau de vote, à l’AFP.
D’autres images montrent des pompiers catalans se placer entre les forces de l’ordre et les civils pour protéger ces derniers, et recevoir eux-mêmes des coups de matraque. Des vidéos montrent aussi des altercations entre Mossos et Guardia civil.
Police at Carrer de Pau Claris have taken voting boxes and ballots. Now driving off. They were willing to use force, it turns out. @FT pic.twitter.com/2p5T6o19JF
— Michael Stothard (@MStothard) 1 octobre 2017
« L’usage injustifié de la violence, irrationnel et irresponsable, de la part de l’Etat espagnol, n’arrête pas la volonté des Catalans », a déclaré vers 11h Carles Puigdemont, affirmant que les trois quarts des bureaux étaient encore ouverts.
Una dona ferida per la violència de la policia espanyola en un col.legi de Barcelona pic.twitter.com/gdT6PZ9Q4q
— L’Accent (@laccent) 1 octobre 2017
« Est-ce là votre victoire, Mariano Rajoy ? » interroge sur Twitter le leader de la coalition Podemos Pablo Iglesias, qui partage des images de passants ensanglantés. « Si l’Espagne se fracture, c’est parce que le PP [le parti de droite au pouvoir, NDLR] et ceux qui le soutiennent au Congrès continuent de détruire la démocratie » . Ada Colau, maire de Barcelone, déclare de son côté que « la violence est toujours une défaite » tandis que Pedro Sanchez, secrétaire général du PSOE (gauche), parle d’un « triste jour pour notre démocratie ».
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