Société

Ce que deux anciens espions français révèlent sur l’Algérie

Deux anciens officiers espions de l’ex-DST (direction de la surveillance du territoire) française, témoignent sur leur longue expérience dans la lutte contre le terrorisme. L’Algérie figure en bonne place dans ce que ces deux espions racontent au journal français l’Express et dans le livre qu’ils ont co-signé : La DST sur le front de la guerre contre le terrorisme.

Drapeau de l’Algérie et de la France / Par Leo Altman / Adobe Stock

Louis Caprioli et Michel Guérin ont occupé de hautes fonctions au sein de la DST, avant sa dissolution en 2008 et son remplacement par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Dans son édition du mercredi 12 juin, l’Express a publié une partie de leurs « souvenirs » et « révélations », dont plusieurs concernent l’Algérie.

Le GIA et le Mondial 1998 

Louis Caprioli, ancien sous-directeur chargé de l’antiterrorisme à la DST, raconte un premier épisode lié à l’Algérie.

En 1985, Yves Bonnet, alors patron de la DST, s’est rendu à Alger pour négocier avec des factions libanaises la libéralisation d’un Français enlevé au Liban, alors en pleine guerre civile, contre celle d’un militant révolutionnaire, George Ibrahim Abdallah.

Alors que son patron se trouvait à Alger, Caprioli et son équipe ont découvert à Paris une cache du groupe de Abdallah où ils ont récupéré une arme qui s’avérera être celle utilisée dans les meurtres à Paris d’un diplomate israélien et de l’attaché militaire américain. Le deal a été aussitôt annulé et la DST accusée de connaître la cache depuis des mois. Cette affaire a coûté son poste à Yves Bonnet.

Autre révélation liée à l’Algérie : juste avant le Mondial 1998 en France, une importante cellule du GIA (Groupe islamique armé) algérien a été démantelée par la DST. Elle planifiait de commettre des attentats pendant la compétition. Entre le 26 mai et le 8 juin 1998, 64 membres de cette cel­lule ter­ro­riste ont été arrêtés.

Renseignement et lutte antiterroriste : des vétérans de la DST française révèlent des faits liés à l’Algérie

Les années du terrorisme en Algérie, c’étaient aussi celles des accusations colportées à l’étranger contre les services de sécurité algériens. Les anciens de la DST évoquent des « erreurs colportées de longue date dans la presse, pas toujours informée des faits exacts ».

L’occasion pour eux de tordre le cou à la théorie soutenue, entre autres, par Charles Pas­qua, ancien ministre français de l’Intérieur, selon laquelle les services algériens auraient été « complices » des attentats du GIA en 1995 à Paris.

« Il y a des choses fausses qui ont été écrites par les médias »

« Je n’y crois pas du tout. Que le renseignement algérien ait eu des sources au GIA, c’est une chose, qu’il ait été complice, ça n’a rien à voir », indique Louis Ca­prioli. « Il y a des choses fausses qui ont été écrites par les médias, désor­mais reprises par des chercheurs. On voulait rectifier », dit pour sa part Mi­chel Guérin.

Dans leur ouvrage, qui « a été relu par la DGSI, qui n’y a pas vu d’inconvénient », les anciens officiers remontent jusqu’à la guerre d’Algérie et les réseaux du FLN en France.

L’Express note toutefois qu’ils ont été moins prolixes concernant l’activité de l’OAS, « et plus globale­ment sur tous les groupes terroristes franco-français, comme les cellules corses ou Action directe ». Et pour cause, dans ce genre d’affaires, la DST a toujours été maintenue à l’écart, au profit de la police.

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