International

Ce que dit le rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la situation au Sahara occidental

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a remis le 29 mars dernier au Conseil de sécurité de l’ONU son rapport annuel sur la situation au Sahara occidental. TSA s’est procuré une copie du document, pas encore rendu public, et vous propose un tour d’horizon des principales recommandations du Secrétaire général.

Dans l’ensemble, Antonio Guterres estime que « la situation au Sahara occidental est restée généralement calme », notant toutefois que « les tensions entre les parties, y compris les questions non résolues concernant Guerguerat, ainsi que des questions de sécurité, ont continué de caractériser l’environnement opérationnel et l’implémentation du mandat de la Minurso ».

« Je suis encouragé par les réponses positives des représentants des parties concernées et des pays voisins, pour la tenue de consultations dans une atmosphère ouverte et franche qui a permis à mon envoyé personnel d’explorer en profondeur leurs positions, ainsi que des moyens de structurer potentiellement de futurs pourparlers », indique le SG de l’ONU dans son rapport, qui affirme en outre sa satisfaction quant aux « étapes effectuées par mon envoyé personnel pour relancer le processus politique dans la région depuis sa nomination ».

« Les nombreuses démonstrations publiques et privées de soutien aux efforts de mon envoyé spécial sont également un signal important qu’une nouvelle dynamique est actuellement en marche », estime le Secrétaire général.

Le rapport a cependant épinglé les deux parties prenantes, le Maroc et le Front Polisario, pour des violations de l’accord militaire. « Durant la période rapportée [du 10 avril 2017 à aujourd’hui], la Minurso a enregistré cinq violations de l’accord militaire par les Forces armées royales (FAR) en plus de dix violations de longue date », indique le rapport onusien, précisant que « deux d’entre elles étaient générales et trois ont consisté en des renforcements tactiques. Les FAR n’ont commis aucune violation dans la liberté de mouvements ».

« Pendant ce temps, la Minurso a enregistré sept violations de l’accord militaire de la part du Front Polisario. Cinq générales, et deux violations de la liberté de mouvements. Ces violations étaient en addition de trois violations de longue date », indique en outre le rapport.

Antonio Guterres a toutefois tempéré la gravité de ces violations. « Les parties ont dans l’ensemble respecté l’esprit des accords, tout en s’engageant rapidement auprès de la Minurso et du Secrétariat lorsque des violations potentielles se sont produites », affirme-t-il.

Pour le rapport du Secrétaire général, le plus grand défi de l’opération de la Minurso a demeuré être « les interprétations divergentes des deux parties du mandat de la Minurso ». Notamment l’interprétation du Maroc, qui maintient que le mandat de la Minurso est « essentiellement limité à surveiller le cessez-le-feu, soutenir le déminage et porter assistance à l’UNHCR dans les mesures de renforcement de la confiance si elles devaient reprendre après leur interruption en 2014 ».

En conséquent, le Maroc a refusé « toutes les activités de la mission au-delà de cette interprétation, telles que la surveillance des droits de l’Homme ou l’interaction avec la population locale pour effectuer des rapports politiques ».

« La contribution de la Minurso pour maintenir le cessez-le-feu demeure aussi pertinente que jamais, un rôle central et nécessaire pour prévenir tout conflit, créant ainsi les conditions pour la reprise des négociations dans le contexte de mes efforts et ceux de mon envoyé personnel », estime Antonio Guterres, qui recommande par conséquent au Conseil de sécurité de prolonger le mandat de la Minurso pour douze mois supplémentaires, jusqu’au 30 juin 2019.

Le Secrétaire général de l’ONU a également épinglé les défis de financement des acteurs humanitaires dans la région. « La communauté humanitaire a lancé un appel pour 137,6 millions de dollars en 2016/2017, dont seulement 47% ont été financés », déplore le rapport. « Pour 2018, les besoins humanitaires de l’UNHCR, la WFP et l’Unicef sont de 58,5 millions de dollars », indique le Secrétaire général, lançant de fait un appel à la communauté internationale pour continuer son soutien à ce « programme humanitaire vital ».

« Le harcèlement présumé par les autorités marocaines des défenseurs de droits de l’Homme sahraouis demeure également un sérieux problème », indique le rapport, qui a notamment épinglé le Maroc sur des cas rapportés de « torture et de mauvais traitement dans des endroits de privation de liberté », y compris ceux causés par la surpopulation ainsi que l’absence de soins médicaux. « Selon plusieurs sources, l’absence de responsabilisation face aux violations des droits de l’Homme perpétrés contre les Sahraouis a été une inquiétude majeure durant la période rapportée », affirme le rapport.

« J’exhorte les parties à respecter et à promouvoir les droits de l’Homme, notamment en traitant des questions relatives aux droits de l’Homme en suspens, à renforcer la coopération avec l’OHCHR et les mécanismes des droits de l’Homme des Nations unies et à faciliter leurs missions de suivi. Un suivi indépendant, impartial, complet et continu de la situation des droits de l’Homme est nécessaire pour assurer la protection de tous les peuples du Sahara occidental », affirme le SG.

Antonio Guterres a par ailleurs appelé le Front Polisario à se retirer de la zone tampon, « comme cela a été fait en avril 2017 ». « En ce qui concerne les efforts déployés par l’ONU pour répondre aux questions soulevées par la situation à Guerguerat, je salue la réponse positive du Front Polisario à ma proposition de déployer une mission d’experts dans le cadre de ce processus et encourager vivement le Maroc à reconsidérer cette initiative afin que les deux parties puissent engager une discussion de bonne foi sur la question », a indiqué le Secrétaire général de l’ONU.

Les plus lus