Politique

Ce que les chefs de trois partis politiques ont dit à Tebboune

L’Algérie se prépare à organiser des élections présidentielles le 7 septembre prochain. À moins de quatre mois du scrutin, le président Abdelmadjid Tebboune a tenu, mardi, au CIC d’Alger une réunion avec 27 partis politiques qui a duré toute l’après-midi.

S’ils ont unanimement salué l’initiative de Abdelmadjid Tebboune, les partis politiques ayant participé à cette rencontre n’ont pas manqué d’exprimer leurs appréciations de la situation nationale et leurs préoccupations.

Ils ont émis aussi leurs avis sur nombre de questions autant nationales que régionales et internationales qui concernent l’Algérie.

Ce qu’a dit Soufiane Djilali, président de Jil Jadid

Première du genre, l’initiative présidentielle a été une occasion pour nombre de responsables politiques d’exhorter les autorités à reconsidérer le rôle dévolu aux formations politiques en tant qu’intermédiaires et organisatrices de la société. TSA a reçu les discours prononcés par les dirigeants de trois partis politiques lors de cette réunion à huis clos.

Ce qu’a dit Soufiane Djilali au président Tebboune

C’est le cas, notamment, du président Soufiane Djilali qui estime que la société, plurielle dans son essence, a besoin de divers canaux d’expression qui soient légitimes au regard de la loi.

« Cependant, toute tentation d’homogénéisation de la pensée par la contrainte créera une réaction de défiance et de perte de confiance des citoyens. Si l’espace de l’expression libre est réduit, alors la parole peut devenir subversive », a-t-il mis en garde dans son intervention et dont l’intégralité a été rendue publique par le parti.

Le président de Jil Jadid espère que le débat public soit « ouvert largement, permettant la confrontation des idées et des projets dans les médias nationaux, à l’effet de renforcer les liens entre les citoyens et la classe politique, qu’elle soit au pouvoir ou dans l’opposition ».

Soufiane Djilali, convaincu de la nécessité de « réformes profondes », a plaidé pour l’instauration d’un véritable État de droit, mais sans pour autant soulever les « carences et les insuffisances ».

« L’organisation politique du pays dans le cadre de l’État de droit et des libertés constitutionnelles, ouvrira la perspective de réformes économiques et sociales profondes absolument nécessaires pour notre avenir », a-t-il dit.

Pour sa part, le FFS qui a toujours réclamé un grand débat national autour des questions stratégiques qui engagent le pays, a estimé que les Algériens, sortis en masse en 2019, évitant ainsi au pays un « effondrement », ont besoin d’un « climat de sérénité ».

Rencontre Tebboune-partis politiques : ce qu’a dit le chef du FFS

« Il est de notre devoir à tous de créer un climat de sérénité et les conditions nécessaires pour leur permettre une implication effective dans la vie nationale afin de tourner définitivement la page de la hogra, des injustices, du népotisme, de la dilapidation et du détournement des richesses nationales », a affirmé dans son intervention, dont le texte a été rendu public, Youcef Aouchiche, le Premier secrétaire.

Si le plus vieux parti d’opposition en Algérie se dit comprendre l’importance des questions relatives à la question de la sécurité nationale, dans un contexte géopolitique trouble, il n’en considère pas moins que le « respect des principes de l’État de droit, des libertés fondamentales, des pluralismes le sont tout autant ».

C’est pourquoi, à moins de quatre mois de l’élection présidentielle anticipée du 7 septembre prochain, il plaide en faveur de mesures d’apaisement.

À la veille d’une échéance politique « importante » pour l’Algérie, « nous vous appelons à prendre des mesures de détente en déverrouillant les champs politiques et médiatiques, en libérant les détenus d’opinion et en ordonnant la cessation du harcèlement de citoyens pour des publications critiques non-diffamatoires, ainsi que la nécessité de l’abrogation ou la réforme de certaines lois […] », a-t-il dit.

Outre l’article 87-Bis du Code pénal, le chef du FFS a cité les lois sur les syndicats, l’information, les élections ainsi que « l’urgence de mettre fin à la détention provisoire ».

« Comme nous souhaitons que les partis soient associés à l’élaboration de la loi sur les partis politiques », exhorte Youcef Aouchiche.

Selon lui, ces mesures seront de nature à créer un « climat politique apaisé, rétablissant la confiance et favorisant le débat démocratique et la confrontation saine des projets politiques ».

Ce que Louisa Hanoune a dit à Tebboune

Des mesures similaires ont été également réclamées par la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune.

Selon le texte publié par le secrétariat du parti, la candidate à la prochaine élection présidentielle anticipée du 7 septembre a évoqué la nécessité de « créer un climat dans lequel règne la tranquillité en levant les restrictions sur la pratique politique, en libéralisant complètement les médias et en revoyant la gestion de la publicité publique afin que sa distribution soit équitable ».

Autres demandes : l’abrogation de l’article 87 bis du Code pénal, en « attendant la réforme du système judiciaire et sécuritaire », la libération des prisonniers d’opinion et des prisonniers politiques ainsi que la cessation des poursuites judiciaires pour des raisons politiques.

Considérant « nécessaire » la révision des lois issues de la Constitution de 2020, Louisa Hanoune a souligné qu’il faut « éviter des pressions sur les syndicalistes pour qu’ils soutiennent un candidat ».

Par ailleurs, elle a plaidé pour des mesures en faveur de nombreuses catégories sociales.

D’autres partis, comme le RND ou encore le FLN, se sont contentés, selon des réactions reprises par les médias, de saluer l’initiative présidentielle, de louer les vertus du dialogue et d’évoquer les sujets de l’ordre du jour de la rencontre.

SUR LE MÊME SUJET :

Présidentielle : retour sur la carrière politique de Louisa Hanoune, la femme-courage

Les plus lus