Ramtane Lamamra a achevé, hier mercredi 20 mars, une mi-tournée en Europe. Le vice-premier ministre s’est rendu en Italie, en Russie et en Allemagne.
Le soutien de Moscou au pouvoir ne faisait aucun doute avant même la visite de Lamamra. D’ailleurs, mardi, le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov a fait sans doute plus que ce que les Algériens espéraient, parlant de risque de déstabilisation et mettant en garde les autres pays contre une ingérence dans les affaires de l’Algérie. Des propos que même la très officielle ENTV a décidé d’ignorer dans son journal de 20 Heures.
Le véritable enjeu pour le diplomate algérien était donc de convaincre les deux partenaires membres de l’Union européenne. Avant son départ d’Alger, Ramtane Lamamra a demandé à rencontrer le président du conseil italien et la chancelière allemande. Si le premier a accepté, Angela Merkel a décliné officiellement pour des raisons d’agenda. Lamamra, qui est aussi ministre des Affaires étrangères, s’est contenté d’un entretien avec le conseiller diplomatique de Merkel, après avoir rencontré le chef de la diplomatie allemande.
Selon nos informations, lors de ses entretiens avec les responsables européens, Ramtane Lamamra a mis en avant deux risques que pourrait, selon lui engendrer la révolte actuelle : une prise de pouvoir par les islamistes à l’issue d’un processus de transition et une émigration massive vers l’Europe. Le responsable algérien a affirmé que le plan du pouvoir était la seule issue possible pour éviter tout dérapage de la situation.
Le choix de l’Italie et de l’Allemagne pour vendre un scénario inquiétant pour la suite des événements n’est pas fortuit. Ces deux pays ont été en première ligne dans la dernière crise migratoire qui a secoué l’Europe dans le contexte des conflits en Libye et en Syrie. L’Italie a vu des dizaines de milliers de migrants venus de Libye affluer sur ses côtes. Le pays, désormais dirigé par une coalition droite-extrême-droite, a pris des mesures draconiennes pour lutter contre l’immigration, provoquant de vives tensions avec les autres pays européens. En cas de conflit majeur en Algérie, l’Italie risque de se retrouver une nouvelle fois en première ligne. Rome a également un autre motif d’inquiétude : l’Algérie est son principal fournisseur en gaz naturel.
En Allemagne, Angela Merkel a été déstabilisée par la crise migratoire née après l’accueil par le pays de plus d’un million de migrants venus notamment de Syrie. En plus de la montée de l’extrême-droite local, la crise migratoire a provoqué un conflit énorme entre l’Europe de l’Ouest et de l’Est.
Ramtane Lamamra a-t-il convaincu ses interlocuteurs ? On le saura dans les prochains jours avec les nouvelles déclarations des pays européens. Aujourd’hui, les Européens sont prudents. Ils sont certes inquiets d’un risque de dérapage mais ils savent aussi que le pouvoir en place constitue une des principales sources d’instabilité dans le pays.