Économie

Ce que révèle l’affaire du faux Starbucks d’Oran

Après les produits des grandes marques mondiales, la contrefaçon en Algérie a atteint les grandes enseignes. Le faux café Starbucks ouvert récemment à Oran demeure certes un cas isolé, mais il est révélateur de la banalisation de la contrefaçon en Algérie et de l’ignorance qu’ont certains “hommes d’affaires” des règles qui régissent le marché.

La poursuite de la fermeture du marché algérien porte le risque de voir se multiplier ce genre de situation insolite.

Tout le monde en a parlé depuis quelques semaines, en bien d’abord, puis en moins bien. L’ouverture à Oran de ce qui a été présenté comme le premier café de la célèbre enseigne américaine a fait la joie des habitants de la grande ville de l’ouest algérien.

Dès l’ouverture, l’affluence est phénoménale. Il faut patienter pour se faire servir, à en croire de nombreux témoignages partagés sur les réseaux sociaux.

“Après cinquante minutes d’attente, on nous a dit que tout était épuisé et on a refusé de prendre notre commande”, assure une internaute dans une courte vidéo mise en ligne sur Facebook.

Bien que les prix soient élevés, les Oranais se sont bousculés pour goûter aux préparations d’une célèbre marque mondiale.

Au bout de quelques jours seulement, il s’est avéré que le Starbucks n’en était pas un. Mais l’affaire fait un carton sur les réseaux sociaux.

Contactée par la BBC, la direction du groupe américain a démenti avoir ouvert une franchise en Algérie. Il s’agit donc d’une contrefaçon. Tout a été copié à la perfection, de l’enseigne du local aux tenues de service des employés, en passant par les recettes servies.

On ne sait pas encore quelles suites seront données à cette affaire, la direction de Starbucks n’ayant rien annoncé pour le moment.

Le faux Starbucks d’Oran révèle la banalisation de la contrefaçon en Algérie

Le phénomène de la contrefaçon est répandu en Algérie et dans beaucoup de pays. Il touche  généralement les produits manufacturiers, comme le prêt-à-porter, l’électroménager, la pièce de rechange automobile…

La contrefaçon dans ce cas est difficile à déceler et elle se fait dans des usines clandestines à l’abri des regards. Ce qui n’est pas le cas du faux Starbucks d’Oran, ouvert dans un boulevard d’une grande ville sur la Méditerranée.

A l’évidence, une telle arnaque ne peut pas, à l’ère des réseaux sociaux, ne pas finir par se savoir de la maison-mère.

L’ouverture d’une franchise, de surcroît d’une grande marque mondiale, est sujette à des critères stricts imposés par les détenteurs de la marque, soucieux avant tout de l’image et de la réputation de leurs produits ou services. Outre le respect du cahier des charges, le bénéficiaire doit aussi payer des royalties à la maison-mère.

Dans le cas du faux Starbucks ouvert à Oran, c’est la poule aux oeufs d’or pour ceux qui eût l’idée. Un monopole, une affluence record, des prix très élevés et le tout mis dans la poche.

Ceux qui ont ouvert le café ignorent-ils à ce point la réglementation et les règles universelles qui régissent les franchises ? Ont-ils sollicité l’accord de la maison-mère ? Leur calcul était-il de la mettre devant le fait accompli ? Les autorités ayant délivré l’autorisation de ce café avaient-elles procédé aux vérifications nécessaires ?

On n’en sait rien mais ce qui s’est passé confirme l’ampleur de la banalisation de la contrefaçon en Algérie.

L’autre exemple édifiant est celui de cette enseigne locale de vente de vêtements qui a ouvert des magasins à travers tout le pays et qui vend à 1.000 dinars des articles de grandes marques mondiales dont le vrai prix en Europe est au moins 20 fois plus élevé.

Cela appelle une autre question : pourquoi toutes ces grandes marques boudent-elles un marché aussi important que celui de l’Algérie où la demande sur leurs produits et services est très forte, comme le démontre l’affluence sur le faux Starbucks d’Oran ?

Car c’est bien dans le vide qu’elles laissent que s’engouffrent les contrefacteurs qui imitent ou vendent tout ce qui leur rapporter de l’argent. 

La réponse est peut-être dans le climat des affaires en Algérie qui, malgré les avancées de ces dernières années, traine encore l’image d’un marché pas tout à fait adapté aux exigences de l’entrepreneuriat mondial moderne dans certains aspects, comme le transfert justement de royalties. 

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