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« Ce qui se passe en Algérie rappelle la fin de l’URSS »

« Ce qui se passe en Algérie rappelle la fin de l’URSS »

Les grandioses manifestations qui ont lieu en Algérie depuis le 22 février pour exiger le départ du président Bouteflika et pour le changement du système rappellent davantage ce qui s’est passé en Europe de l’Est à la fin de l’URSS, estime l’ancien chef de la diplomatie française, Hubert Védrine.

« Ce puissant mouvement pacifique de contestation n’a rien à voir avec la confiscation par les militaires de la victoire probable du FIS au second tour des législatives de 1991. Là, il s’agit d’un système mis en place depuis des décennies qui commence à se déverrouiller », explique l’ancien ministre dans un entretien accordé au Journal du Dimanche (JDD).

Commentant les récents développements sur la scène politique algérienne, Hubert Védrine affirme que ce qui se passe en Algérie, au-delà de son importance, signe le début d’un dégel du système « qui était figé depuis l’arrivée au pouvoir de Houari Boumediene en 1965 ».

Pour l’ancien diplomate, considéré comme l’un des meilleurs experts français en politique internationale, même si le renoncement de Bouteflika à un cinquième mandat et l’amorce d’un nouveau processus institutionnel peuvent n’être que tactiques, une façon de gagner du temps, comme le soutient bon nombre d’observateurs, « une dynamique est en marche » en Algérie.

« Ces foules sont très impressionnantes »

« L’opinion publique a donc raison de se réjouir car ce qui se passe depuis des semaines est très prometteur. Ces foules sont très impressionnantes par leur taille et leur calme. Leur self control est remarquable », fait remarquer M. Védrine.

Pour l’ancien ministre, toute prise de position étrangère dans ce mouvement, pour l’une ou l’autre des parties, serait inutile voire contre-productive. « On n’a que trop vu, ailleurs, les dégâts causés par l’esprit missionnaire, philosophique ou diplomatique ! Quoi qu’on en pense, sur le fond, ça ne marche pas, ou plus. C’est même souvent contre-productif. C’est encore plus vrai pour l’Algérie, d’autant que les Algériens ne nous ont rien demandé », souligne-t-il. Les récentes déclarations du président français, Emmanuel Macron, ont été mal perçues par les manifestants qui ont tenu à signifier leur désapprobation de ce qu’ils ont considéré comme une ingérence dans une affaire interne à l’Algérie.

« Il y a souvent, compte tenu de notre psychologie, un contraste entre la résonance affective des événements et les leviers réels dont on dispose pour agir. En fait, aucune décision en Algérie depuis des années n’a été prise sous influence française. Le risque, il est d’abord pour eux, si le processus dont on souhaite le succès devait échouer. Mais en France, nous ne devons pas prendre position en fonction de l’émotion médiatique du jour. Il faut sortir de la névrose franco-française et franco-algérienne, être réaliste, plus modeste et donc plus efficace, raisonner à long terme et avec sang-froid », recommande l’ancien secrétaire général de l’Élysée.

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