Le président de la République a donné une interview à des médias algériens qui a été diffusée mardi soir sur la Télévision nationale.
Abdelmadjid Tebboune a abordé plusieurs sujets liés d’actualité : dégel des relations avec la France, détérioration des rapports avec le Maroc, importations de véhicules, gel des nouvelles taxes et impôts, détenus d’opinion, liberté d’expression…
Allocation chômage
L’allocation chômage sera versée, à partir de mars prochain, sous forme de présalaire de 13.000 DA au profit de 620.000 chômeurs inscrits auprès des bureaux de l’emploi, a indiqué M. Tebboune.
Il existe trois catégories de chômeurs en Algérie, « la première est une sorte d’assemblage de jeunes et d’adultes pris en charge par le ministère de la Solidarité nationale, la deuxième représente les jeunes en attente d’insertion, et la troisième catégorie incarne les véritables chômeurs » qui bénéficieront, à partir de mars prochain, de l’allocation chômage sous forme d’un présalaire de 13.000 Da afin de préserver leur dignité », a précisé le président de la République lors de son entrevue périodique avec les médias nationaux.
Outre cette allocation, ces jeunes bénéficieront d’une « couverture sanitaire comme le reste des salariés », a-t-il expliqué, estimant qu’il s’agit en fait « d’un acquis considérable pour notre pays qui se dirige à pas de géants vers l’épanouissement et le progrès ».
Le versement de l’allocation en question sera maintenu jusqu’à ce que le bénéficiaire, c’est-à-dire le chômeur, décroche un emploi, a soutenu le chef de l’Etat.
« L’allocation chômage s’inscrit dans le cadre de la prise en charge sociale des citoyens par l’Etat. Cette allocation n’est pas improvisée et a été même calculée dans la loi de finances de 2022 », a poursuivi Tebboune, mettant l’accent sur l’impérative « numérisation » pour la gestion de l’attribution de cette allocation.
Le Chef de l’Etat a annoncé, en outre, qu’à partir du mois de mars prochain, il sera procédé au reclassement « de la 1e catégorie, à savoir les travailleurs des cantines communales et des écoles ».
Quant à la 2e catégorie, qui attend la confirmation au poste et dont le nombre s’élève à 180.000 travailleurs, ils se verront accorder des contrats à durée indéterminée jusqu’à leur confirmation au poste avec l’augmentation des primes qu’ils perçoivent actuellement ».
Après avoir rappelé que la situation de « stagnation » qu’a connu l’économie avait entraîné le chômage, notamment des diplômés, le président Tebboune a rappelé la série de décisions ayant traduit ses engagements à préserver le pouvoir d’achat du citoyen, dont l’augmentation du salaire national minimum garanti (SNMG) et la révision à la baisse de l’impôt sur le revenu global (IRG) ce qui a permis d’augmenter les salaires d’un taux variant entre 14 et 16%.
Relations avec la France
Le président Tebboune, a affirmé qu’il y a « un dégel dans les relations » entre l’Algérie et la France, soulignant que l’Algérie demeurait « une puissance africaine avérée ».
Le chef de l’Etat qui a notamment mis l’accent sur la nécessité d’une « entente » basée sur le respect mutuel, a toutefois relevé qu’il ne pouvait pas « dire plus que cela dans le soucis de ne pas influencer sur le processus électoral en France » qui s’apprête à organiser une élection présidentielle en avril prochain.
« De manière générale, les choses se sont tassées », a-t-il dit, rappelant les résultats « très positifs » ayant couronné la récente réunion tenue à Alger entre une délégation française conduite par le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères français avec une délégation conduite également par le SG du MAE algérien.
Tebboune a indiqué que « les choses commencent à prendre une autre direction », évoquant, à ce propos, le « geste » de Macron qui a rendu hommage aux victimes des manifestations pour la paix et contre l’OAS en Algérie, le 8 février 1962, réprimées dans le sang à la station de métro Charonne à Paris, par le préfet de police, Maurice Papon.
Relations avec le Maroc
Le président a affirmé que les choses avec le Maroc « n’ont pas changé, depuis le début de la crise, pis elles sont aggravées », relevant que Rabat, soutenu par Israël, se sert d’un appareil de propagande et de fake-news contre l’Algérie.
Le président de la République a souligné que le citoyen algérien était conscient que « tout ce qui porte atteinte à l’unité nationale et tente d’attaquer l’Armée et tout ce qui vise à inventer des problèmes entre le Président et l’Armée etc.. viennent de l’appareil de propagande mobilisé par le voisin contre l’Algérie, et soutenu par Israël ».
Importations de véhicules
Le dossier des véhicules sera tranché avant la fin du premier trimestre de 2022, a affirmé Abdelmadjid Tebboune, qualifiant ce dossier de « très complexe », notamment après l’échec de l’expérience du montage de véhicules qu’a vécue l’Algérie durant les dernières années.
« Un seul opérateur nous a fait perdre plus de 3,5 milliards USD », a rappelé Tebboune.
« Le montage escompté devrait, à l’inverse de l’importation déguisée pratiquée auparavant, permettre d’amorcer une véritable industrie où les taux d’intégration ne doivent pas être inférieurs à 30 ou 40% », a fait remarquer Tebboune, soulignant, dans ce sens, que la production des pièces de rechange sera encouragée.
Concernant l’importation des véhicules, le président de la République a relevé « la possibilité » d’importer à condition que « les concessionnaires comprennent que les anciennes pratiques ne sont plus tolérées », citant, entre autres comportements, la non-garantie des pièces de rechange par une grande firme européenne qui commercialisait ses véhicules en Algérie.
Selon le Chef de l’Etat, la garantie d’un service après-vente sera « obligatoire dans le nouveau cahier de charges » qui interdira l’importation à toute personne ne disposant pas de contrats ou de locaux pour garantir ce service.
Du nouveau pour les boulangers
L’impôt sur l’activité des boulangers concernera uniquement les bénéfices à compter de fin mars prochain, a annoncé Abdelmadjid Tebboune.
Les boulangers, soumis actuellement à l’impôt sur le chiffre d’affaires et sur les bénéfices, ne s’acquitteront que de l’impôt sur les bénéfices, a indiqué le chef de l’Etat.
Cette mesure vise à réduire la charge fiscale afin de garantir la stabilité des prix du pain, « en attendant d’autres amendements qui exigent davantage de temps », a fait savoir le président de la République. Cette décision sera officialisée dans la prochaine loi de finances complémentaire (LFC), a indiqué le chef de l’Etat.
Sommet de la Ligue arabe
Le président Abdelmadjid Tebboune, a démenti l’existence d’un quelconque désaccord entre les dirigeants arabes concernant l’organisation du prochain Sommet arabe en Algérie, annonçant qu’il se tiendra au cours du dernier trimestre de l’année en cours.
« Il n’y aucun désaccord. Au contraire, nous n’avons trouvé que des encouragements de la part des dirigeants arabes frères, du Golfe, de l’Egypte, de la Tunisie et du Yémen qui attendent la tenue de ce sommet en Algérie », a-t-il dit.
« Tous les frères arabes attendent le sommet en raison de la politique de l’Algérie, équidistante à l’égard de toutes les parties et qui ne jette pas l’huile sur le feu pour provoquer la Fitna entre les pays. Nous tendons plutôt à unir les pays autant que possible », a assuré le président de la République.
Le Président Tebboune a formé le vœu de voir le sommet d’Alger sanctionné de résultats « très positifs », d’autant que « le monde arabe en a besoin », ajoutant : « Arrêtons la désunion ».
Tebboune a estimé que la Ligue arabe avait aujourd’hui besoin de « revoir ses textes et ses lois ». « Au vu de la tournée effectuée par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, dans certains pays arabes, tout le monde était d’accord pour la tenue du sommet d’Alger », a-t-il révélé.
S’agissant de la date du sommet, M. Tebboune a déclaré : « une réunion officielle des ministres arabes des Affaires étrangères sera tenue mars prochain au Caire durant laquelle la date définitive du sommet sera officialisée. L’évènement est prévu pour le dernier trimestre de l’année en cours et il sera probablement lié à une journée historique pour l’Algérie », ajoutant qu' »aucun événement ne doit être anticipé, car la rencontre des frères en mars déterminera la date du sommet ».