La Jordanie est le théâtre depuis plusieurs nuits de manifestations contre des hausses de prix et un projet de loi augmentant les impôts, alors qu’Amman est sous pression du FMI pour entreprendre des réformes économiques structurelles.
Les syndicats ont appelé à une nouvelle grève nationale mercredi en regrettant que « les négociations avec le gouvernement aient échoué à faire retirer » le projet de loi fiscal. Ils comptent adresser une lettre au roi Abdallah II pour l’appeler à intervenir « dans cette situation délicate que traverse la nation ».
Des rassemblements ont eu lieu à Amman et d’autres villes contre ce texte qui prévoit notamment l’imposition de revenus modestes. Ils ont lieu la nuit, en plein ramadan.
Quelque 3.000 personnes se sont ainsi rassemblées près des bureaux du Premier ministre Hani Mulqi dans le centre de la capitale jusqu’à 03H30 dimanche en dépit de strictes mesures de sécurité.
« Celui qui augmente les prix cherche à enflammer le pays », « Nous sommes le peuple, nous sommes la ligne rouge », ont scandé les manifestants arborant des drapeaux jordaniens et appelant de nouveau au départ du chef du gouvernement.
« Boule de neige »
Le FMI avait approuvé en 2016 une ligne de crédit de 723 millions de dollars sur trois ans pour la Jordanie. En contrepartie, le pays s’était engagé à mettre en place des réformes structurelles et à réduire progressivement sa dette publique à 77% du Produit intérieur brut (PIB) d’ici 2021, contre 94% en 2015.
Le projet de loi fiscal, présenté sur les recommandations du FMI, prévoit une augmentation d’au moins 5% des impôts pour les particuliers et impose désormais les personnes ayant un salaire annuel de 8.000 dinars (environ 9.700 euros). Les impôts des entreprises vont eux être augmentés d’entre 20 à 40%.
Le Sénat s’est réuni dimanche pour discuter « des moyens de faire face à la crise ». Son président, Fayçal al-Fayez, a exprimé la « nécessité d’ouvrir un dialogue national », mettant toutefois en garde contre « les actions violentes et le chaos ». Il a appelé les autorités concernées à « traîner en justice » les « fauteurs de troubles », selon l’agence de presse officielle.
Une première grande manifestation organisée par les syndicats s’était tenue mercredi contre ce texte. Après l’annonce de l’entrée en vigueur jeudi d’augmentations des prix du carburant et de l’électricité, les protestataires avaient aussi réclamé l’annulation de cette mesure, dont le gel a finalement été annoncé vendredi.
Depuis janvier, plusieurs hausses de prix ont été décidées en Jordanie notamment sur le pain, ainsi que des augmentations des taxes sur des produits de première nécessité. Le prix du carburant a augmenté à cinq reprises depuis le début de l’année, alors que les factures d’électricité ont connu une hausse de 55% depuis février.