Société

Centre anticancer de Constantine : un retard de 17 ans !

Le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, a limogé dimanche 29 mai le directeur du CHU Ibn Rochd d’Annaba, pour mauvaise gestion de l’établissement.

Au cours de la même journée, le Pr Benbouzid réunissait par visioconférence les directeurs de la santé (DSP) du pays, auxquels il a fait part de son insatisfaction devant l’état des services des urgences médico-chirurgicales (UMC), à la lumière de ce qui s’est passé au CHU d’Annaba. Lors de cette réunion, le premier responsable du secteur a instruit les DSP d’accélérer la cadence d’achèvement des structures en cours de réalisation et ce, dans les délais qui correspondent à ceux arrêtés par le ministère.

Les retards dans la réalisation des établissements de santé est un des nombreux problèmes qui se posent dans le secteur. Le cas du Centre anticancer (CAC) du CHU de Constantine en est peut-être emblématique.

Lancé en 2005, le projet n’a toujours pas été réceptionné et pire, il est à l’arrêt depuis 4 ans. A cet effet, le député Abdelkrim Benkhellaf a interpellé le ministre de la Santé à travers une question écrite envoyée le 11 mai dernier. Le député du Parti de la justice et du développement (PJD) de Constantine, a attiré l’attention du ministre à propos du blocage que connaît le chantier d’extension du Centre anticancer du CHU Ben Badis. « Ce projet est un chantier ouvert (…) depuis 17 ans », a regretté le parlementaire.

Il a ajouté que le projet n’a toujours pas été réceptionné malgré l’importance de l’enveloppe budgétaire allouée, soit 1,4 milliards de dinars, sans compter les coûts des équipements « rongés par la rouille ». Et aussi « malgré le passage de 8 ministres, 8 directeurs généraux, et 6 directeurs de la santé, depuis le démarrage des travaux ».

Une situation, s’inquiète le député, qui risque d’impacter le travail des staffs médicaux et paramédicaux « qui se plaignent de l’absence des conditions de travail idéales et de la dégradation de l’ancienne structure, laquelle ne répond plus aux normes en vigueur».

« Le malade paie seul le prix…»

Le député met en exergue la tension sur les accélérateurs alors que la réception du projet aurait pu absorber cette pression depuis plusieurs années et qui aurait permis de faire fonctionner de nouveaux accélérateurs chèrement payés mais guère utilisés.

Le député signale que des défauts techniques ont été constatés sur l’édifice en cours de réalisation, tout en rappelant que le projet avait été retiré à un premier promoteur et le bureau d’études. Ces derniers ont engagé avec la direction du CHU un bras de fer judiciaire. Le parlementaire précise qu’il s’est avéré que le promoteur est inscrit sur la liste noire des promoteurs exclus des marchés publics.

Les travaux sont à l’arrêt depuis 4 ans, poursuit Benkhellaf qui observe que l’attribution du projet a été « entachée d’irrégularités ».

Il ajoute que le contrat de réalisation a été résilié après que le promoteur eut perçu plus de la moitié de l’enveloppe allouée au projet. Le parlementaire dénonce l’inanité des commissions d’enquête dépêchées sur les lieux et qui, selon lui, rédigent des rapports « sur mesure » comme c’était le cas, dit-il, de la commission envoyée il y a deux mois.

« La malade paie le prix de la négligence et de la corruption», déplore le député du PJD qui dénonce aussi l’inaction de l’actuel directeur de l’hôpital qui, selon lui, reste indifférent au sort du CAC.

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