Économie

Céréales : l’Algérie reconduit une importante subvention aux agriculteurs

Rarement en Algérie, les céréaliers ont été autant choyés par les pouvoirs publics. Aux aides multiformes déjà existantes, ils bénéficient d’un soutien de 50 % sur le prix des engrais.

Selon Asmidal, les agriculteurs bénéficient ainsi des tarifs des engrais parmi les plus bas au monde dans un contexte de flambée mondiale des prix de ces produits.

Un soutien de 50 % du prix des engrais

À travers son dernier communiqué, la Coopérative des céréales et des légumes secs (CCLS) de Mahdia à Tiaret appelle les agriculteurs à passer leur commande d’engrais et rappelle que dans le cadre de la campagne labour-semis actuelle un soutien de 50 % du prix des engrais est accordé.

Elle précise cependant que cette mesure ne concerne que les engrais destinés à la production de trois céréales dont l’Algérie fait partie des plus importateurs au monde : les blés dur et tendre ainsi que l’orge. Une décision qui devrait ravir les éleveurs de moutons très demandeurs d’orge afin de nourrir leur cheptel.

La décision de faire passer à 50 % le taux du soutien du prix des engrais date d’octobre 2022. Un courrier émanant du Secrétariat général du ministère de l’Agriculture et du Développement rural avait été adressé à l’ensemble des directions des services agricoles.

Ce courrier comportait les nouveaux tarifs à appliquer par les Coopératives de céréales et de légumes secs (CCLS). Ainsi, l’engrais azoté, l’un des plus utilisé par les céréaliculteurs en Algérie est passé de 7.473 DA le quintal à 3.737 DA, quant aux engrais phosphatés leur prix est passé à 6 922 DA, à 10.500 DA pour les engrais potassiques et à 5.528 DA pour les engrais composés.

Augmentation de la production d’urée

Asmidal, une filiale de la Sonatrach, a nettement augmenté sa production d’urée au niveau de ses deux usines à Arzew. Des usines dont le fonctionnement repose sur le gaz naturel.

En mars 2023, lors d’un entretien au média l’Actuel, le directeur général d’Asmidal se félicitait que la production soit « d’environ 3,4 millions de tonnes d’urée ». Une production « couvrant totalement le besoin national, tandis qu’une quantité importante est destinée à l’exportation », selon lui.

Il précisait également que Fertial avait l’intention de produire « un million de tonnes d’urée supplémentaires » ajoutant qu’à moyen terme « la production d’urée doublera et l’Algérie sera parmi les leaders mondiaux » dans ce domaine.

Une production qui devrait permettre à l’avenir que les engrais deviennent « le deuxième secteur pourvoyeur de devises pour l’Algérie »

Amélioration de la distribution

En 2021, Asmidal a signé une convention avec l’Office algérien des céréales (OAIC) dont dépendent les CCLS pour améliorer la distribution des engrais dans le but de « minimiser le nombre d’intervenants et intermédiaires et de maîtriser les prix en régularisant le marché et les marges bénéficiaires » selon la direction de l’entreprise.

Avec sa nouvelle filiale Asfertrade, chargée de la distribution des engrais, Asmidal a étoffé son circuit de distribution. Elle dispose de dépôts et de moyens logistiques conséquents qui ont permis d’améliorer l’offre et l’approvisionnement des agriculteurs.

Dans ses déclarations à L’Actuel, le directeur général d’Asmidal faisait part de la demande intérieure en urée 46 : « Le volume demandé par le marché domestique ne dépasse pas les 200.000 tonnes. Donc, l’excédent de production est destiné à l’export ».

Des exportations qui permettent à l’entreprise de profiter d’une flambée inédite des prix sur le marché mondial. Le prix de l’urée est passé de 260 € la tonne en 2020 à 900 €/t fin 2021, pour atteindre 1040 €/t en avril 2022.

Asmidal mise sur l’exportation bien que la demande intérieure reste élevée.

Selon les informations recueillies par TSA, la vente d’urée s’effectue en fonction de la surface détenue par les agriculteurs et cela sur la base d’un quintal d’urée par hectare.

Une mesure qui ne satisfait pas entièrement les agriculteurs dans la mesure où 100 kg d’urée ne représentent que 46 unités fertilisantes. Une quantité insuffisante dans la mesure où le blé dur en absorbe 3,5 par quintal de grain produit par la plante.

À cela s’ajoute le cas des agriculteurs ne disposant pas de carte professionnelle de Fellah et qui ne bénéficient donc pas de la vente d’engrais à prix subventionné.

À la mi-octobre, lors du lancement de la campagne labours-semis à Oum El Bouaghi, le président de la Chambre d’agriculture a signalé au wali que bien que des agriculteurs de la wilaya livrent leur récolte à la CCLS, ils ne bénéficient pas de carte de Fellah du fait de leur situation foncière.

Un problème également soulevé cette année dans la presse par le président du conseil de la filière tomate Mustupha Mazouzi. Une situation qui illustre l’urgence de la définition nouvelle d’un statut du fermage dans le cas des terres éligibles à la location.

Urée : des utilisations multiples

La disponibilité locale en urée a amené la recherche scientifique à explorer ses divers usages possibles. Aujourd’hui, on ne compte plus les applications telles la fabrication de levure boulangère à partir de rebuts de dattes Ghars et d’urée mise au point par de jeunes chercheurs de l’université d’Ouargla.

Dans le domaine de l’élevage, la recherche agronomique a aboutit à la fabrication d’aliments de survie pour le bétail en période de soudure, de compléments alimentaires azotés à l’enrichissement de paille en azote par utilisation d’urée produite par Asmidal.

Cependant, la décision d’augmenter le soutien des engrais a été accompagnée d’une recommandation du ministère de l’Agriculture et du Développement rural : « organiser des séances de vulgarisation pour les agriculteurs afin de les inciter à faire des analyses de sol ».

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