Sport

Cérémonie des CAF Awards : l’Algérie boude et envoie des messages clairs

C’est le deuxième geste fort de l’Algérie en deux mois pour contester les décisions qu’elle juge iniques de la Confédération africaine de football (CAF).

Après s’être retirée fin septembre dernier de la course à l’organisation de la CAN 2025, la Fédération algérienne de football (FAF) a décidé de boycotter la cérémonie des CAF Awards de ce lundi 11 décembre à Marrakech (Maroc).

Le message de la fédération algérienne est bien clair : il n’est plus question de continuer à faire comme si de rien n’était. Le jeu de coulisses qui caractérise l’instance dirigeante du football africain est devenu un peu trop flagrant depuis quelques années, le plus souvent au détriment de l’Algérie, très mal représentée dans les instances de décision.

Sa tentative de réintégrer le comité exécutif en juillet dernier s’est soldée par un échec retentissant. Battu par le Libyen Al Shalmani, Djahid Zefizef a dû démissionner de son poste de président de la FAF immédiatement après. Les autorités algériennes avaient très mal perçu l’échec et Zefizef a été prié de remettre le tablier via un commentaire sévère de l’agence de presse officielle.

Il a été remplacé par Walid Sadi, élu en septembre dernier. Parmi les objectifs du nouveau président, faire en sorte que l’Algérie pèse de nouveau sur la scène footballistique africaine, que ce soit sur le plan des résultats que sur celui de l’influence dans les instances dirigeantes.

Contrairement à l’Algérie, le Maroc est bien présent au comité exécutif, où il est représenté par le président de la fédération royale, Fouzi Lekjaa. Celui-ci est très influent au sein de la CAF et beaucoup lui prêtent un rôle déterminant tant dans les décisions favorables à son pays que dans celles au détriment de l’Algérie, dans le prolongement des tensions politiques entre les deux pays.

Pour l’Algérie, une telle situation ne pouvait plus durer. Le nouveau président de la FAF semble avoir été élu avec une feuille de route dans ce sens. L’une de ses toutes premières décisions était de signifier à la confédération africaine le retrait de la candidature de l’Algérie pour l’une des deux prochaines coupes d’Afrique des nations, 2025 et 2027.

C’était le 26 septembre dernier. L’annonce faite par Walid Sadi à la télévision algérienne est survenue 24 heures après sa rencontre avec le président de la République Abdelmadjid Tebboune.

Algérie – CAF : rien ne sera plus comme avant

Dans ses explications, Walid Sadi s’est montré très diplomatique, indiquant que la décision de la FAF était motivée par sa nouvelle stratégie de développement du football national.

Néanmoins, quelques jours auparavant, des informations qui ont fuité du siège de la CAF avaient indiqué que cette dernière avait tranché quant à l’attribution des deux éditions du tournoi africain majeur et que l’Algérie n’organisera aucun des deux.

L’annonce officielle des noms des pays retenus, faite le lendemain du retrait de l’Algérie, a confirmé les fuites.

Disposant d’infrastructures qui comptent parmi les meilleures du continent et venant tout juste de réceptionner de nouveau stades aux normes mondiales, l’Algérie devait légitimement obtenir l’une des deux éditions. Mais ce n’est pas ce qu’ont décidé les membres du comité exécutif de la CAF, dont le très influent Fouzi Lekjaa.

Deux mois et demi après cet épisode, la FAF revient à la charge et décide de boycotter la cérémonie des CAF Awards qui récompense les meilleurs acteurs du football africain de l’année.

Cette fois, Walid Sadi ne s’est pas embarrassé d’explications diplomatiques. Il a frontalement reproché à l’instance africaine d’avoir injustement écarté les joueurs et clubs algériens alors que si les critères habituels avaient été respectés, plusieurs Algériens seraient logiquement dans les short-list des nominés dans différentes catégories.

Si personne ne conteste la présence du Marocain Achraf Hakimi parmi les trois nominés pour le titre de joueur africain de l’année, puisque le joueur du PSG est allé avec le Maroc jusqu’en demi-finale de coupe du monde (performance non prise en compte dans l’édition 2022), il est incompréhensible que Riyad Mahrez n’y figure pas.

L’Algérien a réalisé une saison exceptionnelle avec Manchester City, remportant notamment la Première League, la Ligue des champions et la coupe d’Angleterre, avant d’être transféré pendant l’été en Arabie Saoudite.

Les performances de l’USM Alger, qui a gagné la coupe de la CAF et la Supercoupe d’Afrique, ne semblent pas non plus avoir été prises en compte.

Seul son coach Abdelhak Benchikha a été retenu dans la catégorie d’entraîneur africain de l’année. Walid Sadi a aussi noté qu’un joueur comme Farès Chaïbi pouvait bien être nominé dans la catégorie du meilleur espoir de l’année, ou encore au moins un joueur de l’USMA dans celle du meilleur joueur local.

La CAF a fait comme si l’année qui s’achève a été blanche pour l’Algérie et ses joueurs, ce qui est loin d’être le cas. Et par sa réaction, la FAF, à travers elle l’Algérie, a signifié que rien ne sera plus comme avant.

SUR LE MÊME SUJET :

Algérie – Maroc : la réaction à deux vitesses de la CAF

Les plus lus