Société

Ces chiffres qui confirment un vieillissement de la population algérienne

D’après les spécialistes, l’Algérie sera bientôt confrontée à un défi majeur : un tournant démographique marqué par une baisse continue des naissances et une augmentation de l’espérance de vie.

Ce vieillissement accéléré de la population ne sera pas sans conséquences sur la société et l’économie du pays, dont les conditions de vie des seniors et le système de retraite.

Selon la chercheuse en démographie et en sociologie urbaine Saliha Ouardah, « nous sommes une société vieillissante ». Quant aux projections de l’ONS, elles indiquent que d’ici 2040, le pays comptera plus de seniors que de jeunes. Décryptage.

La démographie algérienne face à un tournant « irréversible »

Les chiffres ne mentent pas, et dans le cas de la démographie algérienne, ils révèlent un changement marqué. En 2023, l’Algérie a enregistré moins de 900.000 naissances, un seuil qui n’avait plus été franchi depuis 2010.

De son côté, la population âgée de 60 ans et plus atteint une proportion de 10,5 % de la population totale, d’après l’Office National des Statistiques. Cela donne près de 5 millions de personnes, avec plus de 2 millions d’entre eux âgés de 70 ans et plus. Cette transition tiendrait à la baisse continue de fécondité couplée à une espérance de vie plus élevée.

« Les projections de l’ONS indiquent que nous nous acheminons vers un processus de vieillissement de la population irréversible d’ici une vingtaine d’années, vers 2040. La tendance augmente chaque année », affirme Saliha Ouadah dans les colonnes d’El Watan.

Notons également que l’espérance de vie en Algérie a atteint 80 ans pour les femmes et 78,2 ans pour les hommes, bien que les femmes souffrent d’une mauvaise santé durant les dernières années de leur vie.

Quel impact sur le système de retraite ?

À la lumière de ces chiffres, des interrogations s’imposent concernant l’équilibre entre le nombre de personnes actives et les retraités.

Le système de retraite est invariablement impacté par le vieillissement de la population, en plus d’autres conséquences économiques d’importance majeure.

À l’heure actuelle, il y a trois cotisants pour chaque retraité. Selon la Caisse nationale des retraites (CNR), la situation est encore gérable. Mais l’équilibre se trouvera rapidement rompu si le nombre d’actifs continue à baisser à mesure que le nombre de retraités augmente.

Selon l’analyse de Ouadah, professeur des universités à l’Ecole nationale supérieure de statistiques et de l’économie appliquées (ENSSEA), le déséquilibre financier est inévitable, notamment avec le nombre croissant de travailleurs dans l’informel qui ne cotisent pas.

Des solutions sont-elles envisageables ?

En vue de remédier à la situation, les solutions doivent être envisagées très rapidement. La chercheuse en démographie et en sociologie urbaine suggère de renforcer les mécanismes institutionnels.

D’après elle, il est possible de soutenir davantage les retraités en intégrant le secteur informel dans le système de cotisation : « Il faut penser à absorber l’informel et encourager le maximum à cotiser en trouvant de nouvelles alternatives ».

En outre, la transition démographique devra se faire en parallèle d’une adaptation des politiques publiques, seule façon de garantir des conditions de vie décentes aux seniors. Cela est d’autant plus important que la « solidarité familiale » tend à diminuer avec « la diminution de la taille des fratries ».

Saliha Ouadah met d’ailleurs en garde contre ce qu’elle appelle « l’érosion de l’entraide intergénérationnelle », une solidarité qui s’affaiblit à mesure que les modes de vie évoluent.

Des réformes profondes sont donc à prévoir pour assurer la viabilité du système de retraite et garantir de bonnes conditions de vie nécessaires à une nouvelle configuration démographique.

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