Économie

Ces deux types d’huile d’olive sont presque entièrement exportés par l’Algérie

Alors que les huiles d’olive vierge et vierge extra sont les plus demandées dans le monde, donc les plus chères, les Algériens préfèrent d’autres types d’huile d’olive, plus traditionnelles. Dans une enquête sur le secteur oléicole en Algérie, le média spécialisé Olive Oil Times s’est intéressé sur ce point précis.

Les années de bonne récolte, l’Algérie figure parmi les dix premiers pays producteurs d’huile d’olive au monde, avec environ 90.000 tonnes (90 millions de litres).

Algérie : chute vertigineuse de la production d’huile d’olive en 2023

Ce qui n’est pas le cas cette année où la production est réduite de 40 % par la sécheresse, selon Olivier Rives qui est cité par Olive Oil Times, qui a passé cinq ans à promouvoir le secteur de l’huile d’olive en Algérie dans le cadre du programme PASA (programme d’appui au secteur agricole).

La production algérienne a nettement augmenté ces dernières décennies, de 21.000 tonnes dans les années 1990 à 70/90.000 tonnes actuellement. Toutefois, quel que soit son volume, une très grande part de cette production est destinée au marché interne.

Le pays a historiquement consommé la quasi-totalité de sa production, selon l’expert. « À un moment donné, 99 pour cent de sa production était destinée à la consommation intérieure », dit-il.

« Ce qui restait à exporter est de la lampante de mauvaise qualité, qui ne pouvait pas être vendue comme huile d’olive en Europe puisque ce type d’huile est principalement utilisé pour fabriquer des savons et des bougies », a ajouté Olivier Rives.

Les Algériens aiment l’huile d’olive locale, car ils la considèrent comme étant de très bonne qualité, comme le montre une étude réalisée par le cabinet PwC et PASA, citée par Olive Oil Times.

Une enquête menée auprès de 800 ménages algériens et de 300 Algériens vivant à l’étranger a révélé que 80 % des personnes interrogées n’aiment pas l’huile d’olive extra vierge. Olivier Rives souligne que c’était la même chose en Espagne il y a 30 ans.

Se référant à un « historien local », l’expert explique que trois générations d’Algériens se sont habituées à une huile d’olive de moindre qualité parce qu’il y a de nombreuses années, un important producteur local avait exclusivement commercialisé cette huile auprès du public.

« Aujourd’hui, cela rappelle encore à certains leur enfance. Cependant, il n’y a aucun bénéfice pour la santé. En conséquence, l’Algérie exporte la majeure partie de l’huile d’olive vierge et extra vierge qu’elle produit chaque année », dit-il.

« Cette huile vierge extra est vendue en grandes quantités à des pays comme la Tunisie, la Libye, le Canada, les pays européens et partout dans le monde », confirme Yamina Derdah, consultante en huile d’olive chez Oleiconseil.

Les choses sont toutefois en train de changer. Selon Olivier Rives, la jeune génération de consommateurs algériens réoriente ses préférences vers l’huile d’olive vierge et extra vierge. « Il y a une demande croissante d’huile d’olive extra vierge et une demande en diminution de lampante », constate-t-il. « Les influenceurs des médias sociaux sensibilisent le public à la santé cardiovasculaire. À leur tour, ces nouveaux consommateurs poussent les producteurs à améliorer la qualité », explique-t-il.

Pourquoi les Algériens boudent l’huile d’olive extra vierge

Olivier Rives et Yamina Derdah tablent sur la combinaison des forces du marché et d’initiatives telles que le programme PASA pour continuer à promouvoir la demande intérieure d’huile d’olive extra vierge et vierge et ainsi augmenter la capacité de fournir ces huiles d’olive de qualité supérieure aux marchés étrangers. En tout cas, la corporation des oléiculteurs est désireuse de changer, soulignent-ils.

Interrogé par TSA, l’oléiculteur Hakim Alileche qui possède la marque Dahbia confirme que les Algériens ne sont pas de grands amateurs d’huile d’olive extra-vierge. « Parce qu’ils ont pris l’habitude de consommer l’huile ordinaire. Mais il y a une bonne prise de conscience chez certains consommateurs. Ça commence à changer », affirme-t-il.

Hakim Alileche, dont la marque Dahbia a remporté de nombreux prix à l’international, la production d’une huile d’olive extra-vierge « coûte plus cher, en raison des rendements en qualité fruit/huile, plus faibles que ceux d’une huile courante. Mais il est préférable de la privilégier, car ces bénéfices pour la santé sont plus importants. »

Hakim Alileche estime aussi qu’il y a un travail de communication et de sensibilisation à faire sur l’huile d’olive en Algérie. « Il faut habituer le consommateur à mieux consommer. C’est toujours une question d’habitude et de méconnaissance », propose-t-il.

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