Sans surprise, Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, a réitéré son appel au président Bouteflika pour briguer un cinquième mandat à la tête du pays. C’était dans la matinée de ce samedi 6 octobre à Zéralda, à l’occasion d’une rencontre avec les femmes du parti.
Mais l’essentiel de son discours, Ahmed Ouyahia l’a consacré à décliner une sorte de feuille de route, on ne sait pour quelle échéance, résumée en quatre points qu’il considère comme « les défis de demain » : mettre fin à l’anarchie et la violence, se remettre au travail, vaincre la démagogie et préserver la stabilité du pays. En résumé, Ouyahia renoue, sans surprise encore, avec sa posture de fermeté et envoie de mauvais signaux au front social.
Le chef du RND commence d’abord par dire le fond de sa pensée sur les événements d’octobre 1988, résultat, selon lui, « de manipulations politiciennes » et qui « n’ont pas marqué le début du processus démocratique dans le pays », mais le début de l’installation de « l’anarchie, de l’incivisme, du rejet de la loi et des velléités d’imposer la dictature de la rue ».
« La violence, elle, est venue dans le sillage du terrorisme et est devenue aujourd’hui un véritable fléau », dit-il, citant les guerres des gangs qui se déroulent dans les nouvelles cités. « Tous ces phénomènes doivent être éradiqués, car avec l’anarchie, on n’ira pas loin », tonne-t-il, avant de désigner du doigt le rôle néfaste de certains cercles. « Dès qu’on touche les intérêts des lobbies, ils font sortir les enfants du peuple dans la rue », accuse Ouyahia qui appelle à l’occasion la société à jouer pleinement son rôle. « L’État doit imposer le respect de la loi, c’est évident. Mais la société aussi doit éduquer ses enfants. »
Le deuxième défi qui attend le pays, selon Ouyahia, c’est de « retrouver les valeurs du travail ». « Le développement a besoin de travail. Il n’y a pas de développement sans travail et sans effort. Les mosquées sont pleines, mais le travail a déguerpi. Il faut retrouver les valeurs du travail si on veut se développer et mettre fin à cette dépendance aux hydrocarbures », dit-il. Pour cela, il faut d’abord « se libérer de la démagogie », l’autre défi que le pays devra relever.
Ouyahia s’en prend à ceux qui prétendent défendre les intérêts des travailleurs, traitant leur action de « populisme ». « Certaines voix ont fait de l’immobilisme de l’Algérie un registre de commerce, rien ne doit bouger. Dès qu’on bouge, ils crient à l’abandon des droits des travailleurs. Quand tu dis ne réforme pas, ne privatise pas, c’est de la démagogie et du populisme. Qu’est-ce que l’Algérie n’a pas fait pour ses enfants ? Si on veut avancer, il faut d’abord se libérer de la démagogie, puis veiller à défendre la justice sociale. Nous devons défendre la justice sociale, c’est sûr, c’est un acquis. Il faut maintenir la solidarité nationale envers les pauvres et les démunis, mais il faut aussi développer les choses tout en étant souverains dans notre pays », estime Ouyahia, tout en brandissant encore le spectre du recours aux institutions financières internationales. « On ne va pas attendre de mettre un genou à terre et voir le FMI venir nous dicter ses conditions. C’est la conviction du RND, en adéquation avec celle du président de la République qui a appelé lors du dernier Conseil des ministres à poursuivre les réformes », rappelle Ahmed Ouyahia.
Dans une conjoncture marquée par une crise institutionnelle avec le blocage de l’APN et la manque de visibilité le débat sur la santé du président et le cinquième mandat, Ouyahia ne pouvait pas ne pas évoquer la « stabilité », mettant en garde contre ceux qui tentent d’attenter au pays : « L’autre défi que l’Algérie doit relever, c’est préserver la stabilité. On ne réalise l’importance de la stabilité que lorsqu’on la perd. Le multipartisme et la démocratie ne doivent pas être un outil pour porter atteinte à l’Algérie, comme tentent de le faire certains de temps à autre. Les manœuvres politiciennes au détriment du pays et au service d’ambitions personnelles, on en a parlé en évoquant les événements d’octobre et elles sont encore là. Je vais vous dire ma conviction : je n’ai pas peur de l’opposition, j’ai peur des khelatine (fauteurs de troubles). »