La sécheresse et les températures extrêmes ont continué à sévir en Afrique en 2023. L’Algérie et le Maroc sont parmi les pays les plus impactés, selon le rapport 2024 de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) publié ce lundi 2 septembre.
Sur le plan économique, le continent aux moyens déjà limités, est celui qui pâtit le plus du changement climatique, souligne le rapport de l’organisation onusienne.
Maroc : un pic de température de 50,4°C à Agadir
L’année 2023 a été l’une des trois années les plus chaudes depuis 124 ans, avec une moyenne de températures supérieure de 0,61 °C que la moyenne de la période 1991-2020 et 1,28 °C de plus que la moyenne de 1961 à 1990, note d’emblée le rapport.
Dans certains pays, 2023 a été carrément l’année la plus chaude jamais enregistrée. Il s’agit notamment du Mali, du Maroc, de la Tanzanie et de l’Ouganda.
La plus forte anomalie a été enregistrée au Maroc avec une température de 1,25 °C supérieure à la période de référence 1991-2020. La ville d’Agadir a connu un nouveau record de température pendant l’été 2023, à 50,4 degrés. Il a aussi fait très chaud à Tunis avec un pic de 49 degrés. Des températures maximales ont été aussi relevées dans le nord-ouest de l’Algérie.
Algérie : feux de forêt mortels en 2023
La sécheresse et les fortes températures ont provoqué de nombreux feux de forêt, notamment en Algérie où 17 wilayas ont enregistré en juillet des incendies ayant fait au moins 44 morts et détruit 32 000 hectares de forêts.
Entre 1991 et 2023, le continent africain s’est réchauffé à un rythme de +0,3 °C par décennie, soit à une cadence légèrement plus accélérée que la moyenne mondiale.
Corollaire du réchauffement climatique, le taux d’élévation du niveau de la mer autour de l’Afrique était “proche ou légèrement supérieure” à la moyenne mondiale, avec un taux moyen de 3,4 mm/an. La côte nord-ouest de l’Afrique a été touchée mais c’est en mer Rouge que le taux le plus élevé a été enregistré, à 4,1 mm par an.
L’année 2023 n’a pas été seulement chaude, elle a été aussi plus sèche que la normale dans certaines zones du continent africain, particulièrement au Maroc, en Algérie, en Tunisie et dans certains pays subsahariens.
Chaleur, sécheresse : l’Algérie et le Maroc comptent parmi les pays les plus impactés en Afrique
Des précipitations annuelles inférieures à la normale ont prévalu dans une grande partie de l’Afrique du Nord et du Nord-Ouest, en particulier au Maroc, en Algérie, en Tunisie et dans l’ouest de la Libye avec un déficit de pluie dépassant les 150 mm.
Dans l’est de la Libye, ce sont des inondations qui ont été enregistrées en septembre, faisant 4700 morts et 8000 disparus. Les inondations ont été aggravées par la rupture de deux barrages.
Le rapport qualifie d’ “historique” le niveau de gravité de la sécheresse enregistrée dans les trois pays du Maghreb, mais aussi dans le sud du Cameroun, les hauts plateaux éthiopiens, le nord de Madagascar…
Sécheresse : niveau de gravité « historique » au Maghreb
Au Maroc, les précipitations en 2023 ont été de 28 % inférieures à la normale, enregistrant pour la quatrième année consécutive moins de 20 % de pluie.
Cette situation a gravement impacté les rendements agricoles dans les trois pays du Maghreb. La production céréalière de la Tunisie a baissé de plus de 80 % (300 000 tonnes), celle de l’Algérie de 12 %, à 3,6 millions de tonnes, et celle du Maroc, malgré une hausse par rapport à 2022, restait 20 % inférieure à la moyenne.
L’impact économique ne se limite toutefois pas au recul de la production agricole. Le changement climatique et les phénomènes extrêmes coûtent chaque année aux pays africains 2 à 5 % de leur PIB, note le rapport de l’OMM. Dans certains pays, ce sont 9 % du PIB qui sont réaffectés à la prise en charge des retombées des extrêmes climatiques.
Un effort qui se fait évidemment au détriment des programmes de développement et de lutte contre la pauvreté. L’Afrique subit de manière “disproportionnée” les effets du changement climatique, souligne le rapport.
Si des mesures adéquates ne sont pas prises, jusqu’à 118 millions de personnes extrêmement pauvres se retrouveraient, à travers le continent, exposées à la sécheresse, aux inondations et aux chaleurs extrêmes d’ici à 2030, met en garde l’organisation.
Le tribut payé par le continent est déjà assez lourd puisque, entre 1970 et 2021, 35 % des décès liés au temps, au climat et à l’eau ont été déplorés en Afrique.
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