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Chemin Sfindja : égouts à ciel ouvert en plein cœur d’Alger

Chemin Sfindja : égouts à ciel ouvert en plein cœur d’Alger

Chemin Sfindja, agrémenté de ses coquettes maisons et serpentant du Boulevard Krim Belkacem jusqu’au Bd Bougara entre le ministère de la Justice et l’ambassade d’Allemagne en Algérie, s’est transformé en un égout  pestilentiel, à ciel ouvert.

Des « rivières » d’eau puante dégageant des odeurs irrespirables se déversent sur l’asphalte. Comment l’un des plus beaux quartiers de la capitale, qui est cité dans les guides touristiques, en est- arrivé là ? Interpellés par les riverains, nous nous sommes rendus sur place. Reportage.

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Chemin Sfindja se dessine en épingle à cheveux. Il offre une vue panoramique sur la baie d’Alger constituant une jolie promenade. Mais la carte postale est ternie. Pentu, chemin Sfindja charrie depuis plus d’un an, des trombes d’eaux usées. « Au début ce n’était qu’un filet, nous confient les riverains. Mais au fil des mois, les égouts ont éclaté transformant notre quotidien en enfer ! ».

 

Le cauchemar des riverains

 Abderrahmane Hadj- Nacer habite le quartier depuis 20 ans. Il apporte son témoignage.

« Plusieurs dossiers ont été envoyés aux autorités compétentes. Il y a environ 3 semaines, les services de la commune d’Alger- centre ont procédé à des fouilles. Dans l’impossibilité de procéder à des réparations vu l’ampleur du problème, ces excavations ont été laissées ouvertes. Il faut préciser que cette situation remonte à 18 mois environ. Elle est dû principalement à l’absence de curage des canalisations et avaloirs ainsi qu’aux branchements illicites de certaines maisons situées sur le chemin Sfindja ».

Et d’évoquer son cas personnel : « Pour ma part, j’ai eu des refoulements dans le jardin. J’ai dû faire appel à une entreprise privée pour venir à bout du problème ».

Sur le chemin Sfindja, odeurs nauséabondes, cloaques verdâtres et images désolantes vous attendent tout au long du parcours. Par endroits, impossible de passer sans patauger dans les eaux d’égout.

La chaleur de ce mois d’août sature l’air et des bataillons de moustiques et de mouches opèrent des raids. Nous arrivons à l’endroit où l’APC d’Alger-centre à creusé le bitume en profondeur : une sorte de retenue collinaire où fourmillent des escadrons de moustiques et d’où se dégagent des odeurs insupportables !

Mohamed, dont la maison se trouve à côté de cette drôle de ‘piscine’ nous montre la clôture de sa demeure complètement lézardée. « Regardez toutes ces fissures ! Elles n’y étaient pas avant l’excavation. J’ai eu des refoulements d’égout dans ma cuisine et ma salle de bain. Mon fils est malade. Il a des difficultés respiratoires et une éruption cutanée. Impossible de dormir ou de vivre normalement avec ces relents irrespirables, sans compter les attaques de moustiques tigres et autres nuisibles qui, à profilent à la faveur de ce cloaque et de cette chaleur » témoigne- t- il.

Abdeslam, un autre riverain évoque son calvaire au quotidien. « Nous sommes envahis par les moustiques et n’arrivons plus à respirer tellement l’air est pollué par les relents des égouts. Les services de la commune ont essayé de régler le problème. Mais après avoir creusé, ils ont déclaré que les travaux ne sont pas de leur ressort. Il faut aller à plus de 8 mètres de profondeur ! Nous sommes dans l’attente urgente d’une solution. En attendant, les maladies nous rongent. Un de nos voisins a choppé le choléra ».

Nous cheminons vers le chemin Sidi Brahim, à proximité de Ain Zaboudja. Un tôlier, pieds dans les eaux usées, continue de s’occuper des voitures de ses clients.

 « Voilà, on bosse dans les égouts !» s’écrie-t-il l’air dégoûté. A deux pas de son local, dans l’escalier qui mène au jardin Mont Riant (Beyrouth) et à l’Office du Bac, un égout éventré déverse des eaux usées à flots. Des détritus jonchent le passage et les relents pestilentiels donnent le vertige.

Cachez ce chemin que je ne saurais voir !

Coincées entre deux grands boulevards, le chemin Sfindja s’est complètement dégradé. Deux véhicules issus du dispositif Ansej sont à l’abandon. En face de la villa Nedjma, une voiture est carrément désossée. Comment un chemin aussi célèbre sur le plan historique, un quartier aussi beau peut-il tomber en décrépitude ?

Les habitants de la rue Sfindja ne savent plus à quel saint se vouer. Leur quotidien devient intenable. Ils se sentent complètement  abandonnés par les autorités locales et espèrent que leur problème trouve rapidement une solution.

La situation chaotique du chemin Sfindja illustre la dégradation des conditions de vie dans les quartiers de la capitale à cause des eaux usées, des déchets ménagers non ramassées, les chantiers interminables d’où se dégagent des poussières et des bruits désagréables…

Elle montre aussi l’absence de suivi des projets initiés par les autorités locales et le peu d’intérêt accordé à l’amélioration du cadre de vie des Algériens.

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