L’Algérie a opté pour le vaccin russe anti-Covid afin d’entamer la vaccination de masse ce mois de janvier. L’annonce a été faite mercredi par le gouvernement. L’Institut Pasteur d’Algérie poursuit les consultations avec d’autres laboratoires pour éventuellement acquérir d’autres vaccins.
L’annonce de la commande par l’Algérie de lots du vaccin russe contre la Covid-19 est accueillie avec soulagement par des spécialistes. « Je pense que si on va vacciner en masse et dans les délais fixés par le président de la République (janvier), on n’a pas le choix que d’opter pour le vaccin qui est disponible et qui a déjà été utilisé dans le pays de fabrication », explique le chef de service pneumologie de l’EHU Oran, le Pr Salah Lellou, dans une déclaration à TSA.
« Le vaccin russe est d’abord facile à conserver à des températures entre 2° et 8°. Il est également facile à transporter. Par conséquent, il n’y a pas de raison pour que ça ne marche pas. Pour les résultats, il faut attendre. Le vaccin est efficace à peu près 70 %. Pour le moment, il semble le mieux indiqué », appuie-t-il.
L’Algérie pourrait acquérir le vaccin d’AstraZeneca
Le prochain vaccin vers lequel l’Algérie pourrait se tourner est celui développé par AstraZeneca en coopération avec l’université d’Oxford, pronostique le Pr Lellou.
Un vaccin qui présente également les mêmes caractéristiques de conservation et de transport que le russe et dont le prix est accessible, contrairement aux contraintes logistiques et les prix élevés des vaccins développés par Pfizer-BioNTech et Moderna. Un vaccin chinois est également envisageable, ajoute le scientifique.
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Mercredi, le gouvernement avait indiqué que l’Institut Pasteur d’Algérie poursuivait les consultations avec d’autres laboratoires, sans donner de détails, laissant entendre que d’autres vaccins pourraient être achetés par l’Algérie.
Informer et rassurer
Selon le Pr Lellou, le défi qui se pose pour l’Algérie et pour les autres pays, c’est comment vacciner le plus grand nombre de personnes afin d’arriver à l’immunité collective.
Interrogé s’il ne craignait pas, dans le cas algérien, qu’on assiste à un remake de 2009 lorsque les Algériens avaient boudé le vaccin contre la grippe H1N1, d’autant que la vaccination n’est pas obligatoire, le Pr Lellou n’exclut pas cette hypothèse. Il dit même s’attendre à « beaucoup de défections » par rapport au vaccin anti-Covid 19.
Pour éviter ce scénario, le spécialiste insiste sur la sensibilisation de la population.
« Il y a ce risque (de défection) si on ne communique pas et on n’informe pas la population que ce vaccin est le seul, en l’absence d’un traitement, qui puisse nous protéger, que les effets secondaires ne sont pas importants. Ce qui a été décrit jusqu’à présent ce sont des douleurs au point d’injection et une petite fièvre de 24 h-48 h et après tout rentre dans l’ordre. Je pense qu’il faudra expliquer à la population que le vaccin ne fera pas mal », recommande le Pr Lellou.
Le spécialiste se montre confiant que la balance bénéfice/risque penche « de loin » en faveur du vaccin.
« Il faut faire preuve de transparence »
Le président du Conseil de l’ordre des médecins, le Dr Mohamed Bekkat Berkani, dans une déclaration à TSA, appelle à faire preuve de « transparence » et de rassurer la population par un travail de sensibilisation.
Selon lui, les effets secondaires de ce vaccin « classique » (à base d’un virus mort ou inactivé) ne sont pas dangereux. Également membre du Comité scientifique Covid, le Dr Bekkat Berkani appelle à déterminer les populations cibles à vacciner en priorité.
À noter qu’autant le Pr Lellou que le Dr Bekkat Berkani se sont dit « prêts à se faire vacciner » contre la Covid. « Le bénéfice qu’on en tirera est immense. Il s’agira de ne plus voir nos malades mourir, se retrouver en détresse respiratoire, et des Algériens anxieux », estime le Dr Bekkat Berkani.
Pour salutaire qu’il soit, le vaccin contre la Covid-19 n’est pas la solution miracle, à même que la population se relâche sur les mesures barrières, prévient le Pr Salah Lellou.
« Il ne faut pas compter sur le vaccin pour enrayer la pandémie. Si le vaccin est efficace, on s’en apercevra dans quelques mois, sous réserve qu’il y ait un fort pourcentage de la population qui soit vacciné pour limiter la propagation du virus. Sinon, il faut s’en tenir aux gestes barrières et, à chaque fois que c’est nécessaire, envisager des confinements», expose-t-il.
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