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“Choose France”: l’opération de séduction de Macron contrariée par les “gilets jaunes”

Emmanuel Macron a organisé lundi une nouvelle opération séduction des chefs d’entreprise étrangers sur le thème “Choose France” (Choisissez la France) en plein mouvement social des “gilets jaunes” qui, avec son cortège de violences, risque d’avoir l’effet inverse.

Ce sont ainsi 150 chefs d’entreprise qui étaient réunis au Château de Versailles, près de Paris, dont les plus grands noms de l’économie numérique comme Microsoft, Uber ou Snapchat.

“C’est un plaisir de vous accueillir pour la deuxième année consécutive afin de parler de la France, de ses atouts actuels et futurs, de nos réformes et de vos plans d’investissements actuels et futurs”, a lancé le chef de l’Etat dans un message en anglais à l’attention de ses invités.

Le président Macron, qui boude cette année le Forum économique de Davos, avait initié ce grand raout du business mondial à Versailles l’an dernier, peu après son élection, alors qu’il bénéficiait d’une aura de “réformateur” en France comme à l’étranger pour son ambitieux programme visant à rendre son pays plus compétitif et plus attractif.

Depuis, les choses ont bien changé: les images d’émeutes urbaines en marge des manifestations de “gilets jaunes” ont fait le tour du monde.

“C’est une situation complètement nouvelle. Et cette fois, Macron est seul et il a beaucoup d’opposition”, résume l’économiste Jean-Paul Betbeze.

Samedi dernier, pour la dixième semaine consécutive, 84.000 “gilets jaunes” ont encore manifesté à travers la France contre la politique fiscale et sociale d’Emmanuel Macron, sans que les initiatives du président laissent entrevoir un apaisement de cette fronde populaire.

“Les reportages sur les gilets jaunes sont affreux vus hors de France”, a estimé lundi Leif Johansson, le président du groupe britannique pharmaceutique britannique AstraZeneca, mais “je ne pense pas que cela va changer notre façon de faire des affaires ici”.

Début 2018, la première édition de “Choose France” avait permis d’annoncer près de 3,5 milliards d’euros d’investissements sur plusieurs années, dont 2 milliards d’euros de l’allemand SAP et 900 millions de Novartis.

Mais, depuis, “l’attractivité du pays s’est effondrée”, a récemment averti Frédéric Sanchez, le président international du Medef, l’organisation patronale. “Quand vous êtes aux Etats-Unis, vous avez l’impression que la France est en guerre civile”, souligne-t-il.

Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé lundi une légère révision de ses prévisions de croissance pour la France, à 1,5% en 2019 (en repli de 0,1 point par rapport à son estimation d’octobre) “en raison de l’impact négatif des protestations”.

En 2017, la croissance avait atteint 2,2%.

– Convaincre malgré tout –

Mais le gouvernement se veut confiant et assure que le mouvement des “gilets jaunes”, qui perdure depuis plus de deux mois, n’a pas mis à mal l’attractivité de la France, deuxième pays européen bénéficiaire d’investissements étrangers, derrière l’Allemagne mais devant le Royaume-Uni, affaibli par la perspective du Brexit.

En décembre, un baromètre annuel de l’agence de promotion commerciale Business France assurait encore que la France restait le deuxième pays “le plus attractif en Europe”, citée par 35% des 602 leaders d’opinion étrangers interrogés, derrière l’Allemagne (41%) mais juste devant le Royaume-Uni (34%).

“Au global, le regard que les cadres dirigeants étrangers portent sur l’attractivité de la France reste positif et ne remet pas fondamentalement en cause les progrès réalisés par l’attractivité française ces 18 derniers mois”, en conclut le ministère français des Finances.

Les investissements étrangers en France ont bondi de près de 40% l’an dernier, à 44 milliards d’euros, selon l’agence nationale des statistiques, l’Insee.

La France cherche aussi à tirer parti du Brexit en nouant des contacts avec une cinquantaine d’entreprises-clés, surtout industrielles (automobile, pharmacie), qui pourraient vouloir quitter la Grande-Bretagne.

Paris a déjà attiré plus de 2.500 emplois relocalisés, contre 2.000 à Francfort, selon des chiffres datant de juin 2018.

“Aujourd’hui, personne ne nous a dit qu’il renonçait à une installation à Paris du fait du mouvement des gilets jaunes”, déclare à l’AFP Robert Ophèle, président de l’Autorité des marchés financiers (AMF).

Mais “nos interlocuteurs s’interrogent sur les conséquences et la pérennité du mouvement” social, nuance-t-il.

La répétition des manifestations, tous les samedis avant les fêtes de fin d’année propices d’ordinaire au commerce, s’est déjà traduite par une perte évaluée à deux milliards d’euros de revenus, selon la Fédération du Commerce.

“Il va falloir vendre l’idée que la France is back, and will be back again”, ajoute – en anglais – l’économiste Betzebe, convaincre que la France est là et toujours là, prête à accueillir les investisseurs.

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